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L’IA, aux multiples facettes

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Android Opera Mirror

Depuis son irruption récente dans le paysage culturel, l’intelligence artificielle intrigue, inquiète et fait rêver, tant ses applications sont immenses. Et encore mal encadrées.

Voici quelques semaines, Les Beatles, séparés depuis cinquante-trois ans, sortaient un nouveau titre – Now and Then – enregistré et mixé grâce à une intelligence artificielle. Ce projet des deux membres encore en vie du groupe, Paul McCartney et Ringo Starr, prolongeait une maquette de John Lennon enregistrée dans les années 1970, et transmise par sa veuve, Yoko Ono, aux membres du groupe qui avaient tenté, sans succès, dans les années 1990, d’extraire la voix de John Lennon en haute définition pour produire le titre. Une application vertigineuse, une de plus, due à l’intelligence artificielle, cette IA dont on ne cesse de parler depuis des mois et dont on peine encore à imaginer ce qu’elle pourra avoir comme conséquences réelles dans la production et la diffusion du spectacle vivant. Pour la production musicale, les applications possibles sont immenses, en témoigne ce « nouveau titre » des Beatles ou Heart on My Sleeve, ce faux duo créé entre le rappeur Drake et The Weeknd, écouté plus de 10 millions de fois sur TikTok en quelques heures. Pour Drake, « l’IA,  c’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase », tandis que le rappeur Ice Cube, dans son podcast, la qualifie de « démoniaque ». La crainte d’être dépossédé de son business est forte, même parmi ses têtes de gondoles nord-américaines qui plaident déjà pour une régulation. Un phénomène qui traduit bien leur inquiétude. À ce jour, plus d’une quinzaine de plateformes proposent de générer en ligne de la musique pour créer des chansons, des jingles, des sons. 

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Par Cyrille Planson

Légende photo : Android Opera Mirror, de Justine Emard

Crédit photo : D. R.

Climat : comment les festivals vont s’adapter

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Pierre Gendronneau

Canicules, pluies diluviennes, orages, les festivals doivent désormais anticiper et prévenir des épisodes climatiques extrêmes. Au prix de sérieuses adaptations.

Le climat de l’été 2023 a été exceptionnel, à tous points de vue. Et notamment pour les épisodes extrêmes qu’il a réservés aux organisateurs. En 2022, l’évacuation de We Love Green sous les pluies diluviennes et l’annulation de deux journées des Eurockéennes pour alerte orages violents avaient marqué les esprits. Mais, l’été dernier, selon les régions, les festivals ont dû composer avec une météo froide et pluvieuse dans la seconde quinzaine de juillet, puis des épisodes caniculaires et des orages en août. Avec des annulations partielles sur Pause Guitare (Albi), au Festival interceltique de Lorient, lors de Jazz à l’Amirauté (Pléneuf-Val-André), pour une soirée au Delta Festival (Marseille), mais aussi annulation totale pour Les Ardentes, en Belgique… Quant au Festival du Bout du monde à Crozon (Finistère), largement arrosé pour sa 23e édition, la problématique était à la remise en état des terrains. Mi-août, c’est la canicule qui a conduit à des annulations, à Aurillac (Cantal), pour des spectacles joués dans le Off en plein soleil. 

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Par Cyrille Planson

Légende photo : Pierre Gendronneau, directeur délégué du Festival d’Avignon

Crédit photo : C. Raynaud de Lage

Mieux produire, mieux diffuser : Un plan attendu, mais qui inquiète

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Tout va bien, du collectif Vaguement compétitifs

Vingt ans après le rapport Latarjet, le plan du ministère suscite une certaine réserve, les plus précaires craignant pour leur survie.

En janvier dernier, à l’occasion des Bis, à Nantes, le directeur général de la DGCA (Direction générale de la création artistique), Christopher Miles, s’est comparé à Numérobis, l’architecte égyptien d’Astérix et Cléopâtre, dont les réalisations sont toutes de guingois. Sauf lorsqu’il reçoit le soutien de ses amis gaulois… C’est bien ainsi qu’il faut comprendre cette comparaison : l’État ne résoudra pas seul les crises du spectacle vivant. Christopher Miles annonçait alors faire face à un « défi majeur », mieux produire, mieux diffuser, défi pour lequel il annonçait « un plan d’action ouvert à la concertation et au dialogue ». En cette fin d’année, nous y sommes. Les grandes lignes du plan ont été annoncées par la ministre Rima Abdul Malak, fin septembre, à l’occasion de la préparation de la loi de finances, après avoir été présentées au bureau élargi du CNPS (Conseil national des professions du spectacle).

