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Arts de la rue : l’été vérité

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Héroïne

Les arts de la rue s’apprêtent à renouer avec un été de festivals, mis à mal les deux saisons passées par la crise sanitaire. Mais dans quel état artistes et festivaliers vont-ils retrouver leur espace public ? 

Plus que pour tout autre secteur, la crise sanitaire s’avéra funeste pour les arts de la rue. Les contraintes drastiques des deux étés passés avaient conduit la plupart des festivals à annuler leur tenue, en une saison qui constituait pourtant le seul lieu de visibilité pour de nombreuses propositions. Comment s’aborde cet été de reprise ? La prudence reste de mise pour Périne Faivre, directrice des Arts oseurs. « Ce serait dommage de ne pas se réjouir, mais attendons de voir : espérons qu’on ne va pas se reprendre trop de checkpoints et de contraintes liées aux ERP en espace public… Si le corps professionnel ne pose pas d’immenses “stop” à ces injonctions permanentes, on va continuer de perdre beaucoup. Or la manière de les contrer n’a pas été homogène. La sensation collective semble être que l’espace public a été une porte de sortie durant la fermeture des théâtres, mais il s’agit d’une réalité tronquée : très peu de choses s’y sont produites, aucune unification des critères n’a eu lieu. Tout est resté concentré dans la main des préfets, il a fallu aller à la bataille contre chaque injonction, différente selon les territoires. » 

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Par Julie Bordenave

Légende photo : Héroïne, par les Arts oseurs

Crédit photo : Kalimba

Coups de théâtre dans les coulisses du Off

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Laurent Domingos et Harold David

Après des déchirements en interne, l’association AF&C, qui coordonne le Off d’Avignon, s’est dotée d’une coprésidence. Laquelle tentera de réconcilier théâtres et compagnies.

Lettres recommandées, e-mails incendiaires, appel à un huissier, assignation au tribunal… Depuis plusieurs mois, les relations sont tendues entre les adhérents d’Avignon Festival & Compagnies, l’association qui coordonne le Off de la cité des Papes. Des tensions apparues au grand jour sous la présidence de Pierre Beffeyte (2016-2020), entre les collèges A (les théâtres) et B (les compagnies et producteurs), aux intérêts divergents. Le président dénonçait dans Le Monde du 19 avril 2020 « des margoulins prêts à tout pour faire de l’argent sur le dos de compagnies » financièrement prises à la gorge. Si bien qu’en 2020, des responsables de lieux créent la Fédération des théâtres indépendants d’Avignon (FTIA), qui critique vertement la direction d’AF&C, notamment après l’annulation du Off 2020 ou pour sa gestion du Fonds d’urgence aux théâtres. Élu président d’AF&C en novembre 2020, Sébastien Benedetto (fils du fondateur du Off, André Benedetto) semblait faire l’unanimité. Mais bien vite, certains membres de la FTIA y voient l’héritier direct de Pierre Beffeyte. 

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Par Nicolas Dambre

Légende photo : Laurent Domingos et Harold David, coprésidents d'AF&C

Crédit photo : Jérémie Jung

Dans la salle des machines du Pass culture

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Sébastien Cavalier

« Apprendre aux jeunes à aimer la culture » : la grande ambition du Pass culture a été rappelée par Emmanuel Macron, lors de l’annonce de la généralisation du dispositif, est aussi un coûteux « gadget » pour certains. Les acteurs de ce dossier font le point.

