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Quand les chorégraphes se manifestent

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chorégraphes

Le 17 avril, deux cents chorégraphes et danseurs se sont installés sur la place Charles-III de Nancy pour manifester une libération des corps et de la danse. Dès 14h30 et pendant deux heures alternaient des séquences de 20 minutes auxquelles assistaient les passants assez étonnés. Initié par la chorégraphe Sosana Marcelino, ce rassemblement masqué parfaitement organisé rappelait que le métier de chorégraphe comporte un travail d'auteur, d'organisateur et une pratique qui ne peut être suspendue. Le syndicat Chorégraphes associés organisait des « résonnances » de cette manifestation dans plusieurs villes.

A Nancy, le Manifeste avait été précédé, en matinée, d'un temps d'échange au CCN Ballet de Lorraine entre chorégraphes, administrateurs de Chorégraphes associés et représentants du secteur culturel, pour exposer combien les  lourdeurs administratives compliquent les conditions de travail des chorégraphes, tandis que la compétitivité et la production dans l'urgence, le manque de soutien et de reconnaissance de la part des tutelles pèsent sur ces artistes. Outre la revendication d’un meilleur partage des ressources, plusieurs idées nouvelles ont été exprimées, comme celle de ne plus lier subventionnement et diffusion dans un théâtre, en vue de faciliter la création dans l'espace public.

La question du partage des outils (celui des CCN) a été débattue, avec une demande d'accès des chorégraphes locaux aux studios ainsi qu'une possibilité pour des artistes régionaux de travailler avec des danseurs salariés du CCN pour des créations hors de la structure nationale. Chorégraphes associés va inviter tous les responsables des « résonnances » et les organisatrices du Manifeste nancéien (Sosana Marcelino et Pascale Manigaud) à un bilan qui servirait de base pour un revendication nationale.

Philippe Verrièle

En partenariat avec La Lettre du Spectacle n°493

Légende photo : La Manifeste à Nancy

Crédit photo : Clémence Brach

Dépenses culturelles : la crise déstabilise les budgets

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Source : Observatoire des politiques culturelles, 2021

L’Observatoire des politiques culturelles étudie chaque année les dépenses culturelles des collectivités et intercommunalités de plus de 20 000 habitants. La note de conjoncture qui vient de sortir confirme d’abord une tendance prévue à la hausse sur les budgets 2019-2020 : « 51 % de nos répondants annoncent des budgets de fonctionnement en expansion (dont 18 répondants à plus de 10 %) alors qu’ils sont 34 % à envisager une baisse et 15 % un budget stable ». Sur les 10 régions qui ont répondu, 7 indiquaient une hausse en fonctionnement et 3 une baisse. Sur 41 départements, 15 annoncent une baisse. La hausse l’emporte dans la plupart des grandes villes de plus de 100 000 habitants. Sur les 18 villes de l’échantillon, 12 augmentent leurs dépenses de fonctionnement. Dans la catégorie des villes de 20 000 à 100 000 habitants, les réponses sont partagées entre hausses et baisses.

Mais l’enquête s’est déroulée entre septembre et décembre 2020 et comment comparer cette période de crise avec les années précédentes ? Les projets annulés, les recettes qui ne rentrent pas, les dépenses de solidarité imprévues... Indice de cette tempête sur la gestion, le nombre de répondants, était cette année à la baisse. L’OPC a cherché à cerner les effets de la crise sanitaire. Un tiers des collectivités répondantes ont mis en place un  dispositif spécial d’aide aux activités artistiques et culturelles. C’est le cas de 8 régions sur 10. En revanche, seulement 8 grandes villes sur 18 et 12 villes de moins de 100 000 habitants sur 48 en ont institué. Les responsables des collectivités font part de trois fortes contraintes : la baisse des recettes liée à la fermeture des salles et musées, des dépenses imprévues pour la protection des personnels, une absence de consommation des crédits liée aux annulations.

Comment ont réagi les collectivités face à ces incertitudes ? L’étude ne peut pas encore répondre, car seule une vision précise des modifications budgétaires de l’été et de l’automne 2020 – et de la consommation réelle des crédits – permettra de savoir si les villes ont plutôt décidé de régler les commandes et embauches contractées et annulées, ou de reporter les crédits prévus, parfois en demandant le remboursement des acomptes alloués suite à l’annulation de spectacles. Une inconnue qui vaut aussi pour l’exercice 2021. Dans la perspective d’une baisse générale de leurs recettes, 57 % des collectivités préfèrent indiquer qu’elles s’en tiendront à la stabilité des dépenses.