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Par Bruno Walter

Légende photo : Lors d’une répétition de Tout va bien, du collectif Vaguement compétitifs.

Crédit photo : Richard Guyot

Désamour du politique : fantasme ou réalité

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Pascal Rogard

Les femmes et hommes politiques sont-ils aujourd’hui si éloignés qu’on le pense des sujets culturels ? Quelques observateurs du secteur tentent de poser un regard sur une question pas aussi simple qu’il y paraît.

Il est fréquent d’entendre lors de rendez-vous professionnels que les élus s’investissent peu sur les questions culturelles, s’en désintéressent, avec en corollaire la nécessité de les « former ». D’autres témoignent au contraire de la propension des élus à contester les projets, dans un contexte de montée des extrêmes et de « droitisation de la société ». Pascal Rogard, directeur général de la SACD, n’entend pas être pessimiste sur ces questions. Il trouve toujours de bons relais parmi les parlementaires, même s’il concède que, par essence, ceux-ci se mobilisent moins sur les sujets liés au spectacle vivant. « Il faut reconnaître que ce secteur évolue peu, remarque-t-il. Comparativement à l’audiovisuel, l’activité législative y est faible. C’est sans doute une des raisons pour lesquelles il suscite moins d’intérêt chez les parlementaires. Bien évidemment, ce n’est pas la même chose pour les élus locaux. » 

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Par Cyrille Planson

Légende photo : Pascal Rogard, directeur général de la SACD

Crédit photo : Julien Pebrel

« Ce cheminement d’accès universel modulable est adapté à tous les publics et tous les événements »

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CAU-Mobility d’Inclusiv’ Events

Rui Pereira, fondateur et directeur de la société Inclusiv’Events, a mis au point une solution pratique pour faciliter les accès, notamment des festivals, aux personnes à mobilité réduite : le cheminement d’accessibilité universelle CAU-Mobility. Mais son produit dépasse l’accueil des PMR et permet de combler un grand nombre de besoins. 

Comment avez-vous inventé ce cheminement d’accès universel ?
J’ai créé le festival de la différence et de la diversité Fest’Dif à Villeurbanne (en 2011), avec l’idée de casser les préjugés sur les minorités et, dans ce contexte, j’ai travaillé sur l’accessibilité. En 2016, on a créé un plancher vibrant. En 2017, j’ai cette idée de cheminement universel. J’ai travaillé avec une école de plasturgie, à qui j’ai donné mon cahier des charges, et avec qui on a choisi le procédé le plus adapté. J’ai fait 2 prototypes. En 2019, nous l’avons testé au festival Woodstower (Lyon), puis nous avons lancé la production et la commercialisation effective a eu lieu en janvier 2022. J’ai investi sur 200 m de cheminement que je loue : l’idée, c’est de le vendre, mais comme c’est un investissement, la location permet à tous de l’utiliser. Depuis, tout le monde adhère. À l’achat, c’est 550-580 euros du mètre, présenté en plaques de 50 cm qui s’accrochent les unes aux autres. À la location : tout dépend du budget, mais c’est en moyenne 7 euros le mètre pour deux jours. J’essaie de m’adapter au budget de l’événement, car mon objectif est de rendre accessible. Je reste militant.

En quoi ce procédé est-il innovant ? 
L’innovation, c’est que c’est adapté à tout public, pour les personnes à mobilité réduite au sens large, comme avec les personnes malvoyantes pour lesquelles on a un rail de guidage situé au milieu des plaques. C’est aussi une innovation d’usage, car ce sont des plaques qui permettent de s’adapter à 50 cm près des besoins. C’est donc très modulable et fait d’une matière suffisamment dense pour que ça ne bouge pas. Chaque plaque fait 13 kilos. C’est donc stable et souple à la fois, pour épouser le sol. On le pose sur tout ce qu’on veut, sable, pelouse, pavés, herbe, terre, graviers, etc. C’est beaucoup plus large comme usage : ça peut être sur des sites touristiques, pour contourner des travaux, dans des cimetières, etc. Pour la plupart des festivals qui m’ont contacté, ça a très bien fonctionné. J’ai eu une grande visibilité au Hellfest, à We Love green ou Rock en scène.