Les chiffres illustrent la montée en puissance du Pass culture : 1,8 million de jeunes Français sont concernés, individuellement ou collectivement via son extension aux collégiens et lycéens depuis janvier. L’objectif est d’atteindre les 4 millions de jeunes d’ici la fin de l’année. Plus de 12 000 partenaires du monde de la culture, plus de 1 000 collectivités l’ont rejoint et la barre des dix millions de réservations effectuées par le biais du Pass n’est plus très loin. « Pour le Printemps de Bourges, 3 800 billets ont été vendus via l’application Pass culture, indique Sébastien Cavalier, président de la SAS Pass Culture, la société chargée de son développement et de sa gestion. C’est 11 % de la jauge et nous étions le deuxième canal de vente. »

Dans les coulisses de la SAS, dont les actionnaires sont le ministère de la Culture et la Banque des territoires, l’équipe chargée de mettre de l’huile dans les rouages de cette machinerie grandit à mesure que le dispositif gagne en ampleur. Les effectifs ont triplé depuis fin 2020, lorsque le Pass était testé dans 14 départements. « Nous sommes actuellement 104, et le budget 2022 prévoit 160 postes, précise Sébastien Cavalier. Les embauches actuelles et futures se concentrent principalement sur les métiers liés au développement de l’application – codeurs et designers – jusque-là assez largement sous-traités. « Nous internalisons ces fonctions pour être encore plus réactifs », reprend le président de la SAS. « Nous travaillons dans un esprit de start-up, confirme Clément Lavault, responsable du développement territorial du Pass en région Bourgogne-Franche-Comté, présent depuis le début de l’aventure. Notre fonctionnement est agile, rien n’est figé. Lorsque nous faisons remonter des problèmes depuis les territoires, ils sont pris en compte immédiatement par les développeurs en interne », assure avec enthousiasme cet ancien directeur de la MJC de Viry-Châtillon. 

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Par Bruno Walter

Légende photo : Sébastien Cavalier, président de la SAS Pass Culture

Crédit photo : Julien Pebrel

« Le pacte entre État et collectivités ne doit pas être brisé »

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Frédéric Hocquard

Entretien avec Frédéric Hocquard, président de la FNCC (Fédération nationale des collectivités pour la culture)

Que pensez-vous de la nomination comme ministre de la Culture de Rima Abdul-Malak ?
Nous sommes satisfaits d’avoir quelqu’un que nous connaissons bien, qui, de par son parcours, est tout à fait à sa place pour occuper ce poste. Comme j’ai pu l’observer depuis les fonctions que j’ai occupées à Confluences ou à Arcadi, elle a une légitimité certaine au sein de notre secteur. En revanche, désormais, il y a quand même du pain sur la planche.

Que voulez-vous dire ?
Par exemple, on ne peut pas se satisfaire de juste dire que la culture a été soutenue financièrement pendant la pandémie. Que ça ait été le cas est tout à fait normal et cela l’a été au même titre que l’ensemble de l’économie, comme l’hôtellerie et la restauration. Je n’oublie pas certains couacs comme l’emploi des mots « non essentiel » par le gouvernement pour désigner notre secteur. Il y a des choses à corriger dans ce qui s’est passé au cours du quinquennat précédent.

Lesquelles ?
Le Pass culture par exemple. C’est un mécanisme de redistribution économique qui pourrait être déterminant. Aujourd’hui, il ne prend pas assez en compte le travail de médiation réalisé par les professionnels. Dans les collectivités, en région, on nous demande juste de le financer ou de le co-financer. Alors qu’on pourrait en faire un outil destiné à aider au retour du public dans les salles, en fléchant les montants qui dépendent de lui dans cette direction. Nous avons évoqué cet aspect au Printemps de Bourges lors de la réunion de notre bureau national. Le Pass culture, c’est quand même 200 M€, il serait absurde de ne pas chercher à en tirer profit.

Qu’est ce qui empêche de le faire, finalement ?
Le fait que nous ne soyons pas encore assez entrés dans un rapport de co-construction entre l’État et les collectivités territoriales. Il y a aujourd’hui très peu d’espaces de dialogue et de médiation en dehors des Coreps, les comités régionaux des professions du spectacle ou des CTC, les conseils des territoires pour la culture. Dans l’Éducation nationale, lorsqu’une décision de fermeture de classe est prise, tout le monde est informé et participe activement à la discussion sur l’opportunité de la décision même si, à la fin, c’est évidemment le gouvernement qui tranche. Dans un CTC, la possibilité de pouvoir donner sa position existe sur le papier mais il devrait y avoir un avis obligatoire.