Yves Perennou

En partenariat avec La Lettre du Spectacle n°493

Crédit photo : D. R.

Source : Observatoire des politiques culturelles, 2021

« Un plan de relance de 7,6 M€ en Île-de-France »

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Laurent Roturier

Entretien avec Laurent Roturier, directeur de la DRAC Île-de-France, président de l’association des DRAC.

A combien se montent les aides à la relance en Île-de-France ?
Le ministère de la Culture a déployé un volant inouï d’aides, à la mesure de la crise que traverse le secteur. Le plan de relance dont on parle ici est seulement une des facettes des plans qui ont été mis en place. Il y a eu aussi les allègements de charge, le chômage partiel, le fonds de solidarité... Et il vient en complément des crédits de droits commun qui s’élèvent à 68 millions d’euros pour la création en Île-de-France. Le plan de relance 2021 pour la DRAC d’Île-de-France, c’est 12 à 13 % de plus, à ce jour, soit 7,6 M€ qui sont mis en œuvre en deux vagues.

Qui en bénéficie ?
Sur l’ensemble du champ culturel, en intégrant les librairies, éditeurs, salles de cinéma, etc., 550 structures en ont déjà bénéficié. Sur la création, la première vague du plan de relance (4,6 M€) a permis de soutenir 200 opérations supplémentaires dont 60 compagnies indépendantes. Nous serons sur un chiffre équivalent pour la deuxième vague (3 M€).

Quelles sont les priorités ?
Nous avons deux grands objectifs qui correspondent aux priorités ministérielles : la sauvegarde, c’est-à-dire faire en sorte que l’on retrouve un écosystème intact après la crise. à ce titre, les lieux labellisés de l’état ont un rôle éminent. Et nous sommes attentifs à ce que cette pérennité soit assurée aussi grâce au maintien des aides des collectivités. La deuxième priorité est la relance : être prêt lorsque la date de réouverture sera donnée, qu’il n’y ait pas de contrainte économique qui freinerait la reprise. En Île-de-France, nous avons aussi des objectifs spécifiques : l’équilibre entre les territoires en raison de la grande hétérogénéité entre la capitale et la grande couronne. Nous allons donc vers des opérateurs jusqu’ici peu soutenus, comme les tiers-lieux en zones rurales et des opérateurs qui s’adressent à la jeune création.

Des exemples ? 
Je vous citerai un projet intéressant en Seine-et-Marne : la Douve blanche, à égreville, qui travaille avec les très jeunes talents de la musique électro. Dans l’Est parisien, je citerai la Station Gare des Mines (collectif MU) qui réunit une vingtaine d’associations. Il y a une volonté de la ministre d’aller vers les tiers-lieux. Nous avons choisi de ne pas travailler sous forme d’appel à projets. Nous faisons appel à la concertation avec les organisations professionnelles, les élus, et au travail d’expertise des équipes de la DRAC pour identifier des projets qui, jusqu’ici, ne pouvaient pas être soutenus parce qu’ils n’étaient pas dans les cadres habituels. La première vague a aussi permis de consacrer 1 M€ au projet de construction de la scène de musiques actuelles Forum II, à Vauréal, en investissement et 145 000 euros aux tiers-lieux. La deuxième vague est en train d’être programmée.

Interviendrez-vous, à la reprise, pour compenser les jauges réduites ? 
Nous travaillons depuis décembre avec le Centre national de la musique sur les questions de jauges. On étudie en ce moment la question des festivals qui sont susceptibles d’avoir des jauges progressives, pour, de la même manière, qu’on puisse les soutenir avec des interventions différentes selon les modèles économiques. Sur le champ privé non musical, c’est soit l’Association de soutien au théâtre privé (ASTP) qui finance, soit le ministère de la Culture via la DRAC, mais pas les deux en même temps. Nous pouvons intervenir auprès de structures privées pour des aides économiques. Ce qui compte, c’est la manière dont les charges artistiques sont prises en compte.

