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Aides Covid : l’heure des premiers bilans

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Vincent Moisselin

Le secteur du spectacle vivant se félicite des aides, même si la longue fermeture au public des établissements culturels reste incompréhensible à beaucoup d’acteurs du secteur.

Difficile de dresser un panorama exhaustif des aides ayant permis de soutenir le secteur culturel tant les programmes ont été nombreux. Les plus connus émanent du ministère de la Culture, de Régions ou de grandes villes. Les plus confidentiels sont l’œuvre de villes moyennes ou de départements pour soutenir les acteurs culturels de leur territoire. On ne reviendra pas ici sur les aides générales aux entreprises (fonds de solidarité, exonérations de cotisations, prise en charge de l’activité partielle) dont ont pu bénéficier les entreprises culturelles. Ni sur l’année blanche pour les intermittents, devant initialement prendre fin au 31 août et prolongée jusqu’à la fin décembre. Premières à être annoncées, les aides de l’état ont été régulièrement renouvelées, pour répondre aux conséquences économiques de la fermeture des établissements culturels. Début juin, Roselyne Bachelot annonçait dans Le Monde : « [Au total] 12,4 milliards d’euros d’aides ont été consacrés au secteur. » à l’été dernier, les mesures de sauvegarde s’élevaient à 66 millions d’euros pour les entre­prises de spectacle vivant musical et théâtral (répartis entre le Centre national de la musique (CNM) et l’Association pour le soutien du théâtre privé (ASTP)).

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Par Tiphaine Le Roy

Légende photo : Vincent Moisselin, directeur du Syndeac

Crédit photo : D. R.

Avignon : une édition sans pareille

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Emilie Audren

Malgré les contraintes qui demeurent, professionnels et grand public sont attendus de pied ferme dans la cité des Papes. La vie reprend, les enjeux sont toujours aussi forts.

Avec 1 070 spectacles programmés contre 1 592 en 2019, le Festival d’Avignon retrouve une configuration qui était la sienne voici plus de dix ans. En 2010, on dénombrait 1 077 spectacles avant une croissance folle et ininterrompue dans les années qui ont suivi. 116 lieux sont inscrits auprès d’Avignon AF&C, pour 139 lieux comptabilisés lors de la dernière édition, en 2019. L’adaptation a été nécessaire pour tous de manière à se conformer aux exigences du protocole sanitaire transmis mi-mai par la Direction générale de la création artistique (DGCA) à AF&C, qui s’est chargée de le faire parvenir aux différents lieux. Parmi ceux-ci, la nécessité d’aérer et de désinfecter les salles entre chaque représentation. Avec pour conséquence une réduction mathématique du nombre de créneaux disponibles dans une journée, même si certains ont fait le choix de débuter plus tôt la journée du festivalier. Des 8 créneaux possibles dans les salles où les enchaînements sont les plus « tendus », on est souvent passé à 5 ou 6 sur la journée. Certaines compagnies se sont désistées au vu des conditions proposées cette année, de l’incertitude liée à la fréquentation, notamment professionnelle, et du risque financier encore accru pour des équipes déjà bien secouées par la crise.

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Par Cyrille Planson

Légende photo : Emilie Audren, directrice déléguée de la Manufacture

Crédit photo : D. R.

Les régies directes en souffrance

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Aline Sam-Giao

Les salles ayant le statut de régie directe n’ont pas été éligibles aux dispositifs d’aides de l’état durant la crise sanitaire. 

« Le déficit de l’Auditorium de Lyon se chiffre à 1,8 M€ en 2020 et plus d’un million en 2021 » calcule sa directrice Aline Sam-Giao. Une fois tous les contrats prévus honorés malgré les deux temps de fermeture et le « manque à gagner » de la billetterie qui représente 30% de son budget, les comptes sont dans le rouge. Les 300 000 € d’aide, dont une très large partie émane du CNM, ne permettent pas de redresser la barre. Pas d’exonération de charges ni de chômage partiel pour ces structures en régie directe. Dont acte. Mais la directrice en appelle à l’état sans être entendue jusque-là. « Je pense que la doctrine du quoi qu’il en coûte a changé. » Et ce qu’elle pointe en premier lieu est la « rupture d’égalité » avec d’autres lieux aux missions similaires mais aux statuts différents alors que l’Auditorium de Lyon (69) a un label national. Pour l’instant, le déficit de 2020 a été absorbé par les réserves propres dédiées à l’artistique de cet établissement, mais l’argent manquant de 2021 entraîne une prudence quant à la nouvelle saison : pas moins ambitieuse, elle est répartie de sorte que de septembre à décembre il y ait des productions équilibrées.