Comme dans les commissions départementales d’équipement commercial ? 
Exactement ! Si au moment de l’élaboration du Pass culture, on avait demandé leur avis aux CTC sur le Pass culture, on se serait aperçu que des initiatives similaires l’ont précédé dans de grandes régions françaises, certaines l’ont arrêté, d’autres l’ont prolongé, l’ont amélioré. On n’aurait peut être pas tâtonné autant dans la mise au point. Il y a donc un vrai sujet autour des CTC dont Roselyne Bachelot a accéléré la mise en place au cours des deux dernières années. Ils peuvent nous permettre d’avancer de concert pour valoriser au mieux les moyens déployés autour de la culture.

A combien s’évaluent ces moyens ?
4 Mds € pour l’État et 9,5 Mds € en provenance des collectivités. Mais la crise en région Rhône-Alpes cristallise certains désaccords de fond. Les collectivités territoriales ne tiendront pas, si on continue de leur serrer la vis. Macron a expliqué qu’il allait leur demander 10 Mds € d’économies, or elles sont déjà « à l’os » vu ce qu’elles ont dû assumer pendant la crise sanitaire, et ce, alors qu’elles demeurent très corsetées du point de vue de leurs ressources fiscales. Les collectivités ont des contraintes importantes, notre budget doit être à l’équilibre à la fin, tout cela ne peut pas se régler par une simple discussion entre Bercy et Bruxelles. Le pacte entre État et collectivités ne doit pas être brisé, l’effort budgétaire doit être partagé. J’alerte sur l’impact de l’augmentation du nombre d’allocataires du RSA.

Que préconisez-vous dès lors ?
L’an dernier, un rapport d’information de la commission sénatoriale de la culture, de l’éducation et de la communication s’était penchée sur l’utilisation des crédits de relance déconcentrés. L’une des pistes de meilleure utilisation de ces fonds était bien la co-gestion entre État et collectivités territoriales. C’est ainsi que le plan de relance sera véritablement efficace. Et il y aura besoin de maintenir un effort de soutien, la crise est encore devant nous, le cinéma ne table que sur 140 millions d’entrées cette année alors qu’ils sont normalement sur 200 millions. De plus, les crédits doivent être déconcentrés sur une assise plus large que celle de la seule Île-de-France, qui a mobilisé 70 à 80 % du plan de relance.

Votre position est-elle totalement recevable dans la mesure où vous êtes élu à Paris ?
Je ne m’exprime pas au titre de mes fonctions d’adjoint à la Mairie de Paris en charge de la vie nocturne mais au nom des 600 adhérents de la FNCC que je représente. Et je suis aussi le premier à reconnaître qu’il y a bien un défaut de répartition. L’enjeu est d’habiller Paul ET d’habiller Pierre. On ne peut pas non plus occulter que l’Île-de-France compte énormément de monuments patrimoniaux. Fondamentalement, je considère qu’on ne consacre pas assez d’argent à la culture. J’ai récemment répondu à une interview avec la commission Culture de France Urbaine, je trouve désolant qu’ils ne montent pas d’avantage au créneau. Alors que nous travaillons très bien avec l’Association des maires de France. Depuis que je suis président, nous faisons plus de choses en région ; nous serons à Avignon ; notre prochain conseil d’administration se tiendra à Douai. Pour moi, les vraies questions de fond sont ailleurs.

Quelles sont-elles exactement ?
st-ce qu’il est possible de mettre en place un nouveau pacte entre le ministère de la Culture et l’ensemble du territoire ? Quel est le périmètre adéquat du ministère ? Ce ministère, ce n’est pas simplement celui des beaux-arts. J’ai été frappé de constater dans une interview de la ministre qu’elle considérait que les clubs et les boîtes de nuit relèvent du ministère de l’Intérieur. C’est à mon sens une conception minimaliste de la culture. La question des droits culturels, primordiale, se redéfinit d’ailleurs en permanence autour d’un périmètre mouvant, entre les professionnels mais aussi les amateurs, les esthétiques très aidées et celles qui le sont moins. Ces problématiques traversent en profondeur l’état, elles ne datent pas de Bachelot ou de Nyssen. Nous restons d’ailleurs preneurs du dialogue que nous avons entamé avec la ministre.

