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Les limites du Pass culture collectif

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Frédéric Maurin

Le Pass culture se déploie vers des offres collectives. « Une mauvaise réponse à une bonne question, celle de l’éducation artistique et culturelle », note Frédéric Maurin, président du Syndicat national des scènes publiques, qui s’inquiète d’une « agenciarisation des politiques publiques qui échappent à la représentation démocratique. Le risque : la perte du lien entre les opérateurs culturels et les professionnels de l’enseignement. Ces derniers étaient autonomes dans leurs choix, et nous avions tissé ces liens et des partenariats durant des années. Quid de l’expertise dans le choix des propositions artistiques ? ».

L’USEP-SV semble satisfaite des récentes orientations, considérant que le changement d’usage « vers une pratique collective constitue une évolution favorable », mais son président Nicolas Dubourg note que « cela reste initialement un mauvais modèle », réclamant depuis longtemps une évaluation annuelle. « La seule chose qu’on entend, ce sont les éléments de langage de la ministre, on n’a jamais aucun chiffre. Alors qu’on parle quand même de service public. »

Aurélie Hannedouche, déléguée générale du Syndicat des musiques actuelles, note : « Les offres collectives du Pass ne doivent pas entrer en concurrence avec les actions que mènent déjà des salles et festivals du SMA. Le pass ne doit pas être un catalogue pour les enseignants qui favoriserait les plus offrants ». Le Pass pourrait provoquer un effet d’aubaine, des équipes artistiques créant en fonction des œuvres aux programmes des établissements d’enseignement.

Nicolas Dambre et Nicolas Mollé

En partenariat avec La Lettre du spectacle n°522

Légende photo : Frédéric Maurin

Crédit photo : D. R.

Festival Utopie : Point Zéro met en pratique la transition

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Douglas et Bousier

Pas de budget pharaonique ni d’installations pléthoriques pour le festival Utopie : Point Zéro, le 17 septembre, au Lieu Utile à Bouguenais près de Nantes. Il ne s’agit que d’une seconde édition après celle de 2019 pour cet événement biennal, victime du Covid, l’an dernier. Et il s’agit de rester en phase avec ses ambitions, sa philosophie d’un « futur désirable ». Et sobre. « Il ne s’agit pas d’être uniquement dans le brassage d’idées et de concepts, note Julia Passot, fondatrice et directrice artistique de l’association organisatrice la Turbine. Nous voulons montrer comment on mobilise une communauté autour d’un projet, avec un public qui ne sera pas réduit qu’à sa dimension de spectateur mais qui sera capable de se mettre en mouvement. »

L’événement, payant, se déroulera donc en journée pour être le moins consommateur d’énergies possible, questionnant les modes de production, s’appuyant sur des échanges ou du prêt de matériel par Le Grand T. Avec un petit budget de 20 000 €, bénéficiant de 30 % de financements publics. 13 personnes composent le collectif/association, sur un total de 35 personnes au festival avec bénévoles et dizaine d’Intermittents. L’engouement pour sa campagne de financement participatif, qui a bouclé à 5 500 €, soit 1 000 € de plus que son objectif, témoigne d’une dynamique. Côté danse, outre un DJ set, sont prévus l’Impassée de Julie Nioche ou Danse passante qui proposera même au public de participer à une chorégraphie collective.

Nicolas Mollé

En partenariat avec La Lettre du spectacle n°521

Légende photo : Le spectacle Douglas et Bousier, créé par Mickaël Délis et Vladimir Perrin en 2019 et repris en 2022.

Crédit photo : Julien Fortel

Spectacle et prisons, l’expertise française 

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Angelin Preljocaj

« A notre connaissance, la France est le seul pays ayant “institutionnalisé” les projets artistiques en détention », écrit Sylvie Frigon, Professeure titulaire et directrice du Département de criminologie de l’Université d’Ottawa à propos de l’action de la compagnie Point Virgule de la chorégraphe Claire Jenny. Un constat qui s’apprécie à la lueur de la polémique déclenchée le 14 août à propos de la troisième saison de la série diffusée sur le Web depuis trois ans et baptisée Kohlantess (mélange de « Koh-Lanta » et du mot verlan pour « cité »). Or le spectacle vivant, et particulièrement la danse, ont développé en France une véritable expertise en matière d’intervention en milieu carcéral, qu’on peut considérer comme un investissement artistique. Il trouve relais auprès d’acteurs majeurs, comme récemment le Théâtre national de L’Odéon, qui présentait le 11 juin Fresnes sur scène, spectacle pour 7 détenus, remises de peine à la clef, né des ateliers de pratique artistique au centre pénitentiaire de Fresnes dirigés par la chorégraphe Lou Cantor et la comédienne Marie Piemontese. « Fresnes aime beaucoup ce genre d’action mais les conditions y compris de réalisation y sont particulièrement difficiles », rappelle Lou Cantor.