Quelles sont les perspectives pour 2022 ?
Le plan d’aide va se poursuivre en 2022, mais on ne connaît pas encore les volumes. Il y aura sans doute une phase de reconquête de public qui aura pris d’autres habitudes. Nous travaillons aussi sur la question des festivals on voit bien que le tendance n’est plus d’aller vers le gigantisme, mais sur la proximité, des esthétiques plus pointues, avec des publics plus réduits. Les limites du système se voyaient déjà avant la crise. On commence à voir s’esquisser ce que sera l’après-Covid pour la culture.

Propos recueillis par Yves Perennou

En partenariat avec La Lettre du Spectacle n°493

Crédit photo : Sothean Nhieim

Arts du cirque : vers une cité internationale à Vénissieux

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Hauts-Plateaux

C’est à Vénissieux que s’installera la future Cité internationale des arts du cirque, a annoncé la Métropole de Lyon. Ce projet porté par la compagnie MPTA (Mathurin Bolze) et l’école de cirque de Lyon (dont la plupart des élèves poursuivent leur parcours en écoles nationales supérieures), un temps envisagé à Saint- Genis-Laval, ouvrira sur le site du Puisoz, où est mené le projet d’urbanisation Grand Parilly. Quand ? « Tout ou partie de ce projet se fera sous cette mandature [2020-2026], espère Cédric Van Styvendael, élu en charge de la culture de la Métropole et maire de Villeurbanne, ajoutant : ce pôle a plusieurs “briques” ». Il s’agit, sur 10 000 m², a minima d’héberger l’école de cirque, à l’étroit dans ses actuels murs, d’accueillir des chapiteaux et d’avoir des espaces de travail.

Les artistes circassiens en manquent, même dans le Pôle national cirque de la région, La Cascade (Ardèche), où une salle d’entraînement est à venir. Il s’agit de « rassembler les espaces et activités à même d’accueillir l’ensemble de la filière cirque et soutenir sa structuration en étant un pôle de ressources pour l’ensemble des acteurs du territoire », selon la Métropole. Les professionnels pourront donc y côtoyer les amateurs. Le but n’est pas d’en faire un lieu de diffusion, mais ce pourrait être le cas à l’occasion notamment du festival UtoPistes, créé en 2011, en biennale, par la compagnie MPTA. La formation et l’entraînement sont au cœur de ce projet qui comprendra deux salles. Le financement reste à détailler car le choix très récent du lieu oblige à adapter ce qui avait été imaginé dans une autre commune depuis deux ans. Mais la Métropole principalement, la DRAC et la Région Auvergne-Rhône-Alpes  y participeront. La Métropole a déjà acté 2 M€ pour cette Cité du cirque lors du vote de la programmation pluriannuelle des investissements (PPI) en janvier et « 7M€ sur l’ensemble du projet ». 

Nicolas Dambre

En partenariat avec La Lettre du spectacle n°492

Légende photo : Hauts-Plateaux, de Mathurin Bolze, directeur de la cie MPTA qui porte la Cité avec l’école de cirque de Lyon.

Crédit photo : Brice Robert

Villeurbanne 2022, capitale des jeunes et de la culture

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affiche Villeurbanne

Villeurbanne, où la moitié des 150 000 habitants a moins de trente ans, met en avant la jeunesse pour le projet qui lui a valu, le 30 mars, le label de la Capitale française de la Culture, créé pour « mettre à l’honneur, tous les deux ans, le projet d’une commune ou un groupement de communes de 20 000 à 200 000 habitants se distinguant par le soutien à la création, la valorisation du patrimoine, la transmission artistique et culturelle et la participation des habitants ». La ville accolée à Lyon possède déjà des établissements culturels majeurs, entre autres, un centre dramatique national (CDN), un centre national des arts et de la rue et de l’espace public (Cnarep) et va déployer avec eux un « socle pérenne » et un autre « événementiel », de septembre 2021 à décembre 2022. Il s’agit d’embrasser l’année scolaire puisque de nombreuses actions seront en lien avec les écoles comme les Mini-mixes (mini centres culturels) ou via un atelier itinérant imaginé par Jean Bellorini. Le directeur du TNP poursuit dans ce cadre sa troupe éphémère et travaillera avec le chorégraphe Nicolas Musin à un spectacle mêlant sport et culture, Archipel.

