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Burn-out : mal insidieux et bien présent

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Claire Guillemain

Aussi significatif que le phénomène des changements de carrière mais moins visible, l’épuisement professionnel est un révélateur des difficultés rencontrées actuellement par les professionnels du spectacle vivant.

Pour les professionnels du spectacle vivant, la crise de Covid a agit comme une sorte de grande lessiveuse. Pendant des mois, faire et défaire des projets et des protocoles sanitaires. Apprendre que non, finalement, l’activité des salles de spectacles et des festivals ne reprendrait pas comme cela avait pourtant été annoncé. Programmer, déprogrammer, reprogrammer. Être attentif au moral des équipes et collaborateurs… Artistes, personnels de l’administration, techniciens et techniciennes, dans des lieux, des collectivités ou au sein des compagnies, beaucoup sont essorés alors que l’on est encore bien incapable aujourd’hui de dire quel numéro portera l’ultime vague de Covid.

Alors, insidieux, l’épuisement professionnel s’intensifie. Perte de sens, surmenage, beaucoup de professionnels du secteur ressentent des difficultés et du mal-être dans leur travail. Souvent, ils tiennent tout en étant conscients des signes de fatigue et d’anxiété. Parfois aussi, les alertes physiques et psychiques n’ont pas lieu, ou ont été balayées par celui ou celle qui les a ressenties car la charge de travail à accomplir semble incompatible avec une décélération du rythme. Arrive alors le burn-out, matérialisation d’un surmenage et d’une dépression liée au travail. 

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Par Tiphaine Le Roy

Légende photo : Claire Guillemain, directrice générale de Thalie Santé

Crédit photo : D. R.

Pratiques culturelles : le grand virage ?

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Via Injabulo

Une récente enquête du Deps-ministère de la Culture révèle la manière dont la crise sanitaire a profondément, et sans doute durablement, transformé les pratiques culturelles. 

En juillet dernier le ministère de la Culture a livré les résultats d’une enquête sur « les sorties culturelles des Français après deux années de Covid-19 ». À l’été 2021, puis lors de l’hiver 2021/22, les Français de plus de 15 ans ont été interrogés sur leurs pratiques culturelles récentes.

Une volonté de rattrapage affirmée
En septembre 2021, 28 % des Français déclaraient alors « avoir multiplié les occasions de sorties culturelles pendant l’été afin de rattraper les occasions perdues » lorsque les lieux culturels étaient fermés. Ils étaient 20 % à témoigner de ce phénomène, quelques mois plus tard, en décembre et janvier. Les jeunes étaient les plus engagés – 31 % des 15-24 ans et 29 % des 25-39 ans – de même que les populations de Paris et d’Ile-de-France.

La peur du virus toujours présente
En janvier 2022, 59 % des Français s’inquiètent de contracter le virus ou de le transmettre, avec une prévalence de cette inquiétude chez les populations les plus âgées (66 % des 60-69 ans et 72 % des 70 ans et plus). L’impact du pass sanitaire obligatoire pour accéder aux lieux culturels est réel, avec « 18 % déclarent ne pas avoir de pass sanitaire et ne pas vouloir réaliser de test antigénique avant de se rendre dans un lieu culturel (11 % oui, tout à fait ; 8 % oui, plutôt) », mais moindre que l’obligation du port du masque. En janvier 2022, « 35 % des Français indiquent que le port du masque les a fait renoncer » à la fréquentation d’un lieu culturel, avec de fortes proportions parmi les 25-39 ans et les couples avec enfants.

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Par Cyrille Planson

Légende photo : Via Injabulo, Via Katlehong

Crédit photo : Eric Deguin

Rima Abdul-Malak : une saison pour s’affirmer

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Rima Abdul Malak

La ministre de la Culture a sur son bureau plusieurs grands dossiers, une actualité chaude à traiter mais aussi de grandes perspectives à dessiner.  