La chorégraphe peut comparer : le 15 octobre, à la MAVO (Maison d’arrêt du Val-d’Oise) et, le 18 novembre au Théâtre Firmin-Gémier à Antony, elle présentait sa création Les Danse du Crépuscule pour 8 hommes détenus, entre 24 et 42 ans. « Il s’agissait de montrer leur rencontre avec un certain Mozart », raconte-t-elle avec autant d’amusement que de tendresse. « Ils ont… Nous avons bossé comme des malades, 4 jours par semaine pendant 8 semaines pour un faire un vrai spectacle, pour des représentations pour lesquels ils ont été payés ». À la MAVO, un bâtiment est dévolu à ces activités, à Fresnes, le lieu permet beaucoup moins l’intimité nécessaire à la création, pourtant le résultat a été comparable : des détenus reprenant confiance et estime en eux, contact avec les autres et s’impliquent dans un projet dont ils sont fiers.

Angelin Preljocaj, dont l’intervention à la Prison des Baumettes à Marseille a donné lieu à un film de Valérie Müller et à deux séries de représentations (en 2019, au Pavillon noir, à Aix-en-Provence, puis au festival Montpellier Danse) insiste sur cette dimension : « Dès le départ, je voulais un rendu public, donc il fallait des longues peines. Parce que pour sortir, il faut que les détenues aient effectué la moitié de leur peine. Donc il y avait des choses graves. C’est le service d’insertion [SPIP, Service pénitentiaire d’insertion et de probation qui est responsable de la coordination culturelle, NDLA ] qui m’a orienté vers les femmes parce qu’elles sont plus assidues et que c’était important pour moi. » Le premier atelier, 20 candidates. Puis 7 ou 8 et au final 5. Mais lorsque l’une des détenues a été en entretien avec un employeur, elle lui à montré le film, quant à une autre, « elle a pu revoir son fils parce maintenant elle inspire confiance, même aux juges, ce qui, sans rien changer à la nature des faits, n’était pas le cas auparavant », souligne, avec une certaine émotion, le chorégraphe. Mais Lou Cantor, autant qu’Angelin Preljocaj, le rappelle : dès qu’arrive le moindre événement, ces actions culturelles s’interrompent immédiatement parce qu’en milieu carcéral, les impératifs restent ceux de la sécurité et de la surveillance.

Philippe Verrièle

En partenariat avec La Lettre du spectacle n°521

Légende photo : Angelin Preljocaj

Crédit photo : Julien Bengel

La féroce répression de Gênes revisitée

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Peanuts

L’adaptation par Florian Sitbon de Peanuts, qui a été donnée du 7 au 28 juillet à La Scierie d’Avignon, est liée au parcours de Vincenzo Vecchi. Ce militant risque douze ans de prison pour avoir simplement participé au contre-sommet de Gênes en 2001. Avant avis en octobre de la cour de cassation, la Cour de justice de l’UE vient de valider le principe de son extradition vers l’Italie, après qu’il ai été arrêté en août 2019 dans un petit village breton. Texte en deux parties qui voit une bande de post-adolescents tuer le temps dans un appartement puis se retrouver des années plus tard, les uns policiers, les autres manifestants, au cœur d’une spirale de violences, Peanuts est signé du dramaturge italien Fausto Paravidino.