Des projets déjà engagés seront amplifiés comme la venue du théâtre du Soleil avec L’Île d’or, en juin 2022. Cette troupe pourra, grâce à ce label, développer des rencontres entre les habitants et la troupe. Le Théâtre de l’Iris va pouvoir proposer Les Petites Cantines, projet social de quartier dans lequel des habitants sont invités à concevoir des repas chez eux pour les amener au théâtre et rencontrer les comédiens, assister à des impromptus théâtraux. Le Cnarep Ateliers Frappaz aura l’honneur d’inaugurer ce programme dès septembre 2021 avec son festival des arts de la rue, les Invites, puis de poursuivre en 2022 avec la Caravane des quartiers, une coopération entre la Côte d’Ivoire et une vingtaine de garçons et filles manipulateurs de la marionnette géante de Tchangara.

De nombreux appels à projets auront lieu pour que se mettent en place les 600 projets prévus. Le point d’orgue sera une « Grande Fête de la jeunesse », les 4 et 5 juin, dont le programme est encore vierge : « On ne sait ce que voudront construire les jeunes : de la musique, des déambulations, des restitutions de spectacles, des écrans…. Tout au long de l’année, ils auront été encadrés par des professionnels locaux issus de structures comme le TNP, les Ateliers Frappaz, l’Institut d’art contemporain, la compagnie KompleX KapharnaüM, l’école nationale de musique, le pôle Pixel dédié aux arts visuels et au cinéma… », précise Bernard Sevaux, directeur général adjoint à la culture, galvanisé par les possibilités qu’offre ce label. Le budget total de cette opération est de 3,5 millions d’euros (état 1 M€, Ville 1,5 M€, Métropole-Région 500 000 €, mécénat 500 000 €).

Nadja Pobel

En partenariat avec La Lettre du spectacle n°492

Crédit photo : D. R.

Ministère : que font les DRAC des crédits de la relance ?

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carte france

La ministre de la Culture avait annoncé, lors de la présentation du plan de relance 2021-2022 de la culture, une enveloppe de 432 millions d’euros au niveau national pour le soutien au spectacle vivant, dont 60 M€ déconcentrés en DRAC (soit 30 M€ en 2021 et 30 M€ en 2022). S’y sont ajoutés depuis le deuxième confinement, 20 M€ supplémentaires. Mais l’utilisation de ces crédits dans les DRAC reste une inconnue pour beaucoup d’opérateurs culturels. Nous avons interrogé les 12 DRAC de métropole. Deux d’entre elles ont immédiatement répondu, sur la part qui leur revient des 30 M€ de la  première annonce. Le dossier de presse national publié le 31 mars détaille certes des actions dans les territoires, avec une carte (culture.gouv.fr/carte-france-relance), mais il s’agit des chantiers de modernisation de transition écologique sur des bâtiments. Nous publierons la suite des réponses dans nos prochains numéros.

Bretagne : 1,2 M€ pour le spectacle vivant
La DRAC Bretagne dispose, à ce stade, pour le spectacle vivant dans le cadre du plan de relance, d’une enveloppe de 1,5 M€ en faveur de la transition énergétique et numérique des lieux de création (un appel à projets est en cours) et d’une enveloppe de 1,2 M€ pour la sauvegarde et la relance du secteur du spectacle vivant. « Il est trop tôt pour vous donner une réponse détaillée de l’affectation de ces crédits dans la mesure où celle-ci est en cours d’examen et nécessite une évaluation au cas par cas de chaque situation », indique La directrice de la DRAC Bretagne, Cécile Duret-Masurel. Toutefois, les grands axes sont :
• Le soutien aux équipes artistiques, particulièrement touchées par la crise ;
• Le soutien aux labels et réseaux du spectacle vivant pour accompagner la reprise d’activité et l’emploi à travers divers soutiens. Sont cités en exemples : 50 000 euros pour aider Spectacle vivant en Bretagne à financer des aides aux répétitions de reprise de spectacles et à la captation en sus de l’aide à la diffusion des compagnies et ensembles bretons ; 140 000 euros pour l’aide à la création théâtre, cirque, marionnettes-théâtre d’objets, arts de la rue et de l’espace public de la DRAC Bretagne : 26 projets de compagnies, ayant eu un avis favorable de la commission, seront aidés en 2021 pour un total de 445 000 euros. Sont également prévues des « enveloppes globales » pour répondre aux besoins et projets des labels et réseaux de l’état, mais aussi les scènes de territoire.