Vous faites aussi des diagnostics auprès des événements et des lieux ?
Oui, on propose, en mutualisation avec des partenaires de longue date, un Pack accessibilité universelle des événements. On propose de faire un diagnostic. Je fais, soit du conseil ponctuel, soit des diagnostics complets. On analyse en amont de l’événement, les besoins, et ce qui a été fait. On travail sur tous les aspects : la communication l’arrivée des personnes (parking camping), et sur site : les actions matérielles, mais aussi le côté humain, avec l’handiaccueil. L’idée est d’avoir quelque chose de global. Mais nous travaillons beaucoup dans les détails. Nous travaillons étape par étape. C’est comme ça qu’il faut consolider une base. À chaque fois, on va un peu plus loin.

Propos recueillis par Jérôme Vallette

En partenariat avec La Lettre du spectacle n°548

Légende photo : Le CAU-Mobility d’Inclusiv’ Events au Hellfest 

Crédit photo : D. R.

Arts du cirque : L’Esacto-Lido perd des aides régionales

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L’Esacto-Lido

La refonte des aides au spectacle vivant en Occitanie entraîne, non sans heurt, le changement de nature des subventions pour les compagnies bénéficiaires.

La refonte des aides au spectacle vivant en Occitanie entraîne, non sans heurt, le changement de nature des subventions pour les compagnies bénéficiaires. Mais pour d’autres structures, pas exclusivement dédiées à la création, cela se traduit directement par une perte sèche.

Ainsi, l’Esacto-Lido, école supérieure des arts du cirque, à Toulouse (Haute-Garonne), devrait perdre, au moins en grande partie, les 75 000 euros d’aides qui lui étaient versés au titre de pôle structurant régional. Motif : l’école relève de l’enseignement supérieur. « Ce n’est pas dans nos compétences, même si cette aide existait à titre dérogatoire. À l’État de prendre ses responsabilités », tranche la vice-présidente régionale à la culture, Claire Fita. « On nous a dit qu’on en toucherait seulement la moitié cette année », confirme Aurélie Vincq, la directrice pédagogique.

Faite en juillet dernier, l’annonce a été brutale pour l’école de cirque, qui est l’une des trois seules à délivrer un diplôme national professionnel. « Je comprends que la Région se recentre sur l’écologie, les transports et les lycées, mais je regrette la mise en doute de notre travail de structuration de la filière, via l’insertion, l’accompagnement et la diffusion. Nous sommes un lieu ressource pour les jeunes compagnies, qui viennent montrer leur travail, nous demander conseil », souligne Aurélie Vincq. « On nous dit d’aller voir vers la formation et les aides européennes. Mais on se déploie aussi dans la recherche, la formation continue, l’insertion, qui relèvent de compétences régionales. On travaille à ce que le cirque sera dans cinq ou dix ans, avec la Grainerie, la Verrerie et Circa », ajoute-t-elle.

Le dialogue reste ouvert
Également soutenu par la Métropole (à hauteur de 700 000 euros) et la Drac (450 000 euros), l’Esacto-Lido, fonctionne sur un budget de 1,3 million d’euros. L’école devrait subir la baisse de sa deuxième aide régionale pour la formation.

Mais le dialogue demeure ouvert avec la collectivité. Le Centre des arts du cirque Balthazar, l’Association régionale pour le développement des entreprises culturelles (Ardec) et l’école de musique Music’halle, sont également concernées par ces coupes sèches. 

Armelle Parion

En partenariat avec La Lettre du spectacle n°548

Légende photo :  L’Esacto-Lido devrait perdre près de 75 000 euros 

Crédit photo : D. R.

Avignon : un festival Off 2024 se présente en ordre dispersé

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Avignon 2023

Le festival Off d’Avignon démarrera officiellement le mercredi 3 juillet mais de plus en plus de théâtres choisissent d’ouvrir dès le samedi 29 juin.

Le festival Off d’Avignon démarrera officiellement le mercredi 3 juillet, comme l’a décidé l’assemblée générale extraordinaire du 27 octobre d’AF&C, qui coordonne la manifestation. Mais depuis, la date du samedi 29 juin est de plus en plus choisie par des théâtres. Si près de 70 % d’entre eux avaient voté pour le 29 juin, c’était le vote d’un quart seulement des compagnies. Raymond Yana, secrétaire d’AF&C, en convient : « les théâtres ne font pas face à des problèmes d’hébergement, de venue de public et de professionnels ou de recettes, contrairement aux compagnies qui prennent le risque financier. » Car la majorité des lieux louent un créneau horaire. Laurent Domingos, coprésident d’AF&C, relève « une surréaction. Les théâtres ont craint de devoir baisser le prix des créneaux si la durée du Off diminuait. » Mais cette édition 2024 débutera en ordre dispersé.

