La Gaîté Lyrique se veut à la pointe de la sobriété numérique

    La Gaîté Lyrique

    Notre utilisation compulsive des applications sur smartphones est-elle en train d’amplifier les problématiques écologique en cours ? Leur promotion incessante à de nombreux échelons de la société pose en tout cas question à l’heure où téléphones, tablettes et autres écrans connectés sont responsables de 10 % de la consommation électrique française (soit l’équivalent annuel de ce qu’utilisent 8,3 millions de foyers) d’après l’Ademe. Celle-ci ajoute que le numérique génère 3,5 % des émissions mondiales de gaz à effets de serre, plus que le transport aérien civil (2 %), cette « empreinte carbone » étant amenée à doubler d’ici 2025. Dans le journal du CNRS, on apprend même que des chercheurs travaillent à limiter (en différant les sauvegardes) les interactions des applis vers les serveurs des data centers aux moments de la journée où les énergies renouvelables (solaires par exemple) peuvent prendre le relais.

    L’un des enjeux est aussi de dégraisser le code informatique de certains contenus, comme s’emploie à le faire La Gaîté-Lyrique à Paris. « Nous sommes plateforme d’expérimentation avec notre site web pour déterminer quels en sont les facteurs de sobriété, indique Laëtitia Stagnara, directrice générale de la Gaîté Lyrique. Nous travaillons pour ce faire avec l’entreprise Témésis dans le cadre de la mission interministérielle “Green Tech” ». La Gaîté Lyrique, gérée en délégation de service public pour le compte de la Ville de Paris, avec une compensation financière de cette même ville d’environ 50 % de son budget de 8 M€, a d’ailleurs dans son ADN la recherche de solutions pour maîtriser l’empreinte environnementale collective.

    Son programme Gaîté (Re)cycle inclut le lancement, depuis le 17 septembre et pendant 3 mois, d’un Repair Café assuré par Crealab 94 où les équipements informatiques et électroniques sont restaurés. Une démarche accompagnée d’ateliers de réappropriation des déchets électroniques par des artistes ou par un point de collecte des déchets d’équipements électriques et électroniques (DEEE) en vue d’un réemploi ou d’une revalorisation. « Il peut s’agir de petit électroménager, de câbles, d’anciennes disquettes, énumère Laëtitia Stagnara. La personne qui cède un objet se voit remettre un ticket d’exposition à prix réduit, cela aboutit à quelque chose d’assez vertueux, comme une boucle qui se nourrit d’elle-même ». D’après Laëtitia Stagnara, une tonne de cartes mémoire équivaut à 1,5 kg d’or et une tonne de vieux ordinateurs est valorisable à près de 800 €. Un circuit local de recyclage offre, selon la Gaîté Lyrique,  une alternative aux décharges sauvages chinoises, indiennes ou du Ghana, où les équipements informatiques, pour récupérer les métaux précieux qu’ils contiennent, sont brûlés dans des conditions écologiques et humaines désastreuses.

    Nicolas Mollé

    En partenariat avec La Lettre du spectacle n°522

    Légende photo : La Gaîté Lyrique

    Crédit photo : D. R.