« Il m’a lui même dit que d’habitude, il n’est pas content des adaptations, relève non sans fierté Florian Sitbon, par ailleurs, conseiller de Paris sous étiquette PS. Cette version a ceci de particulier qu’elle a été réalisée avec le soutien du dispositif d’insertion professionnelle du Studio de formation théâtrale de Vitry-sur-Seine, dirigé, comme la compagnie Darius, par le metteur en scène. « Nous sommes un organisme de formation professionnelle labellisé OPCA, AFDAS et Pôle emploi, le Studio existe depuis 17 ans », poursuit Florian Sitbon. Il a donc été créé quelques années après un événement éclipsé par le 11 septembre 2001, qui sert de toile de fond à Peanuts. La même année, lors du G8 à Gênes les 20 et 21 juillet, la police italienne avait mis à mort un manifestant, torturant et blessant aussi plusieurs centaines de personnes.

Nicolas Mollé

En partenariat avec La Lettre du spectacle n°521

Légende photo : Peanuts, comédie jumelle de Genova 01.

Crédit photo : D. R.

Communication - Quelles relations avec la PQR ?

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Anaïs Escriva

La presse de proximité demeure choyée par les lieux établis en région.

Pour des théâtres établis loin de la capitale, dont la programmation (hormis lorsqu’elle accueille des têtes d’affiche ou la tournée d’un spectacle parisien) n’attire pas l’attention de journaux nationaux, la presse quotidienne régionale (PQR) constitue souvent le seul interlocuteur. « Elle nous suit depuis de nombreuses années, des liens de fidélité et de confiance étant plus faciles à établir qu’avec la presse nationale », explique Magali Folléa, responsable des relations presse aux Célestins, Théâtre de Lyon. Appelée à couvrir l’actualité locale, la PQR s’avère utile afin de communiquer sur tout ce qui anime la vie d’un lieu : résidences d’artistes, actions culturelles, temps forts ou encore programmation décentralisée.

« Il est important que ses journalistes soient impliqués dans notre quotidien. C’est pourquoi nous nous efforçons de les inviter très régulièrement », estime Anaïs Escriva, secrétaire générale de la scène nationale Grand Narbonne. Dès qu’une information spécifique doit être diffusée, celle-ci s’adresse à L’Indépendant et à La Dépêche du Midi, qui mentionnent par exemple un appel à projet participatif et signalent la présence de la scène nationale dans un quartier ou un village. Leurs correspondants s’en feront l’écho en rédigeant un article assorti de photos publié dans les pages locales. 

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Par Marie-Agnès Joubert

Légende photo : Anaïs Escriva, secrétaire générale de la scène nationale Grand Narbonne

Crédit photo : Nicolas Evesque

Publics - Savoir « fabriquer » la relation

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Leïla Tiverné

Avec l’arrivée d’une nouvelle direction au Théâtre, scène nationale de Mâcon, le public se voit proposer un rôle actif dans la vie de la maison.

Nommée en juin 2021 à la tête de l’institution du mâconnais, Virginie Lonchamp porte un projet de « fabrique de la relation » reposant tout à la fois sur un ancrage sur le territoire grâce à des partenariats co-construits avec les acteurs de terrain et la volonté de travailler en cercles concentriques (quartier, ville, agglomération). Plusieurs formes alternatives de spectacles, notamment participatives et hors-les-murs, maillent la programmation. Pour impliquer les spectateurs dans la vie du théâtre, l’équipe de communication emmenée par Leïla Tiverné a imaginé une consultation sur les réseaux sociaux et dans l’enceinte du théâtre via un grand tableau sur lequel chacun était invité « à laisser sur un post-it un adjectif définissant le théâtre de demain. Nous avions envie d’initier une interaction avec le public et les habitants de la ville, penser avec eux ce qu’ils souhaiteraient faire évoluer. Et comme notre nouvelle agence de communication nous proposait comme première affiche “Le Théâtre est… ouvert”, nous avons joué avec cette idée au futur. »

L’équipe des relations publiques a contribué à ce recueil en proposant aux participants des ateliers comme des visites du théâtre de contribuer. « Il était primordial pour nous de consulter les différents usagers, enfants comme adultes, et pas que les spectateurs venant assister à un spectacle », précise la chargée de communication. « D’où aussi la nécessité de compléter la possibilité de noter un mot, en vrai, par un formulaire disponible sur nos comptes Facebook et Instagram afin de toucher le plus grand nombre. » Avec plus de 400 réponses en trois mois, « le pari était réussi, ce qui était loin d’être évident car nos publics ne sont pas du tout habitués à être interrogés de manière aussi directe. »

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Par Thomas Flagel

Légende photo : Leïla Tiverné, chargée de la communication et de l’information au Théâtre, scène nationale de Mâcon.