À ce jour, près de 40 lieux sur 140 ouvriront leurs portes le 29 juin : La Scala, Les Gémeaux, les Scènes d’Avignon (Théâtre des Halles, du Chêne noir…), Théâtre Actuel, Présence Pasteur… Et pourraient  promouvoir ces dates comme des « avant-premières » du Off. De nombreuses compagnies habituées ne reviendront pas en 2024. Jennifer Moret, comédienne et chargée de production pour JM Productions, n’ira pas à Avignon : « Les compagnies vont perdre encore plus d’argent que d’habitude. La première semaine est toujours difficile, l’avancer ce sera pire. Les gens ne seront pas en vacances et les JO éclipseront Avignon. » Les particuliers avignonnais pourront-ils louer des hébergements dès fin juin ? Commencer le 29 juin impliquera aussi un troisième jour de relâche pour les compagnies, par rapport au 3 juillet. La compagnie du Nouveau Monde a la chance d’être avignonnaise. Son responsable artistique, Olivier Douau, hésite à s’engager : « Élèves et enseignants seront en congés le samedi 6 juillet. Ces derniers, qui représentent une bonne part de la fréquentation, ne seront pas dès le lendemain à Avignon. Le risque c’est que les compagnies payent moins leurs comédiens… »

Des « après-dernières » ?
Laurent Rochut, directeur des trois théâtres de La Factory, laissera le choix : « J’ouvrirai le 29 juin, mais les compagnies auront jusqu’à fin mars pour me signifier si elles souhaitent démarrer plus tard. Pour la plupart des théâtres, le Off est le seul moyen d’amortir leurs charges fixes. Du 29 juin au 21 juillet, cela correspondra pour une fois aux dates du In, c’est un atout. » L’idée circule de quelques « après-dernières » : des théâtres pourraient rester ouverts après la fin du Off. 

Nicolas Dambre

En partenariat avec La Lettre du spectacle n°548

Crédit photo : Eric Deguin

Enquête : les projets culturels sont sous pression dans les plus petites communes

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La P’tite Boîte bleue

Le ministère de la Culture a confirmé le nouveau fonds géré par le GIP Cafés-Cultures, étendant l’aide à l’emploi artistique aux petites communes et structures occasionnelles autres que les cafés. Ce second outil obtient 200 000 euros pour sa «montée en puissance» – il avait été expérimenté en Bretagne. Il ajoute un volet diffusion à la vaste panoplie des aides aux collectivités. Or, les plus petites, rurales, manquent autant de temps que de moyens.

L’école ou l’artiste ?
La table ronde sur le spectacle vivant en milieu rural, le 30 septembre à La Gacilly (Morbihan), a confirmé la fragilité des projets culturels des petites communes : « Je crains que des projets culturels soient abandonnés à cause de l’inflation des coûts de fonctionnement, lançait Murielle Douté-Bouton, maire de Plélan-le-Grand (Ille-et-Vilaine). La hausse des intérêts va peser sur les coûts de fonctionnement et se répercuter sur les subventions aux associations. Il va y avoir une lame de fond. » Que répondre à cette maire qui assure devoir choisir entre chauffer l’école ou confirmer la résidence envisagée, déplore Céline Valette, de la compagnie Les Fées railleuses ? Ces incertitudes bousculent un mode de développement culturel modeste, mais réel, où les municipalités s’appuient sur des savoir-faire locaux, en premier lieu des compagnies installées sur place.
Gwenaël Crahès, maire de La Grigonnais (Loire-Atlantique) est, comme celle de Plélan, membre du collectif Bruded, où les élus échangent leurs expériences. Sa commune de 1 740 habitants bénéficie de l’implantation de la compagnie Paris-Bénarès. La gratuité choisie des salles aux associations locales représente déjà un poids dans son budget. Un peu partout de beaux équipements existent, mais sous-utilisés. La Gacilly a une superbe salle qui marche sur un équilibre délicat : elle doit répondre à une demande de têtes d’affiche, ce qu’elle fait le plus souvent en coréalisation avec des producteurs privés.
Il s’agit de limiter le risque. Mais surtout, insiste une élue de Baud (Morbihan), il est bon de se concentrer sur un objectif culturel. Car le temps est une denrée rare, ce qui handicape les compagnies dans la diffusion de proximité. « C’est la jungle pour se faire connaître ! Comment se retrouver pour faire du local et coopérer », s’exclame Gwenaëlle Baudoux (cie Suko de Vivo) qui aimerait une plateforme pour faire connaître les artistes régionaux aux élus et décisionnaires.