Pays de la Loire : trois priorités
La DRAC des Pays de la Loire va gérer 2,6 M€ dans le cadre des 30 M€ de la relance initiale annoncée pour 2021 (autant à venir pour 2022). La relance du secteur vivant musical est une des trois priorités. Il sera doté de 1,2 M€ en Pays de la Loire sur trois axes :
1) les équipes artistiques, les producteurs, la permanence artistique sur les territoires, l’emploi des artistes-interprètes (résidences) ;
2) les compositeurs et la création musicale (accompagner les structures de création et de diffusion : orchestres, opéras, SMAC, conservatoires) ;
3) les projets liés aux tiers-lieux et ateliers de fabrique artistique, portant sur un projet musical significatif et fortement impacté par la crise.
La deuxième priorité est la relance de la programmation spectacle vivant hors musique. Cela mobilisera 1,4 M€ pour la diffusion de spectacles des labels et réseaux, pour les équipes indépendantes les plus fragilisées par la crise et pour les projets en coopération liés aux lieux intermédiaires et ateliers de fabrique artistique non éligibles à d’autres dispositifs. La DRAC a réuni l’ensemble des acteurs concernés (60 lieux, 120 compagnies) par ces mesures de relance afin de préciser les axes de soutien et débattre de la reprise. Les dossiers qui s’inscrivent dans la relance seront largement majoritaires. On peut citer en exemple le laboratoire Dance, mené par la compagnie Yvann Alexandre (La Lettre du Spectacle du 2 avril) ou encore l’action du centre dramatique national Le Quai, à Angers, qui donnera une visibilité à l’automne aux compagnies régionales, en particulier vis-à-vis des programmateurs. Parmi les actions de sauvegarde prévues vis-à-vis des acteurs très sensibles à leur taux de recettes propres, la DRAC Pays de la Loire interviendra auprès de la scène de musiques actuelles Stereolux de Nantes. « Ce type de dossiers est toutefois minoritaire », précise-t-on à la DRAC. La part dévolue à la Région sur les 20 M€ supplémentaires annoncés par Jean Castex le 11 mars n’est pas encore connue.

Yves Perennou

En partenariat avec La Lettre du spectacle n°492

Crédit photo : D. R.

CDN : David Bobée s’installe au Théâtre du Nord

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David Bobée

David Bobée vient de terminer les auditions pour recruter la prochaine promotion de l’école du Théâtre du Nord : 800 candidats, 2 500 scènes de trois minutes dont 1 000 Musset ! Un parcours du combattant qui débouchera sur 50 présélectionnés et 14 élues ou élus. Le nouveau directeur du Théâtre du Nord s’avoue surpris, il n’a pas eu besoin d’action positive pour affirmer la diversité : « Je m’étais préparé à être volontariste. Quelque chose a changé. Beaucoup de classes préparatoires se sont développées et le niveau de ces jeunes est excellent parce que de grands artistes s’y sont engagés. Si, objectivement, je prends les meilleurs, il y a de la diversité. » L’école supérieure était une des motivations de David Bobée pour se porter candidat au centre dramatique national de Lille. à 42 ans, il sent que c’est le bon moment pour commencer à transmettre et il aime la ville, son ouverture sur l’Europe du nord : « Je suis un vrai viking, j’aurais du mal à travailler dans une ville du sud », lâche-t-il. Son arrivée a été mouvementée. à la crise de la Covid s’est ajoutée l’occupation du théâtre. Il assure de sa totale solidarité « avec les interluttants », et l’adaptation à l’événement lui a permis de rencontrer les interlocuteurs à la Ville, la préfecture, la police...