Crédit photo : D. R.

Festivals : un été si particulier

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Matthieu Corosine

Les festivals ont connu des situations contrastées, face à une concurrence accrue, une inflation ainsi que des difficultés de recrutements.

C’était l’été des retrouvailles entre le public et ses festivals, lesquels ont repris leur format habituel, après parfois deux années sans édition. Comme pour rattraper le temps, plusieurs manifestations avaient fait le pari de rallonger leur durée : Beauregard, Delta, Cabaret vert, Musilac ou Rock en Seine. Avec des fortunes diverses. Si Rock en Seine (150 000 festivaliers), Cabaret Vert (125 000) et Beauregard (147 000) ont battu des records de fréquentation, Musilac (81 000) accuse un déficit financier d’au moins 800 000 €, selon son directeur, Rémi Perrier, qui aurait espéré comptabiliser 150 000 spectateurs en 5 jours, mais qui n’en a reçu que 81 000… En Ardèche, Aluna (60 000) table sur un déficit similaire, tandis que celui de Pause Guitare (60 000) serait de 250 000 €.

Il faut dire que la concurrence était rude entre festivals. Des artistes comme Clara Luciani, Orelsan ou Angèle ont beaucoup tourné et ont ensuite été vus dans de nombreux festivals. Le public a-t-il eu l’impression d’une certaine standardisation ? Le nombre de spectateurs n’a pas augmenté, tandis que leur pouvoir d’achat était mis à mal. Certains événements ont pourtant augmenté leurs tarifs. Pas les Francofolies de La Rochelle, qui ont annoncé une édition record (150 000 festivaliers). Leur directeur, Gérard Pont, remarque : « La part artistique du budget a grimpé d’un tiers par rapport à 2019. Il y a eu un effet de rattrapage après les années sans festivals durant le Covid, l’inflation des matières premières, et des moyens techniques plus importants sur scène. »

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Par Nicolas Dambre

Légende photo : Matthieu Corosine, gérant de NSG Prod

Crédit photo : Alexandre Macchi

Cnarep : les enjeux des nouvelles directions

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Nathalie Cixous

Terreaux d’innovation à l’affût des évolutions de la création en espace public, les Cnarep sondent l’air du temps à travers leurs directions. 

A l’issue de deux ans de crise sanitaire, le paysage évolue du côté des Centres nationaux d’art de la rue et de l’espace public (Cnarep). Tandis que le 14e Cnarep va rouvrir ses portes à Laval (53) – après la fermeture de la Paperie, à Angers (49), en 2020 – plusieurs lieux changent de direction. à Marseille (13), le départ annoncé de Pierre Sauvageot de la tête de Lieux Publics a déjà donné lieu à une profonde restructuration : le centre national gère en effet désormais aussi la coordination de la Cité des arts de la rue où il est installé en compagnie de la dizaine d’autres structures, reprenant les missions initialement dévolues à l’association Apcar, dissoute cet été.

Si l’on ajoute le volet européen adossé au réseau In Situ, ce sont ainsi pas moins de 3 missions que va compiler le Cnarep, se portant toujours garant de « l'indépendance dans l'interdépendance, au sein de ce lieu de 36 000 m2 avec des structures porteuses de leur projet et leur propre vision, souligne Benjamin Lengagne, directeur de communication. Avec le labo que se veut cette fusion, on devient un Cnarep un peu à part, on prend aussi de l’ampleur financière… Nous sommes conscients du fait que l'on va être, encore plus qu'avant, observés comme un endroit qui doit faire bouger les choses. L’aspect centre de ressources, lieu de réflexions sur le métier et d’échanges interprofessionnels, fait partie des axes de ce que pourrait devenir la Cité de demain, en comptant aussi sur la chance d’avoir sur site la Fai-Ar, qui se pose des questions à l’endroit des enjeux de formation et de transmission. »

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Par Julie Bordenave

Légende photo : Nathalie Cixous, directrice de Chalon dans la rue

Crédit photo : Josyane Piffaut

Fêter l’anniversaire d’un lieu

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Laurent Coutouly

Ce moment très particulier peut être mis à profit pour réaffirmer l’identité d’un projet et surtout envisager ses développements futurs.

