Festivals : le pass sanitaire, un frein à la réservation

    Rio Loco 2021

    Le Syndicat des musiques actuelles dénonce « une situation intenable » pour les festivals de l’été, à cause de la mise en place d’un pass sanitaire pour tous les événements de plus de 1 000 personnes. « Les publics, n’adhèrent manifestement pas à l’accumulation des contraintes sanitaires », note le SMA, les ventes de billets sont souvent à l’arrêt. Une situation que confirme Alain Navarro, directeur artistique du festival Pause Guitare (Albi) : « Nous souhaitons l’annulation du pass sanitaire. Il est fortement rejeté par le public alors que le taux d’incidence est très bas. Une trentaine de festivals m’ont confié que leurs ventes stagnaient. Nous n’avons vendu mi-juin que 40 % des 25 000 billets nécessaires pour atteindre l’équilibre financier. » Pause Guitare est passé de 4 soirées à 10 soirs de concerts devant 3 000 personnes. Musicalarue, à Luxey dans les Landes, s’est lui aussi rallongé, sur 9 jours, afin de respecter la contrainte de 5 000 personnes, assises et distanciées. Son président, François Garrain, pressent : « Certains festivaliers devront se faire tester trois fois pendant Musicalarue puisque le test est valable 48 heures. Luxey, 700 habitants, n’a ni médecin, ni laboratoire, ni pharmacie. Beaucoup de personnes attendront le dernier moment, c’est-à-dire le résultat de leur test, avant d’acheter leurs billets. »

    Europa Vox, organisé du 25 au 27 juin à Clermont-Ferrand, a pris les devants pour inciter le public à venir, avec une opération de dépistage par tests PCR salivaires – et non nasopharyngés – organisée par la préfecture et l’Agence régionale de la Santé et l’assurance qu’un pass sanitaire valide présenté le premier jour du festival fera foi pour les jours suivants. À Toulouse, Rio Loco (du 13 au 20 juin) a essuyé les plâtres du pass sanitaire et mis en place à ses frais un centre de dépistage à son entrée. « Les deux premiers jours, 20 à 25 % des gens ayant acheté un billet ne se sont pas présentés. Sans doute découragés par le test PCR, ou par le fait de devoir prendre rendez-vous pour l’effectuer. Nous avons alors massivement communiqué sur notre centre de dépistage qui a vu passer près de 200 personnes par jour », livre Virginie Choquart, directrice des musiques à la Ville de Toulouse.

    Jérôme Tréhorel, directeur du festival des Vieilles Charrues, analyse : « Les gens ne comprennent pas le pass sanitaire. C’est compliqué, entre par exemple les 14 jours après une vaccination à deux doses, ou 28 jours après un vaccin unidose pour valider le pass… Il ne pourra pas durer cet automne, sinon le public n’ira pas deux ou trois fois par semaine à des concerts. En milieu rural, se faire tester est difficile et ce n’est pas notre métier. » Le festival indique au public les endroits où se faire tester. L’obligation de ce pass et son coût (embauches, billetteries en berne…) sont dénoncés par le SNES (Syndicat national des entrepreneurs de spectacles), qui y voit une iniquité par rapport aux musées ou aux parcs de loisirs. Lors de la réunion, le 21 juin, de neuf organisations professionnelles autour du président de la République, ce dernier a fait savoir que le pass sanitaire était non négociable pour les rassemblements de plus de 1 000 personnes.

    Nicolas Dambre

    En partenariat avec La Lettre du Spectacle n°497

    Légende photo : Rio Loco 2021, à Toulouse 

    Crédit photo : D. R.