Dotée d’un vrai capital sympathie au sein de la profession, dont elle est issue, la nouvelle ministre de la culture a aussi, dit- on, l’oreille d’Emmanuel Macron dont elle a été la conseillère Culture lors de son premier quinquennat. À elle donc d’en user intelligemment pour sortir de la posture du missi dominici et s’affirmer sur la scène politique et culturelle française. Plutôt ancrée dans l’univers du spectacle vivant, la ministre a pourtant assez peu évoqué ce champ artistique, dont on sait pourtant qu’il lui tient à cœur, lors de ses interventions médiatiques de la rentrée (Europe 1, France Culture...), sinon pour réaffirmer son attachement à la diversité : « Pour moi, toutes les musiques se valent. J'ai grandi autant avec la musique classique qu'avec le hard rock, a-t-elle revendiqué le 1er septembre sur France Culture. Grâce à la radio, grâce à l'audiovisuel public, à cette diffusion en France, nous avons accès à toutes les musiques, chacun peut y trouver son bonheur. »

Présente sur les festivals, elle s’est montrée à l’écoute. Le grand sujet de la rentrée est surtout, pour la ministre, celui de l’audiovisuel public. La fin de la redevance audiovisuelle inquiète bien évidemment les professionnels qui bénéficiaient ici d’une enveloppe budgétaire de 3,2 milliards d’euros et qui attendent du gouvernement de solides garanties sur le sujet. Pour le reste, bien d’autres sujets sont sur la table. Et non des moindres.

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Par Cyrille Planson

Légende photo : Rima Abdul-Malak, ministre de la Culture

Crédit photo : Ministère de la Culture – Thibaut Chapotot

Laurent Wauquiez met en scène son rejet du modèle culturel

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Au festival Cordes en ballade

La baisse des subventions de la Région Auvergne-Rhône-Alpes à 140 structures culturelles, sans aucune concertation préalable, a ébranlé le monde du spectacle vivant bien au-delà des frontières du territoire concerné.   

A 12h08, ce vendredi 27 mai, en plein week-end de l’Ascension, Marine Berthet entend la sonnerie de son portable ; elle décroche. Responsable du festival Cordes en ballade, initié par le Quatuor Debussy dont elle est directrice déléguée, elle apprend par la voix même de Sophie Rotkopf, vice-présidente à la culture de la Région Auvergne-Rhône-Alpes la décision de l’exécutif de baisser la subvention de 15 %. 2 250 € en moins pour le festival, sans explication. « Nous avions lu dans la presse qu’il y aurait des baisses pour les grosses structures, avec un rééquilibrage vers le rural, se rappelle Marine Berthet. Nous ne pensions pas être concernés : nous intervenons dans une vingtaine de communes rurales du Sud Ardèche ! » Elle évoque la suite, une conversation « lunaire » avec l’élue qui lui assure que, « en cas de difficulté », les services de la Région seraient à son écoute. Une heure plus tard, Sophie Rotkopf appelle Jean Delescluse, directeur artistique du festival Saoû chante Mozart, dans la Drôme. Pour lui, ce sera 4 500 € de moins. « Nous sommes à 1 000 euros près, dans nos associations et, là, on nous supprime 4 500 euros. C’est plus ou moins le déficit que nous aurons. Elle va nous faire basculer dans le rouge », se désole-t-il. 

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Par Bruno Walter

Légende photo : Au festival Cordes en ballade (été 2022)

Crédit photo : D. R.

Le Jardin du Michel en danger

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Jardin du Michel

Le festival le Jardin du Michel organisé du 3 au 5 juin à Toul (Meurthe-et-Moselle) n’a réuni que 10 000 spectateurs, alors qu’elle en attendait 18 000, ce qui devrait générer un déficit de 300 000 € sur un budget d’un million d’euros. La société coopérative Turbul’Lance, qui organise ce festival de musiques actuelles, est placée en redressement depuis l’édition déficitaire de 2016, et doit effectuer des remboursements mensuels jusqu’en 2027. Cindy Dodin, coordinatrice et administratrice, livre : « Les passes 3 jours et les billets jour ne se sont pas bien vendus, même en dernière minute. Les habitudes de consommation ont changé, la météo prévoyait de violents orages, alors qu’il n’y a finalement eu que quelques grosses averses. »

Faute de grande tête d’affiche, Poupie, Ska-P ou Lujipeka n’ont pas permis d’atteindre les 80 % de taux de remplissage pour l’équilibre financier. Plusieurs reports dans des salles voisines ou des événements gratuits (à Vittel ou à Nancy), ont sans doute concurrencé le festival. « Si nous ne remboursons pas nos dettes, nous devrons déposer le bilan. Nous en appelons aux dons des festivaliers et au soutien des partenaires privés comme publics », glisse Cindy Dodin.

