Les festivals vivent un moment économique charnière

    festival Hellfest

    En cette période de reprise où le rythme des billets vendus s’accélère, les festivals adaptent leur modèle aux poussées inflationnistes, sur les cachets et les coûts de production.

    Pour Paul Rondin, coprésident de France Festivals, qui rassemble 80 structures de ce type en France, « les festivals sont aujourd’hui en voie de stabilisation, les cadences de billetterie fonctionnent bien, nous avons retrouvé nos marques ». Si les contaminations dues au Covid connaissent actuellement un certain regain, « pour l’instant, il n’y a pas de baisse de fréquentation. Nous ne sommes plus dans l’idée d’une gestion de crise. Ce qui ne veut pas dire que la remontée du taux d’incidence n’inquiète pas les publics, pointe l’actuel directeur délégué du Festival d’Avignon. Paul Rondin pointe d’ailleurs des changements d’usage avec une nette tendance aux achats de dernière minute. « 99 % des recettes de billetterie ne sont désormais pas générées au-delà de trois mois à l’avance, constate-t-il. Ces achats de dernière minute fragilisent les économies des structures, surtout dans la préparation de l’événement ». C’est le cas par exemple du festival de découvertes Wine Nat White Heat à Nantes, très pointu et associé aux vins naturels, dont l’économie demeure fragile. « Les entrées ne pèsent que 18 % de notre budget », signale Alexandre Labbé, son programmateur.

    Hellfest
    À l’autre bout du spectre, quoique lui aussi associé aux vignobles de Muscadet de sa commune d’adoption, le Hellfest à Clisson, près de Nantes, bat record sur record quant à la rapidité d’écoulement de ses pass 3 jours. Mais au bout de 15 ans de développement soutenu, le festival cherche à se diversifier et à davantage entrer en résonance avec les collectivités locales proches ou plus lointaines : Mairie de Clisson, communauté d’agglo Sèvre et Maine et même Ville de Nantes. Farouchement attaché à son indépendance, très peu subventionné (seulement 0,1 % de son budget), le Hellfest s’est pourtant fait peur pendant la pandémie, endurant pendant deux ans des « pertes astronomiques » selon Benjamin Barbaud, son cofondateur. Une situation à laquelle les élus locaux ne peuvent qu’être attentifs. « Nous ne nous sommes pas encore mis d’accord sur notre niveau de soutien, nos capacités budgétaires ne sont pas celles de grosses collectivités mais la Ville de Clisson sera là, affirme le maire Xavier Bonnet. Jean-Guy Cornu, président de la Communauté d’agglo, note la résonance internationale du festival mais sur une période trop limitée. 

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    Nicolas Mollé

    En partenariat avec La Lettre du Spectacle n°519

    Légende photo : Au festival Hellfest

    Crédit photo : D. R.