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Par Nadja Pobel

Légende photo : Aline Sam-Giao, directrice de l’Auditorium de Lyon

Crédit photo : Ava du Parc

Copie privée : partie de poker autour des appareils reconditionnés

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week-end créatif de l’Adami

La filière culturelle n’a pas attendu l’examen, le 10 juin, à l’Assemblée nationale de la proposition de loi visant à réduire l’empreinte environnementale du numérique. Celle-ci recèle l’enjeu de l’exonération de copie privée pour les téléphones mobiles reconditionnés. Des abattements applicables aux appareils et tablettes de ce type ont été votés le 1er juin par la Commission pour la rémunération de la copie privée. Les ponctions seront de 40 % inférieures à celles pratiquées sur les appareils neufs (- 35 % pour les tablettes). Le monde de la culture a engagé une partie de cartes avec un acteur qui ne cesse de prendre du poids. « Le taux de pénétration du reconditionné est passé de 10 % il y a peu à 15 % et atteindra rapidement les 30 à 40 % », souligne Jean-Noël Tronc, directeur de la Sacem. Les « reconditionneurs » peuvent de plus se prévaloir d’une double aura positive : sociale et écologique. Capables de jouer le va-tout de l’économie sociale et solidaire à travers Emmaüs Connect comme celui du « vert », le principe du reconditionnement se coulant dans l’économie circulaire.

La culture, elle, défend son 1,3 million d’emplois et ses revenus. « 12 000 artistes ont bénéficié d’aides d’urgence dans le cadre de la crise sanitaire », souligne la comédienne Anne Bouvier, présidente de l’Adami. « Dans la mosaïque de droits des artistes, 75 % de ce qui provient de la copie privée constitue pour les artistes un revenu, tout simplement. » Bruno Boutleux, président de Copie France, directeur de l’Adami, signale que « 64 % des festivals de musique sont financés grâce à la copie privée. Celle-ci peut occuper jusqu’à 7 euros sur le prix d’un billet ». La filière du spectacle vivant est structurée par les aides des sociétés de gestion, que l’État aurait bien du mal à compenser. On comprend donc que le maintien des appareils reconditionnés dans la copie privée bénéficie du soutien politique du Premier ministre (le gouvernement a pesé pour la mise en place de l’étude qui a abouti à de nouveaux barèmes), de Jack Lang et de l’actuelle ministre de la Culture, Roselyne Bachelot.

Nicolas Mollé

En partenariat avec La Lettre du Spectacle n°496

Légende photo : Un week-end créatif de l’Adami à la Gaîté lyrique, à Paris, en 2019

Crédit photo : Quentin Chevrier

« Les reconversions touchent un intermittent sur deux »

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Carole Zavadski

Entretien avec Carole Zavadski, déléguée générale de la Commission paritaire nationale emploi formation spectacle vivant (CPNEF-SV).

La crise sanitaire crée-t-elle une urgence sur les reconversions ?
Eviter les reconversions massives des professionnels du spectacle vivant est une préoccupation majeure. La question des transitions professionnelles n’est pas nouvelle. L’augmentation du nombre de salariés depuis les années 2000 masque un fort taux de rotation des effectifs :  on compte environ 40 % de nouveaux entrants annuellement, et presque autant de sortants. Cette volatilité concernait les plus précaires et les occasionnels qui ne cherchaient pas à faire carrière. Aujourd’hui, les reconversions touchent des artistes et des techniciens bien insérés, près d’un intermittent sur deux, les auteurs-compositeurs, les indépendants et les jeunes sortant d’écoles spécialisées. Les personnels administratifs, plus fréquemment permanents, semblent moins concernés. Selon notre diagnostic-action sur l’impact de la pandémie : 10 % des professionnels seraient déjà reconvertis, 12 % s’y préparent et 31 % l’envisagent. Un quart des reconversions seraient définitives.

Quelles sont les différentes sortes de reconversions ? 
Jusqu’ici, les reconversions s’effectuaient au sein du spectacle vivant, par des changements de métiers correspondant à des évolutions de carrières positives. On constatait également de nombreux cas de multiactivité : le métier d’origine étant exercé dans des secteurs connexes tels que l’événementiel, l’audiovisuel, le loisir, l’animation socioculturelle. Mais ces secteurs ont été également très impactés, limitant les possibilités de mobilité. Ceux qui ne peuvent attendre la reprise se tournent vers de nouveaux secteurs, quitte à devoir changer de métier. Les techniciens se sont, par exemple, tournés vers le bâtiment ou le transport. Les opportunités sont plus complexes pour les artistes. Dans tous les cas, ces reconversions subies sont difficiles à vivre.