Nicolas Dambre

En partenariat avec La Lettre du Spectacle n°520

Crédit photo : Vincent Zobler

Financements : Musica se tourne vers l’étranger

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Only the Sound Remains

Le festival de musique contemporaine (Strasbourg, du 15 septembre au 2 octobre) doit faire face à plusieurs financements en baisse. D’abord ceux des organismes de gestion collective, depuis quelques années. Stéphane Roth, directeur de Musica, se souvient : « Lors de mon arrivée en 2019, la Sacem était un grand partenaire, à hauteur de 90 000 €. En 2022, ce devrait être 25 000 €, d’autant qu’elle ne soutient que les projets d’artistes sociétaires. L’Adami ne nous a soutenus qu’en 2021, la SACD abonde à hauteur de 5 000 €. Nous devons monter de plus en plus de dossiers de demandes pour des aides de plus en plus réduites. » Le festival pourrait embaucher un salarié à mi-temps pour déposer ces demandes.

Autre baisse annoncée, celle de la Ville de Strasbourg, qui réduira de 1,5 à 2 % ses subventions aux dix plus gros acteurs culturels. Ville et Région Grand Est financent à parité la manifestation avec l’État, soit 1,6 million à eux trois, pour un budget global de 2,13 millions d’euros. Plus de la moitié de ce budget va à la production artistique, avec des créations (près de 25), mais aussi de nombreux aménagements techniques. Musica investit une quarantaine de lieux, souvent non dédiés à la musique. Notamment avec cette année les « Concerts pour soi », donnés pour un ou deux spectateurs dans un loft, un atelier ou une cave. Mini Musica s’adresse au jeune public. Le festival s’ouvrira avec la création mondiale de Migrants du compositeur grec Georges Aperghis. Une 40e édition traversée par la question de l’intimité – rarement abordée en musique contemporaine – qui se clôturera à Nancy.

Les montres Rolex soutiennent le festival à hauteur de 45 000 €, pour la nouvelle production de l’opéra Only the Sound Remains de la finlandaise Kaija Saariaho. La Fondation Karolina Blaberg est mécène pour 20 000 €. Le directeur lorgne du côté de partenaires parapublics étrangers. « Le British Council ou Dutch Performing Arts Fund ont été approchés pour programmer des artistes britanniques ou néerlandais. » Une collaboration avec le plus ancien festival de musique contemporaine au monde, celui de Donaueschingen en Allemagne, semble compliquée, ce dernier ne proposant fin octobre que des créations mondiales exclusives.

Nicolas Dambre

En partenariat avec La Lettre du Spectacle n°520

Légende photo : L’opéra Only the Sound Remains

Crédit photo : Tokyo Bunka Kaikan Koji lida

StudioFact, des histoires vraies sur scène

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Christophe Barbier

Christophe Barbier dirige la filiale spectacle vivant du groupe StudioFact, qui va lancer trois productions théâtrales sur trois thématiques : vie politique, histoire et faits divers. Il confie : « Les histoires vraies ont toujours nourri le théâtre, mais avec un temps de décantation nécessaire pour les auteurs, lesquels ont besoin de constater ce qu’il en reste dans la mémoire collective. Travailler une matière à chaud n’est pas vraiment le réflexe des auteurs de fiction, davantage celui des journalistes. » StudioFact a été créé en 2021 par Roxane Rouas-Rafowicz (ex-Fremantle France) et Jacques Aragones (ex-TV Presse Productions).

Spécialité ? Les histoires vraies et l’écriture du réel, à travers la production de documentaires, de fictions, de podcasts et l’édition d’ouvrages. Le journaliste à l’écharpe rouge mène depuis longtemps une carrière de comédien et d’auteur de théâtre : « Nous dévoilerons à la rentrée les trois pièces que nous créerons, avec une partie de la distribution. De bons sujets pourront aussi se décliner en livre, en documentaire ou en fiction. La littérature ou le cinéma se sont déjà emparés de faits divers récents. Au théâtre, Bernard-Marie Koltès fut l’un des rares à le tenter avec Roberto Zucco. » Les Deux frères et les lions, inspirée des frères Barclay, avait fait l’objet d’un procès (La Lettre du Spectacle du 6 septembre 2019), ce qui peut expliquer l’autocensure d’artistes ou la frilosité de directions de théâtres. StudioFact Live, dont Christophe Barbier est l’unique salarié, veut démontrer que l’Histoire en marche génére de puissants récits dramatiques.