Propos recueillis par Nicolas Mollé

En partenariat avec La Lettre du Spectacle n°517

Crédit photo : Julien Pebrel

« En Transit », le théâtre en version originale

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En Transit

La pièce En Transit sera présentée au festival d’Avignon du 7 au 14 juillet. Elle a été produite par la Comédie de Genève et coproduite par 9 institutions dont l’Odéon, Théâtre de l’Europe et le Théâtre national de Bretagne. En 2018, le metteur en scène iranien Amir Reza Koohestani était arrêté à l’aéroport de Munich pour contestation de son visa. S’ensuivent 24 heures d’attente dans la zone de transit de l’aéroport, entouré d’individus dans la même situation que lui. Ironiquement, il travaille au même moment sur l’adaptation du roman Transit, d’Anna Seghers, drame politique dans lequel des fugitifs tentent de quitter l’Europe pour échapper à la Wehrmacht et se retrouvent bloqués à Marseille en 1940, se démenant pour se procurer sauf-conduits, permis de séjour, visas et faux-papiers.

Dans la pièce librement adaptée, En Transit, l’un des protagonistes joue le rôle d’Amir Reza Koohestani, bloqué lui-même dans cette situation bureaucratique oppressante. Un imbroglio qui n’est pas sans rappeler Le Terminal, de Spielberg. Le décor de la pièce, les nombreux dispositifs de caméras et les superpositions d’images vidéos amplifient l’effet de paranoïa. La complexité technique de la pièce repose sur la bonne gestion des caméras sur le plateau, qui se déplacent en même temps que les actrices dans la cabine. La rencontre entre la réalité et le roman accentue la sensation d’absurdité. Le multilinguisme est ce qui fait la spécificité de cette pièce.

« Amir Reza Koohestani a souhaité plonger le spectateur dans l’atmosphère du roman d’Anna Seghers, ainsi que dans la situation qu’il a vécue, rappelant l’atmosphère multiculturelle dans les aéroports et les incompréhensions que ces différences linguistiques peuvent entraîner », analyse Gautier Fournier, chargé de production déléguée et de tournée à la Comédie de genève. Le français, l’anglais, le farsi et le portuguais sont utilisés par les comédiennes, Danae Dario, Agathe Lecomte, Mahin Sadri et Khazar Masouine, nécéssitant des capacités linguistiques singulières de leur part et un surtitrage en français et en anglais. « Ce double surtitrage n’entraîne aucun surcoût de production, conclut Gautier Fournier, la traduction étant effectuée par Massoumeh Lahidji, traductrice iranienne émérite, qui accompagne Amir Reza Koohestani sur ce projet.

Justine Vincent

En partenariat avec La Lettre du Spectacle n°517

Légende photo : La pièce En Transit évoque aussi le climat paranoïaque des aéroports.

Crédit photo : Magali Dougados

« Moi, Kadhafi » interroge les mécanismes de l’assimilation

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Moi, Kadhafi

L’équipe de Moi, Kadhafi de Véronique Kanor peaufine actuellement la structuration technique de cette pièce qui doit être donnée du 7 au 30 juillet au Théâtre des Halles, à Avignon. « Beaucoup de choses ont changé depuis la lecture qui y a été effectuée l’an dernier, souligne Serge Abatucci, l’interprète principal. Désormais, Paul, le personnage antillais qui a accepté d’incarner Kadhafi au théâtre, du fait de sa ressemblance physique avec le leader anti-impérialiste, arrive sur scène avec un baluchon qui contient des oripeaux tels qu’une veste militaire, une casquette, un chèche, des lunettes de soleil. Le baluchon va devenir un costume, une sorte de toge. »