L’offre de formation va-t-elle s’adapter ? 
Les difficultés ne concernent pas tant la composition de l’offre de formation que son accès : son financement et les possibilités d’inscription dans le bon timing. De plus, pour réussir les reconversions, il faut des solutions individualisées. Avec la danse et le cirque, on sait qu’il s’agit de processus longs, tenant compte des attentes des personnes et de la faisabilité du projet. Les organismes de formations devront développer des accompagnements pour tous les métiers, en proposant des bilans de compétences ou du conseil. Coté entreprises, bien que fragilisées, elles conservent un rôle central de soutien à leurs équipes afin d’éviter la perte des compétences. Des aides massives sont donc réclamées afin de l’éviter, lutter contre les inégalités et permettre la reprise sans que l’emploi artistique ne devienne la variable d’ajustement.

Propos recueillis par Nicolas Mollé

En partenariat avec La Lettre du Spectacle n°496

Crédit photo : D. R.

Danse : l’école Béjart à l’arrêt

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Béjart

L’annonce le 28 mai, par le Conseil de Fondation du Béjart Ballet, de la fermeture de l’école-atelier Rudra Béjart Lausanne traduit la complexité de la succession du chorégraphe du Boléro. Michel Gascard, le directeur, a été licencié avec son épouse Valérie Lacaze, régisseuse de l’école. Rudra est la seule école de ce genre. Elle forme 40 danseurs sur 2 ans. Sa réputation est mondiale depuis 1992. Selon le communiqué, le Conseil de Fondation du Béjart Ballet Lausanne aurait, en février, « pris connaissance d’éléments préoccupants mettant en cause la direction de l’école-atelier Rudra Béjart Lausanne, l’obligeant à réagir immédiatement », en ajoutant, cependant, que la fondation ne donnerait pas de détails concernant l’audit commandé en février, et précisant que « par égard pour toutes les personnes concernées, le contenu du rapport ne sera pas évoqué plus avant » et qu’il n’y aurait pas de suite pénale. Michel Gascard, danseur emblématique de la compagnie de Béjart où il est entré à 17 ans, a cessé de danser en 1992, mais est resté proche du chorégraphe et impliqué dans la formation. Il est devenu directeur adjoint de l’Atelier Rudra en 1993 et, à la mort de Béjart, il a repris l’école.

Comme le dit l’un des responsables du Béjart Ballet, « au moment de la mort de Maurice, la priorité c’était de s’occuper de la compagnie dont l’existence n’était pas assurée. L’école roulait parfaitement, il n’y avait aucune difficulté et Michel Gascard connaissait le fonctionnement sur le bout des doigts. » Mais Gascard est aussi propriétaire de la marque « Atelier Rudra » et tire sa légitimité de Béjart lui-même. L’école est hébergée par la compagnie et en dépend pour son fonctionnement. Il y a trois ans, la Fondation Leenaards qui apportait 200 000 francs suisses (sur un budget de 850 000) annonçait qu’elle cesserait son soutien d’ici 2021. Surtout, Michel Gascard et Gil Roman ne s’entendent guère et ce dernier est titulaire du nom « Béjart Ballet ». La Ville de Lausanne qui verse 5 millions de francs suisses par an à la compagnie n’entend pas être associée aux accusations de harcèlement, surentraînement et d’ambiance tyrannique. L’audit a donc été élargi à tout le Béjart Ballet et à toutes les structures culturelles lausannoises. Les victimes sont surtout les élèves qui se pressaient pour suivre cette formation prestigieuse qui leur assurait une place dans les meilleures compagnies du monde. Les responsables, en interne, assurent qu’une école sera créée pour la rentrée 2022.

Philippe Verrièle

En partenariat avec La Lettre du Spectacle n°496

Légende photo : Célébration des 25 ans de l’école en 2018

Crédit photo : D. R.

Les années Lang. Histoire des politiques culturelles. 1981-1993

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Couv Les années Lang

Il fallait pour commémorer cet anniversaire – celui de l’élection de François Mitterrand en mai 1981 – un ouvrage de référence qui puisse faire la synthèse de politiques culturelles dont la trajectoire, certes contrariée, est toujours à l’œuvre aujourd’hui. Une quarantaine de contributions sont ici rassemblées, chacun des protagonistes, pour la plupart universitaires, revenant sur un aspect de ces « années Lang », les jeux et les enjeux de pouvoir, les grandes réalisations. L’ouvrage est d’une grande clarté. Après un aperçu des « débats et des combats de l’époque » (l’antiracisme, les controverses autour de l’art contemporain, la question de la hiérarchisation et des légitimités culturelles…), on croise avec plaisir les grandes figures de ce temps (Maurice Fleuret, René Rizzardo, émile Biasini…) et la manière dont les grandes administrations et institutions ont été transformées, repensées, à cette époque.