Nicolas Dambre

En partenariat avec La Lettre du Spectacle n°520

Légende photo : Christophe Barbier

Crédit photo : Eric Garault

Le double fond du « Moine noir »

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Le Moine noir

Spectacle phare d’Avignon 2022, donné dans la cour d’honneur du Palais des Papes du 7 au 15 juillet (relâche le 11), Le Moine noir du Russe Kirill Serebrennikov se révèle hors normes pour plusieurs raisons. D’abord parce que cette adaptation d’Anton Tchekov, réflexion sur la subjectivité du récit et la relativité de la vérité, sera donnée en plein conflit russo-ukrainien. Pro-démocratie et pro-LGBT, Kirill Serebrennikov n’est pas en odeur de sainteté dans la Russie de Poutine, où il a déjà été assigné à résidence et condamné à de la prison avec sursis. En 2021, le festival d’Avignon était producteur délégué de son temps fort, La Cerisaie, de Tiago Rodrigues. Pour Le Moine Noir, c’est le Théâtre Thalia de Hambourg (Allemagne), où la première a eu lieu le 22 janvier, qui assume la production déléguée, d’un budget de 600 000 €, Avignon n’intervenant qu’en coproduction, notamment pour l’adaptation de la pièce aux dimensions de la cour d’honneur.

« Notre intervention est de 300 000 €, précise Anne-Mathilde di Tomaso, directrice de production du festival. Cela couvre les frais techniques et de résidence, de production et une partie des salaires. » La semaine dernière, l’équipe de cinquante personnes est arrivée en résidence au Palais des papes depuis Moscou et Hambourg pour un temps de travail en amont des représentations. Les répétitions s’incarnent à travers acteurs, danseurs comme pour Outside, de Kirill Serebrennikov, donné en 2019 à Avignon, et même un chanteur d’opéra. Le Théâtre de la Ville prévoit quatre représentations du 16 au 19 mars 2023 du Moine noir, « dans le cadre d’un hors les murs prévu au Théâtre du Châtelet, précise Anne-Mathilde di Tomaso. Inna Solodkova du Gogol Center, qui soutient ce spectacle, doute qu’il soit donné à Moscou, « même la saison prochaine ». Une donne confirmée par Anna Shalashova, l’assistante de Kirill Serebrennikov. La raison ? « La guerre, énonce Anna Shalashova. Et notre théâtre à Moscou  s’annonce fermé pour toujours. »

Nicolas Mollé

En partenariat avec La Lettre du Spectacle n°519

Légende photo : Le Moine noir

Crédit photo : Krafft Angerer

Hellfest : Fiançailles avec la compagnie La Machine

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La Gardienne des Ténébres

Le Hellfest a choisi d’annoncer son union avec la compagnie La Machine en pleine célébration de son statut de plus important festival français payant, avec 60 000 festivaliers par jour. Un rang temporaire puisque le festival metal, punk et dérivés devrait aussi repasser derrière les Vieilles Charrues lorsqu’il reviendra sur un seul week-end et ne se déroulera plus en deux salves comme cette année, du 17 au 19 juin puis du 23 au 26 juin. La convergence entre les rockers de Benjamin Barbaud et la compagnie La Machine de François Delarozière était inévitable : le Hellfest draine une population sans égal de festivaliers étrangers tandis que les fameuses machines fantasmagoriques nées sur l’île de Nantes, loin de se limiter au fameux éléphant, ont migré vers Liverpool, Yokohama, Ottawa ou Pékin. Les deux entités, pour La Machine une savante imbrication entre une société publique locale et une association, statut qui concerne aussi le Hellfest, s’associent donc pour lancer La Gardienne des ténèbres. Cette sculpture en mouvement est capable de s’élever jusqu’à 10 mètres en hauteur et peut transporter 25 personnes. Elle promet d’être un nouveau pôle d’attractivité à l’année pour Clisson, les imposants automates animaliers de Nantes attirant déjà une population importante, notamment en provenance de Basse-Bretagne.