Paul va ensuite se livrer à un monologue intérieur extériorisé sur scène dans lequel s’imbriquent les notions de passage de l’enfance à l’âge adulte, d’assimilation envisagée comme une dévoration équivoque ou les ambiguïtés de l’éternel combat manichéen entre le bien et le mal au niveau géopolitique. « Lorsqu’on entend le lapsus de George Bush qui confond Irak et Ukraine, on se demande si il le fait exprès, si c’est réel, poursuit Serge Abatucci, il y a aujourd’hui un peu partout un grand retour de l’autocratie et de l’extrême droite, 60 à 70 % des ressortissants des DOM-TOM ont voté Marine Le Pen en plein mois de la commémoration des mémoires de la traite, de l’esclavage et de leur abolition, un non sens absolu. Les gens sont dans un égarement total  car si on veut protester, on reste chez soi. »

Mise en scène et scénographiée par Alain Timar avec Alfred Alexandre à la dramaturgie, la pièce a été produite par le Centre dramatique Kokolampoe de Saint-Laurent-du-Maroni, en Guyane. « Ils sont vraiment moteurs culturellement ici, souligne David Jurie, DG adjoint, en charge de la culture et du patrimoine de cette ville qui a vu sa population passer de 8 000 à 100 000 habitants en vingt ans. Nous avons des réflexions communes sur la formation des techniciens, le matériel. » Sur les 1,7 M€ qu’elle consacre à la culture, la Ville alloue annuellement 150 000 € de subventions à cette scène conventionnée d’intérêt national, un effort important face aux dépenses que nécessite une jeunesse en pleine explosion en Guyane : Saint-Laurent-du-Maroni compte 32 écoles et en construit deux par an en moyenne.

Nicolas Mollé

En partenariat avec La Lettre du Spectacle n°517

Légende photo : L’acteur principal Serge Abatucci co-dirige aussi le centre dramatique Kokolampoe. 

Crédit photo : Pascal Gely

Les inégalités territoriales du spectacle vivant sous la loupe de l’Atlas Culture

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Spectacle vivant

Une étude de synthèse des données accessibles via l’Atlas Culture signée Edwige Millery, Jean-Cédric Delvainquière, Ludovic Bourlès et Sébastien Picard vient d’être publiée. Intitulée Dynamiques et disparités territoriales culturelles en France, elle permet une exploration des ressources de ce nouveau recueil de données (www.atlasculture.fr). L’Atlas Culture a évolué en un site Web après deux éditions publiées sur support papier en 2017 et 2018. En construction depuis 2021, l’outil propose désormais un portrait de chacune des dix-huit régions françaises. L’Atlas est passé de 11 000 lieux (spectacle vivant, musées, bibliothèques) dans ses précédentes incarnations papier à plus de 71 600 (avec les monuments historiques, les Micro-Folies, librairies labellisées, centres culturels de rencontre...) dont les tailles et les capacités d’accueil restent cependant des angles morts.

Maillage urbain
L’étude constate que les lieux de spectacle vivant sont moins nombreux que les établissements patrimoniaux ou de lecture publique et bien plus souvent situés dans les grandes agglomérations. Près de la moitié d’entre eux (49 %) sont en zone urbaine dense et près d’un quart (23 %) en zone urbaine de densité intermédiaire. Moins d’un sur cinq se trouve en zone rurale, autonome ou sous l’influence d’un pôle. On ne peut pourtant en déduire que le spectacle vivant en est absent, certains réseaux, comme celui des foyers ruraux par exemple, qui contribuent à diffuser des spectacles itinérants dans les salles polyvalentes ou salles des fêtes, échappant à la recension de l’Atlas. « Le travail en cours de cartographie des festivals de spectacle vivant, dont près de 25 % sont déjà recensés, en l’état actuel de la collecte (huit régions sur dix-huit) devrait également permettre de nuancer cette image d’un spectacle vivant institué synonyme d’urbanité », observent les auteurs de l’étude. Une cartographie nationale sera présentée lors du Festival d’Avignon en juillet prochain, dont « les données seront intégrées à l’Atlas Culture », ajoute le ministère de la Culture.