L’ultime partie de cette somme d’une remarquable précision est consacrée à chacun des champs disciplinaires, expliquant comment dans chaque domaine le politique a pensé son action, livrant au lecteur le rôle fondamental qu’ont joué dans cette construction progressive les « grands serviteurs de l’état » qui accompagnaient alors Jack Lang, hommes de l’art comme de l’administration, stratèges roués et bâtisseurs enthousiastes (Robert Abirached, Maurice Fleuret, Bernard Faivre d’Arcier…). Fouillé, documenté et réservant une lecture agréable, cet ouvrage est une traversée qui se distingue par la qualité de son analyse critique.

Vincent Martigny, Laurent Martin et Emmanuel Wallon (dir.)

La Documentation française, 602 pages, 27 €

Opéra d’Avignon : le ballet va changer de cap

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L’art d’aimer

Frédéric Roels, directeur de l’Opéra Grand Avignon, a adressé un mot chargé d’émotion au public, le 22 mai, pour le premier spectacle de la saison, L’Art d’Aimer, chorégraphie de Jean-Claude Gallotta pour le ballet de l’opéra. C’est aussi le premier spectacle de son mandat commencé le 1er septembre 2020 dans un théâtre en chantier. « Les travaux sont finis, souffle-t-il. L’inauguration aura lieu en octobre. » Le budget atteint 19 millions d’euros. « Il a fallu reprendre des fondations jusqu’à la toiture. Tout a été refait sauf la maçonnerie principale, mais l’esprit du bâtiment a été préservé. » Depuis 2017, les spectacles se déroulaient à l’Opéra Confluence, salle provisoire en bois qui sera démontée et revendue.

Cette troisième semaine de mai s’achevait la réception des candidatures pour la direction du ballet de la maison, une compagnie de 12 danseurs. Il y a eu 41 candidats, autant que pour le CCN de la Rochelle, a priori plus prestigieux. Cet intérêt tient aussi à la rupture que souhaite le directeur : « l’Art d’Aimer, de Jean-Claude Gallotta, est emblématique de l’orientation que je souhaite donner à ce ballet. Il avait une direction néo-classique avec éric Belleau, restait très centré sur Avignon où il donnait quelques spectacles et pas de tournée importante. Il faut le faire évoluer vers des esthétiques plus ouvertes avec quelques grands noms de la danse qui étoffent le répertoire et des pièces susceptibles de tourner. »

Ce projet se traduit dans la recherche d’un directeur qui soit chorégraphe à temps partiel, ayant déjà sa compagnie. « Quelqu’un qui a une certaine réputation et qui permette de faire tourner le ballet sur son nom et son réseau. Par ailleurs, je souhaite qu’il y ait des signatures diverses. Le directeur sera le garant artistique, s’occupera des danseurs et de leur évolution, proposera son travail mais laissera aussi du temps pour d’autres écritures. Nous avons une maîtresse de ballet qui s’occupe au quotidien de la compagnie, elle l’a gérée seule pendant une saison, mais nous avons besoin d’un chorégraphe pour l’avenir. » Cinq productions sont annoncées pour la saison à venir, une tournée du ballet en janvier 2022 et des perspectives : « L’idéal serait d’avoir un ou deux danseurs en plus pour permettre cette activité. »

Philippe Verrièle

En partenariat avec La Lettre du Spectacle n°495

Légende photo : L’art d’aimer, chorégraphie de Jean-Claude Gallotta

Crédit photo : Mickael & Cédric Studio Delestrade

Le Gymnase ferme pour travaux

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théâtre du Gymnase

Le Théâtre du Gymnase, à Marseille, sera fermé pour au moins deux ans à partir de septembre. En cause : les poutres qui soutiennent les balcons de ce théâtre à l’italienne se désolidarisent des murs porteurs. Dominique Bluzet, directeur des Théâtres, à Aix et Marseille, détaille : « En février 2020, nous avons appris qu’il fallait reconstruire le théâtre. Les balcons ont été fermés au public, la jauge passant de 680 à 180 places. La situation aurait peut-être pu durer sans problème dix ans, mais après le drame de la rue d’Aubagne, la ville est marquée par l’état de délabrement. À cela s’ajoute l’élection surprise de l’équipe du Printemps Marseillais qui a retardé la prise de décision. Le nouveau maire, Benoît Payan, m’a reçu en janvier, il était convaincu du bien fondé des travaux. »