Alors qu’il reste à mi-temps directeur du CDN de Rouen jusqu’en septembre en attendant un successeur, il prépare aussi la programmation de Lille à partir de janvier 2022. Il y appliquera ses principes : du théâtre de texte sans opposer répertoire et auteurs vivants, porté par des formes transdisciplinaires, hybrides, des actions de médiation « redéfinies à l’endroit de l’humanité », c’est-à-dire pour nouer du lien au sein de populations « souvent tenues à distance », et puis des démarches pour attirer le plus grand nombre au théâtre avec des outils de communication, voire de marketing. Le mot de lui fait pas peur. « La dernière enquête décennale sur les pratiques culturelles des Français montrent un taux de fréquentation effrayant des théâtres », justifie-t-il. David Bobée restera à Lille un défenseur de l’égalité (parité dans la programmation et les moyens de production), de la diversité (un tiers de la programmation), des équipes régionales (un quart de propositions) et du public de demain : il engagera une démarche de responsabilité sociale des entreprises (RSE). Les artistes associés sont Armel Roussel, Eva Doumbia et Virginie Despentes qui écrira sa première pièce au Théâtre du Nord. En raison de la crise, David Bobée a levé le pied pour ses créations. Il répétera en mai un spectacle jeune public qui sera créé au Grand Bleu, il prépare un Edouard II « pour plus tard » et réfléchit à une création avec Joey Starr sur les littératures caribéennes (Black Label). Il reprendra Lucrèce Borgia à l’été 2022, pour lancer le rendez-vous Grand’place, en extérieur, devant le Théâtre du Nord. « Chaque année, je demanderai à un metteur en scène de monter une grand œuvre avec la façade en fond de décor ».

Yves Perennou  

En partenariat avec La Lettre du Spectacle n°491

Légende photo : David Bobée

Crédit photo : Julien Pebrel

Budgets culturels : la Fnadac craint l’onde de choc

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Christophe Bennet

De bonnes intentions qui peinent à se traduire en crédits. Tel est l’enseignement de l’enquête flash que publie la Fédération nationale des directeurs d’affaires culturelles (Fnadac). 150 DAC ont répondu à 7 questions. 14 % des collectivités seulement ont voté une hausse des budgets culturels cette année. Or, les Régions et Départements qui sont en période préélectorale occupent une bonne place dans cette minorité. « La tendance est à la baisse du côté des villes », confirme Christophe Bennet, président de la Fnadac et directeur de la culture et du patrimoine de Cergy. Il souligne des risques de décalage entre l’affichage et la réalité, « entre le budget prévisionnel et le budget qui sera réalisé à l’aune d’une situation en 2021 comparable à celle de l’an passé. » Or la non consommation des crédits est une incitation à la baisse des budgets futurs. L’inquiétude porte donc à ses yeux sur 2022, quand les collectivités feront face à la crise sociale, tout en ayant perdu la bienveillance de l’état sur la limitation de leurs dépenses.

L’étude confirme qu’une majorité de collectivités n’a pas fait jouer le principe de solidarité en payant les cessions annulées et les subventions. 55 % des DAC interrogés estiment que le soutien au secteur culturel par leur collectivité a été minimal voire insuffisant. « Peut-être qu’il y avait des besoins ailleurs, et qu’il y avait un manque à gagner de recettes fiscales, convient Christophe Bennet. 80% des maires se disent solidaires. Mais certains ont choisi d’indemniser totalement, d’autres à 50 %, d’autres non. Certains se sont engagés à donner à travailler aux artistes et techniciens du spectacle, autrement que sur les actions annulées. » Pour y remédier, Christophe Bennet ne voit guère d’autres solutions qu’une concertation dynamique entre collectivités sur les questions culturelles : « Parfois les élus, même militants, vont préférer privilégier les structures de proximité plus que soutenir des opérateurs culturels nationaux dont ils considèrent qu’eux sont aidés par l’état. Pire, parfois, comme ils voient que l’état, la Région ou le Département donnent davantage à cause de la crise, ils se disent qu’ils peuvent utiliser ces fonds pour d’autres choses. »

Yves Perennou  

En partenariat avec La Lettre du Spectacle n°491

Légende photo : Christophe Bennet

Crédit photo : D. R.

Covid-19 : pas de risque aggravé avec les instruments à vent

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Orchestre de chambre de Paris

La recherche PIC-PIV lancée voici un an par la Chambre syndicale de la facture instrumentale (CISV) avec de multiples partenaires a livré une moisson de résultats, fin mars. L’objectif était de répondre à des questions essentielles pour les professionnels de la musique : est-il dangereux de pratiquer des instruments de musique ? Que doit-on savoir pour manipuler ces instruments ? Fanny Reyre-Ménard, vice-présidente, peut aujourd’hui répondre avec assurance : « Non, ce n’est pas dangereux. Les particules projetées sont moins nombreuses, plus petites, moins chargées en virus. Et elle sortent à petite vitesse. » Toute l’intérêt de cette affirmation repose sur le sérieux du travail mené depuis un an, confronté aux résultats d’une quinzaine d’autres programmes dans le monde. « Au début de la pandémie, on a entendu tout et n’importe quoi à propos de la pratique instrumentale, jusqu’à des gens en Allemagne qui prétendaient qu’il fallait se tenir à 12 mètres d’un trompettiste. Il était nécessaire de mener un travail de fond. »