Concentration parisienne
Les 609 600 actifs déclarant une profession culturelle comme activité principale pèsent pour 2,3 % de la population active en France. En ce qui concerne l’emplois, la polarité de Paris est prégnante pour le spectacle vivant : 46 % des professionnels du spectacle vivant (artistes, techniciens et cadres de la programmation) résident en Île-de-France, une part un peu plus importante que celle des professionnels de la culture, déjà haute (42 %). La totalité des actifs toutes professions confondues n’étant concentrée à Paris qu’à 22 %. Inversement, 2 % seulement des professionnels de la culture résident en Bourgogne-Franche-Comté et Centre-Val-de-Loire, avec seulement 3 % pour la Normandie et 4 % pour la Bretagne et les Pays de la Loire.
Du côté des entreprises culturelles, 90 400 établissements (champs marchand et non marchand) étaient répertoriés en 2018. Un tiers d’entre eux sont situés en île-de-France, 12 % en Auvergne-Rhône-Alpes, 9 % en Occitanie et 8 % en Provence-Alpes-Côte d’Azur et en Nouvelle-Aquitaine. Le reste des régions en rassemble pour chacune moins de 6 %. La région parisienne regroupe 25 entreprises pour 10 000 habitants quand PACA et Corse n’atteignent qu’un ratio de 14 pour 10 000. Le spectacle vivant rassemble le plus grand nombre d’établissements culturels employeurs, à savoir 28 %, devant le livre et la presse (21 %), l’audiovisuel et le multimédia (15 %), l’architecture (12 %), la publicité (10 %), les arts visuels (9 %) et le patrimoine (2 %). Des établissements plus nombreux mais qui ne sont pas directement des foyers de masse salariale : ces entreprises sont, en effet, souvent des associations culturelles, lesquelles n’emploient très majoritairement (69 %) que moins d’un salarié à l’année.

Nicolas Mollé

En partenariat avec La Lettre du Spectacle n°515

Légende photo : Spectacle vivant : le premier employeur culturel

Source : ministère de de la Culture

François Alu, une étoile à rayonnements médiatiques

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François Alu

Le danseur François Alu a été nommé le samedi 23 avril, étoile de l’opéra de Paris dans des conditions un peu singulières. Ce jour-là était dévolu à une représentation de La Bayadère, ballet de Marius Petipa dans la version de Rudolf Noureev, dans le cadre de l’opération Ma première fois à l’Opéra de Paris, offre qui s’adresse aux familles n’ayant jamais assisté à une représentation de l’Opéra national de Paris… Le contexte peut surprendre tant il est loin des rendez-vous de balletomanes que ces cérémonies de nomination ravissent. D’ailleurs ceux-là mêmes s’était retrouvés quelques jours auparavant, toujours à l’Opéra Bastille pour le retour sur scène de François Alu, espérant le voir couronner. Car après des débuts tonitruants, celui-ci a vu sa carrière dans la maison ralentir fortement.

Trois ans dans la compagnie pour devenir premier danseur (2013), réputé pour ses sauts et son énergie, puis confinement, blessure… Il y avait trois ans qu’Alu n’avait pas été distribué dans un grand rôle, mais tout en faisant beaucoup parler de lui. Il n’hésite pas à se produire en dehors de la Maison (Hors Cadre, 2017) et même dans une manière de stand-up dansé (Complètement Jeté, 2021) au grand bonheur de son véritable fan club, d’autant plus bruyant depuis que le danseur participe à l’émission Danse avec les stars ! Mais toujours pas d’étoile à l’horizon.

Le retour sur scène du mercredi 20 avril se donc fait dans une atmosphère électrique, les fans supposant que le caractère explosif et rebelle de leur idole, autant que son physique plus puissant que longiligne, lui valent l’animosité de la direction : et l’on entendit donc distinctement : « Alu étoile, Dupont démission ! ». Et donc, pas de nomination. Que celle-ci survienne « hors contexte » ressemble donc à une façon de ne pas céder à la pression du public. Mais cela pose aussi une autre question : il faut qu’un danseur de l’opéra passe par la télévision pour que sa nomination devienne un événement ? On notera qu’à l’exception notable d’une création de Forsythe, le nom d’Alu ne s’attache à aucune grande création. Ce qui devrait interroger, mais le fan club n’était pas là pour cela.