Une enveloppe d’un million d’euros a été votée en avril par le conseil municipal pour mener des études qui s’achèveront avant l’été. Les travaux se chiffreront à beaucoup plus et leur financement n’est pas encore défini. Au risque que le Théâtre du Gymnase ne rouvre jamais ? « Non, c’est le plus vieux théâtre de Marseille, un lieu de mémoire, situé en haut de la Canebière. Les autres théâtres de la ville, comme la Minoterie, le Merlan ou la Criée, ont été restaurés. En septembre 2024, après la rénovation du Gymnase, je songerai à rénover la direction, je partirai à la fin de la saison 2025-2026 en transmettant un outil en état de marche », confie le directeur âgé de 62 ans.

Avant la fin des travaux, une brasserie et un lieu de résidence d’artistes devraient ouvrir à côté du Gymnase. Dès la rentrée, une grande opération hors-les-murs intitulée « Aller Vers », en grande partie financée par le Département des Bouches-du-Rhône, proposera des spectacles souvent gratuits dans des cafés, des églises ou des villages. Avant sa fermeture, le Théâtre du Gymnase accueillera en septembre la pièce Le Cabaret des Absents, de François Cervantes, inspirée de l’histoire de ce lieu sauvé au début des années 1980 par un milliardaire américain.

Nicolas Dambre

En partenariat avec La Lettre du Spectacle n°495

Crédit photo : D. R.

L’Entresort devient centre national de la création adaptée

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Madeleine Louarn et Jean-François Auguste

Le Théâtre de L’Entresort, dirigé par Madeleine Louarn à Morlaix (29), prend le titre de « centre national pour la création adaptée ». Première institution de ce type en France dans le spectacle vivant, elle se donne comme objectif d’« amplifier l’inscription dans l’histoire de l’art des gestes artistiques réalisés avec des hommes et des femmes en situation de handicap ou de fragilité ».

Le Théâtre de l’Entresort est né de l’atelier de pratique artistique « Catalyse » créé, il y a 36 ans, à Morlaix par Madeleine Louarn, alors éducatrice spécialisée dans un centre pour personnes en situation de handicap mental. Elle est devenue metteuse en scène et Catalyse est aujourd’hui une troupe de 7 actrices et acteurs, professionnelle depuis 1994. Ensemble, ils s’apprêtent à participer au Festival d’Avignon (programmation « In »), avec Le Dernier Voyage de Gulliver, mis en scène par Madeleine Louarn et Jean-François Auguste, pour la troisième fois, après les succès du Grand Théâtre d’Oklahoma (2018) et Ludwig, un roi sur la lune (2016).

Cette reconnaissance institutionnelle accompagne l’installation du SE/cW (prononcer « siou »), équipement culturel inauguré par étapes depuis avril 2020 qui réunit, dans l’ancienne Manufacture des tabacs de Morlaix, le cinéma arts et essais La Salamandre, le Théâtre de l’Entresort et l’association Wart organisateur du Festival Panoramas et agent d’artistes de la scène électronique française. « L’Entresort devient un lieu de création qui a pour mission de travailler dans la mise en relations des artistes, pas uniquement autour de projets artistiques que nous mettons en œuvre », expose Madeleine Louarn.

Le programme d’actions est intitulé « par brigandage artistique, entrer dans l’histoire ». Il implique un « phalanstère » d’artistes extérieurs : Jean-François Auguste, Olivier Martin-Salvan, Bernardo Montet, Rodolphe Burger, Hélène Delprat, Hélène Le Cam. Entresort aura aussi fonction de centre d’actions artistiques et culturelles, « pour créer les conditions multiples de l’accès des personnes vulnérables et de tous les publics à l’expérience culturelle ». Il sera enfin un lieu de recherche et de formation. Le centre national bénéficie d’un soutien de la DRAC, la Région, le Département, l’agglomération et la Ville, et poursuit la convention avec l’association des Genêts d’or pour la prise en charge et l’accompagnement de personnes en situation de handicap. Il va aussi s’appuyer sur un fonds de dotation collectant les dons de particuliers ou de fondations d’entreprise.

L’équipe permanente se compose de Thierry Séguin (direction), Isabelle Philippo (gestion), Aurore Thomas (production), Tatiana Orain (communication), Leslie Six (recherche et action culturelle), Christelle Pellen (chercheuse associée).

Yves Perennou

En partenariat avec La Lettre du Spectacle n°495

Légende photo : Madeleine Louarn et Jean-François Auguste mettent en scène Le Dernier Voyage de Gulliver, au prochain Festival d’Avignon.

Crédit photo : Christian Berthelot