Bien nettoyer l’instrument
Le programme a commencé par construire des fiches pratiques sur la désinfection des instruments : quels produits, quelles techniques en fonction des matériaux ? Des ingénieurs de la facture instrumentale, des scientifiques, des spécialistes de la circulation des liquides et des gaz ont aidé à déterminer des modèles qui ont finalement été confrontés au virus réel, dans le laboratoire UVE (Unité des virus émergents) de la Faculté d’Aix-Marseille : « On a ainsi fait valider des protocoles que chacun peut s’approprier, poursuit Fanny Reyre Ménard. Nous avons mis certains produits de côté et nous avertissons contre l’usage des UV. » Des études ont porté sur la propagation des aérosols pendant que joue un ensemble instrumental. Une expérience menée dans une salle de répétition de la Philharmonie de Paris a permis de mesurer l’importance de la ventilation. Si le protocole recommande une distance de deux mètres entre chaque musicien, c’est en raison de la règle sanitaire en France qui impose cette distance sur le lieu de travail en cas de non-port du masque.

Chanter masqué 
Le chant a fait l’objet d’études particulières. Là, les résultats confirment malheureusement l’intuition. « L’idée qu’avec 2 mètres de distanciation, on pouvait chanter sans masque n’a pas résisté. Donc les chanteurs doivent porter des masques, sauf à être testés, évidemment. La bonne nouvelle, c’est l’efficacité totale des masques, même en situation de chant ».
Une des conséquences de l’étude est de montrer que les conservatoires pourraient être ouverts aux adultes, un enjeu important pour la pratique en amateur. Du côté professionnel, la recherche signifie aussi la possibilité d’accueillir du public en salle ou en plein air, assis et masqué, dans une salle où joue un orchestre, avec des chanteurs masqués. Ces constats seront-ils suivis d’effet dans la réglementation ? Le ministère de la Culture accompagne et même finance cette recherche. Il a fait référence aux guides PIC-PIV pour la désinfection des instruments. Reste à franchir tous les étapes du parcours administratif. Autre enseignement essentiel pour Fanny Reyre-Ménard, le monde musical et la filière de la facture instrumentale ont montré leur capacité à travailler main dans la main sur un projet au service de toute la communauté musicale.

Yves Perennou  

En partenariat avec La Lettre du Spectacle n°491

Légende photo : Avec les musiciens de l’Orchestre de chambre de Paris

Crédit photo : D. R.

Que faudra-t-il garder des idées de 2020 ?

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Marc Lainé

Des vidéos, des lectures mais aussi des rencontres en chair et en os avec le public ou des échanges individuels d’artiste à spectateur…. Certaines actions seront pérennisées.

« Ne pas surcharger les propositions mais que les projets fassent sens pour l’équipe. » Voilà comment Sandrine Mini définit son état d’esprit presque un an après l’apparition de la Covid en France. En 2020, passé le temps de la sidération, au Théâtre Molière de Sète qu’elle dirige, elle a cousu de la dentelle en auscultant les besoins précis des artistes et spectateurs autour d’elle. Avec ces derniers, elle a fait faire une série de portraits. Assis dans un fauteuil rouge « marqueur du théâtre » posé dans le quartier qu’ils habitent, ces visages témoignent de la diversité du public dans le bassin de Thau sur lequel s’implante cette scène nationale. « On va continuer cette série de photos avec des portraits de nos partenaires – hôteliers, traiteurs… » pour montrer les métiers annexes du théâtre et que cela est une économie induite sur la ville. » Ces clichés seront exposés en grand sur les barrières de l’immense chantier en face au théâtre. Ainsi « de ces idées nées dans un contexte particulier, nous développons des méthodologies de travail ».

[…] Lire La suite dans La Scène n°100 – Printemps 2021

Par Nadja Pobel

Légende photo : Marc Lainé, directeur de la Comédie de Valence

Crédit photo : Christophe Raynaud de Lage