Philippe Verrièle

En partenariat avec La Lettre du Spectacle n°515

Légende photo : Nomination de FrLe danseur François Alu a été nommé le samedi 23 avril, étoile de l’opéra de Paris dans des conditions un peu singulières. ançois Alu à l’Opéra Bastille.

Crédit photo : D. R.

Rio Loco : un forum 100 % féminin amplifié

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Flavia Coelho

Pour son édition 2022, qui se déroulera du 15 au 19 juin à Toulouse, le festival Rio Loco va offrir une nouvelle résonance à son forum dédié aux femmes. En parallèle de son programme de mentorat Women Metronum Academy, celui-ci a pour but de permettre à des artistes et professionnelles d’exprimer leurs combats et leurs difficultés dans un milieu, les musiques actuelles, où les femmes restent sous-représentées malgré les avancées. Organisé au sein de la SMAC Metronum, les 15 et 16 juin, le forum sera enregistré pour l’occasion puis disponible par la suite en streaming. « Cela fait partie des évolutions, note Virginie Choquart, directrice des musiques à la Ville de Toulouse et directrice de la SPL Le Metronum qui chapeaute la SMAC et le festival. L’un de nos sujets est l’inclusion et la représentativité des femmes, j’y suis attentive, pointe Virginie Choquart. Pas seulement en matière de programmation artistique mais aussi pour les métiers de la musique ».

Une charte du « bien ensemble » a d’ailleurs été élaborée pour prévenir toutes les dérives sexistes et excluantes au sein de l’équipe d’une trentaine de personnes, qui respecte bon an mal an la parité. Virginie Choquart anime un collectif artistique composé de quatre programmateurs : Elvire Delagrange, Vincent Lassere, Santiago et Federico Diaz. Sous influence portugaise puisque baptisée « Nova Onda » et labellisée Saison France-Portugal via l’Institut Français, cette édition de Rio Loco (2,1 M€ de budget) fera la part belle aux talents féminins de caractère avec Nina Goern la chanteuse du groupe toulousain Cats on Trees (première apparition à Rio Loco), Agnes Obel ou Lucie Antunes qui a « une formation classique mais a imaginé ses propres instruments, l’exemple d’une artiste qui s’est créé son propre chemin », formule Virginie Choquart.

Nicolas Mollé

En partenariat avec La Lettre du Spectacle n°515

Légende photo : Flavia Coelho lors de l’édition 2021 du forum.

Crédit photo : D. R.

Le spectacle vivant se mobilise pour la planète

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Écologie et musiques actuelles

Le Syndicat des musiques actuelles (SMA) et la Fédération des lieux de musiques actuelles (Fédelima) organisaient les 12 et 13 avril à Paris les premières rencontres Écologie et musiques actuelles. Une initiative qui s’ajoute à beaucoup d’autres, comme Music Declares Emergency, Drastic on Plastic, Starter, des formations ou la mini convention climat de Zone franche. L’association Arviva, par exemple, proposera un simulateur avant fin 2022 pour estimer l’empreinte environnementale de la production de spectacles. Édouard Lambert, administrateur de la SMAC jazz/musiques improvisées Périscope, à Lyon, évoque le projet européen Footprints, orienté sur l'empreinte carbone des projets : « Il doit permettre d'effectuer notre bilan carbone, en créant des outils qui permettront aux agents ou aux promoteurs de le calculer ».
Lancé en 2021, Footprints a connu une étape préliminaire avec la constitution du réseau Jazz Connective à l'échelle européenne. « Nous avons sélectionné six agents et six artistes, poursuit Édouard Lambert. Il s'agit de les interconnecter en vue d'un déplacement sur un territoire qu'ils ne connaissent pas, en les aidant à réfléchir pour chacun à comment rentabiliser leur tournée. » Impliquant des partenaires français, polonais, néerlandais, autrichiens, norvégiens et slovènes, Footprints est doté d'une enveloppe financière de 666 000 € sur trois ans. Le programme bénéficie d'ailleurs d'un soutien important de l'UE, qui s'avère son premier financeur et abonde à 50 % son budget. Après Footprints, la démarche doit continuer en se coulant dans le programme européen Europe Créative. « Cette fois, nous allons nous intéresser au point de vue des diffuseurs », promet Édouard Lambert.