Si la célébration des dix, vingt ou trente ans de la création d’un lieu est d’abord perçue comme un événement joyeux, la tentation peut être grande de dresser un bilan ou, pire, de verser dans la nostalgie. Un écueil que les directeurs et directrices s’efforcent d’éviter, sans renier le passé mais en vivant pleinement le moment présent. « Un anniversaire est l’occasion de rappeler ce qu’est un théâtre, ce qu’il s’y passe, son rôle aussi dans une ville et sur un territoire », affirme Béatrice Hanin, directrice du Théâtre, scène nationale de Saint-Nazaire. Estimant néanmoins important d’éditer un livre (Le Théâtre-Récits de la scène nationale de Saint-Nazaire) afin de conserver une trace, elle a veillé à ce que celui-ci permette d’éclairer l’histoire du lieu, mais également son équipe, son projet, l’action culturelle menée auprès des populations, et fasse la part belle à des témoignages intimes, reflets de la mémoire de chacun.

Associer les habitants
Le week-end des festivités, prévu du 23 au 25 septembre, sera quant à lui placé sous le triple signe de la création, de la pensée et de la relation au territoire. Afin d’offrir une tonalité singulière à la programmation, Béatrice Hanin a opté pour des spectacles qualifiés de « contextuels ». Artiste associé, Roland Auzet présentera une fable opportunément intitulée Adieu la mélancolie, Chloé Moglia une performance sur la thématique de la suspension et le rapport au temps et à l’espace, tandis que Fabrice Guillot (Compagnie Retouramont) s’est vu commander une pièce de danse verticale qui prendra place dans la nef, ancien hall de la gare où s’est installé le théâtre. 

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Par Marie-Agnès Joubert

Légende photo : Laurent Coutouly, directeur de Culture Commune, scène nationale du bassin minier du Pas-de-Calais

Crédit photo : Antoine Repessé

Les circassiens ont besoin de s’entraîner

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Alain Reynaud

Face au manque patent de lieux d’entraînement La Cascade inaugure un espace dédié sur le modèle de celui de la Grainerie à Toulouse et en attendant la Cité des arts du cirque de Lyon-Vénissieux.

La crise de Covid a mis en lumière la nécessité absolue que les circassiens puissent utiliser leur outil de travail dans des lieux d’entraînement dédiés, « la multiplication des blessures dues au non-entraînement a été flagrante à ce moment-là », confie Serge Borras qui dirige La Grainerie à Toulouse. Cette structure abrite le seul lieu d’entraînement en France, en dur depuis 2010 et sous chapiteau auparavant, « un espace pour l’entretien du corps », précise-t-il. Les 631 adhérents comptabilisés en 2019 peuvent rester quelques jours ou des semaines à des tarifs très modiques (7 € la journée ou 130 € le trimestre par exemple). Ils ont ainsi accès aux agrès, notamment le trapèze grand volant dont trois seulement sont disponibles en Europe.

C’est sur ce modèle qu’ouvrira la Chapelle au pôle national de cirque de la Cascade le 17 octobre prochain. 228 m2 dévolus au « quotidien » comme le souligne son directeur fondateur également à la tête de la compagnie des Nouveaux-Nez, Alain Reynaud. « La première question que se pose une compagnie qui se crée est de savoir où répéter, comment être ensemble en dehors des moments de jeu ? » En 30 ans, le cirque s’est institutionnalisé avec la création des écoles, du label des pôles nationaux mais il y avait une « béance », « ce moment où on ne formule pas encore un projet or c’est sur cet acte des gammes, de la répétition qu’une profession se bâtit ». Donc cet endroit d’entraînement « pas très impressionnant, qui ne fait spectacle », est d’autant plus nécessaire qu’il peut s’ouvrir à tous, pas sur dossier sélectif comme les lieux de résidences souvent saturés – à La Cascade, il faut attendre plus d’un an pour pouvoir travailler et Alain Reynaud est particulièrement attentif à ne pas trop étirer ce « prévisionnisme problématique qui brise les élans créatifs ». 

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Par Nadja Pobel

Légende photo : Alain Reynaud, directeur de la compagnie des Nouveaux-Nez 

Crédit photo : Daniel Michelon