« Le budget est encore en cours d’élaboration mais avoisinera les 12 M€, souligne Benjamin Barbaud, qui précise que son association a déjà investi 12,5 M€ en infrastructures, sculptures, routes. L’enjeu de l’acheminement des flux de public est d’ailleurs crucial sur le site de Clisson, où pullulent encore des enfilades de véhicules malgré une nouvelle aire de stationnement de 12 000 à 13 000 places. « Nous avons élaboré un Plan climat-air-énergie territorial sur lequel nous ne pourrons pas transiger, souligne Jean-Guy Cornu, président de Clisson Sèvre et Maine Agglo. La question de la mobilité est importante, plus de public à l’année nécessitera de les faire venir par les transports en commun et les liaisons douces ». La maire de Nantes, Johanna Rolland, souhaitait une présentation de la machine dès juin 2024 avec un grand spectacle d’ouverture à Nantes même. « Deux ans de fabrication seront nécessaires donc le Hellfest 2024 sera effectivement le bon horizon, confirme François Delarozière, nous espérons concurrencer les JO de Paris en ramenant un peu plus de monde de ce côté-ci de la France ».

Nicolas Mollé

En partenariat avec La Lettre du Spectacle n°519

Légende photo : La Gardienne des Ténébres

Crédit photo : D. R.

Les festivals vivent un moment économique charnière

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festival Hellfest

En cette période de reprise où le rythme des billets vendus s’accélère, les festivals adaptent leur modèle aux poussées inflationnistes, sur les cachets et les coûts de production.

Pour Paul Rondin, coprésident de France Festivals, qui rassemble 80 structures de ce type en France, « les festivals sont aujourd’hui en voie de stabilisation, les cadences de billetterie fonctionnent bien, nous avons retrouvé nos marques ». Si les contaminations dues au Covid connaissent actuellement un certain regain, « pour l’instant, il n’y a pas de baisse de fréquentation. Nous ne sommes plus dans l’idée d’une gestion de crise. Ce qui ne veut pas dire que la remontée du taux d’incidence n’inquiète pas les publics, pointe l’actuel directeur délégué du Festival d’Avignon. Paul Rondin pointe d’ailleurs des changements d’usage avec une nette tendance aux achats de dernière minute. « 99 % des recettes de billetterie ne sont désormais pas générées au-delà de trois mois à l’avance, constate-t-il. Ces achats de dernière minute fragilisent les économies des structures, surtout dans la préparation de l’événement ». C’est le cas par exemple du festival de découvertes Wine Nat White Heat à Nantes, très pointu et associé aux vins naturels, dont l’économie demeure fragile. « Les entrées ne pèsent que 18 % de notre budget », signale Alexandre Labbé, son programmateur.

Hellfest 
À l’autre bout du spectre, quoique lui aussi associé aux vignobles de Muscadet de sa commune d’adoption, le Hellfest à Clisson, près de Nantes, bat record sur record quant à la rapidité d’écoulement de ses pass 3 jours. Mais au bout de 15 ans de développement soutenu, le festival cherche à se diversifier et à davantage entrer en résonance avec les collectivités locales proches ou plus lointaines : Mairie de Clisson, communauté d’agglo Sèvre et Maine et même Ville de Nantes. Farouchement attaché à son indépendance, très peu subventionné (seulement 0,1 % de son budget), le Hellfest s’est pourtant fait peur pendant la pandémie, endurant pendant deux ans des « pertes astronomiques » selon Benjamin Barbaud, son cofondateur. Une situation à laquelle les élus locaux ne peuvent qu’être attentifs. « Nous ne nous sommes pas encore mis d’accord sur notre niveau de soutien, nos capacités budgétaires ne sont pas celles de grosses collectivités mais la Ville de Clisson sera là, affirme le maire Xavier Bonnet. Jean-Guy Cornu, président de la Communauté d’agglo, note la résonance internationale du festival mais sur une période trop limitée. 

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Nicolas Mollé

En partenariat avec La Lettre du Spectacle n°519

Légende photo : Au festival Hellfest

Crédit photo : D. R.