Syndeac 
Le Syndeac, lui, accélère ses dialogues réguliers sur l'écoresponsabilité. Un groupe de travail se réunit toutes les trois semaines et implique les directions de lieux et les compagnies (50 % des effectifs du Syndeac selon Joris Mathieu, délégué aux labels du Syndeac). Un premier rendez-vous est même fixé à Avignon le 14 juillet pour partager des constats. Joris Mathieu signale que la mise aux normes de bâtiments trop énergivores est forcément l'enjeu des collectivités et de l'état, ajoutant : « Nous savons très bien qu'un facteur de pollution important va être le digital, c'est déjà le cas avec le streaming, il faut se demander comment on sort de ces mécanismes individualisants polluants à double titre : d'une part, parce que le hardware est quasi impossible à recycler, de l'autre parce que les data-centers sont de lourds foyers d'émissions de gaz à effets de serre. » Le directeur du Théâtre Nouvelle Génération CDN de Lyon constate que « le plus gros facteur d'augmentation de l'empreinte carbone, c'est la mobilité des publics ».
Les grands festivals, très dépendants des énergies fossiles, doivent aussi questionner la mobilité de leurs publics et de leurs artistes, qui représente 80 % de leur empreinte carbone (60 % pour un lieu). « Nous ne devons pas mettre tous nos moyens dans la récolte de données, afin de convaincre les pouvoirs publics de financer des projets éco-conçus. N’oublions pas d’agir », assurait David Carroll, de l’association Slowfest. La suite de ces rencontres a permis d’interroger des usages et des cas concrets, en particulier à travers différents ateliers (maîtrise de l’énergie, alimentation, impact du numérique…). La pratique des exclusivités par des salles ou des festivals empêche des routings (parcours) cohérents. Julien Courquin, du label et tourneur Murailles Music, a participé à la mise en place d’un rider (fiche technique) « transitionnel », il pointait la résistance de certains techniciens (ou d’artistes, sur des menus végétariens).

Modèles économiques 
Côté mobilités, la salle de l’Aéronef, pourtant située au centre de Lille, avait constaté que plus d’un tiers des spectateurs venait en voiture et a donc mené une politique d’incitation, notamment financière, à l’utilisation des transports en commun, du vélo, au covoiturage et au copiétonnage, grâce à une aide du ministère de la Culture. Le Sarcus Festival (Indre-et-loire) ne propose que des passes 3 jours à ses spectateurs et offre une réduction pour l’achat de 4 passes afin de réduire les déplacements à la journée et de favoriser le covoiturage. La production et la diffusion sont au cœur de ces enjeux écologiques soumis à des rapports de force économiques. Le sujet de l'élection présidentielle s'est invité en cet entre-deux-tours où la problématique environnementale est singulièrement éclipsée. Déterminé à “faire barrage”, Joris Mathieu constate qu'il n'y a qu'un seul candidat républicain face à une candidate qui met en danger les fondements de la République. « Mais nous sommes aussi extrêmement en colère, précise-t-il, et demandons au candidat Macron qu'il envoie à toute une partie de l'électorat des signaux clairs à la fois sur l'écoresponsabilité et un réinvestissement de la politique publique, mis à mal ces dernières années ».

Nicolas Dambre & Nicolas Mollé

En partenariat avec La Lettre du Spectacle n°514

Légende photo : Lors des premières rencontres Écologie et musiques actuelles.

Crédit photo : D. R.