80 000 km de tournée
Elle n’est pas la seule à déplorer des parcours erratiques. La compagnie Heïdi a bien grandi, tourne beaucoup, mais souvent bien loin de sa Bretagne : « On a fait 80 000 km l’an passé, soupire l’un de ses comédiens, c’est absurde tant de dépense d’énergie ». Situation inverse pour Orange givrée, compagnie implantée depuis dix ans à La Gacilly et organisatrice de la table ronde : « On privilégie un rayon de 200 km, on tourne beaucoup en Bretagne, on a fait 90 dates cette année », précise Anthony Sérazin, son comédien référent. Ce qui implique des prix de spectacles de 800 à 1 000 euros. Pour les élus qui « font tout eux-mêmes », pas facile de suivre une ligne culturelle qui a du sens en jonglant avec les attentes, les guichets d’aides variés, les financements croisés, la participation aux événements nationaux ou régionaux, le volet collectif du Pass culture ou encore l’Été culturel, justement reconduit l’année prochaine dans les DRAC. 

Yves Perennou

En partenariat avec La Lettre du Spectacle n°546

Légende photo : La P’tite Boîte bleue, Compagnie Orange givrée

Crédit photo : Rui Oliveira

Maison de la Danse : Tiago Guedes fait un pas vers la jeunesse

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Tiago Guedes

En annonçant, l’initiative «Un pas vers la jeunesse», la Maison de la danse, à Lyon, commence à mettre en œuvre le projet de son nouveau directeur, arrivé en septembre 2022, à la tête de l’institution et de la Biennale. Tiago Guedes affirmait alors ne pas vouloir tout bousculer, d’autant que Dominique Hervieu avait très bien préparé les choses avant son départ.

La question du public est fondamentale
Son projet artistique et culturel a l’ambition de rendre la danse plus accessible et de développer davantage les propositions à destination des publics de moins de 30 ans en particulier via cette initiative. Ce programme donnera l’occasion aux jeunes d’accéder à certains spectacles de danse au tarif exceptionnel de 5 euros la place, et des opérations de médiation seront proposées. Cela a commencé le 19 octobre avec une opération spéciale de billetterie : 300 places à 5 euros destinées aux jeunes de 18 à 25 ans pour la représentation de Möbius, de la compagnie XY, en collaboration avec le chorégraphe Rachid Ouramdane. La Maison de la danse se porte bien, forte de ses plus de 6 500 abonnés, avec une billetterie qui a bien commencé la saison – les représentations de Marco da Silva Ferreira ont fait trois fois plus de 1 000 places pour un artiste très peu connu – ont fait figure de test positif. « Le public a bien compris que c’était un de mes choix et il aime bien ce genre de coup de cœur, observe Tiago Gedes. Et je pense que le public de Lyon possède la culture chorégraphique pour faire ce type d’expériences ». La question du public est essentielle pour une la Maison de la danse qui doit statutairement avoir 60 % de recettes propres au moment où la Région retire 180 000 euros de sa contribution. D’autant que le calendrier s’annonce chargé et coûteux : en février 2024 commence la  construction des Ateliers, dans l’îlot Kennedy, à deux pas de la Maison. Le programme, grand studio de 400 places en boîte noire, petit de 180 places, grand studio de travail (200 m2), a été complété d’un studio de plein-air pour mettre au point les spectacles « de rue ». Le tout à livrer pour le printemps 2026, ce qui suppose à cette date que Ville, État et autre tutelles se soient mises d’accord pour financer les recrutements et le budget de fonctionnement supplémentaire…

L’aide des mécènes
En attendant, Tiago Guedes compte faire feu de tout bois. « Un pas vers la jeunesse » est possible grâce au mécène fondateur la Fondation de l’Olivier, sous l’égide de la Fondation Bullukian, et à la Fondation BNP Paribas, grand mécène de la Maison de la danse. « Nous allons même mettre en place du mécénat de proximité », confie le directeur qui annonce également le lancement d’une manifestation centré autour de la Maison de la danse elle-même (8e Festival), sans renoncer à aller au-delà collaborer avec d’autres comme l’Opéra, Les Subs, le Théâtre de la Croix-Rousse, le TNP, etc.

Philippe Verrièle

En partenariat avec La Lettre du Spectacle n°546

Légende photo : Tiago Guedes, directeur artistique de la Biennale

Crédit photo : Rui Oliveira

Opéra : La Co[opéra]tive se regroupe pour «mieux produire et mieux diffuser» Les ailes du désir

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Les Ailes du désir

Le 9 novembre, la première commande de la Co[opéra]tive donnera lieu à une création mondiale au Bateau Feu, scène nationale de Dunkerque. Les Ailes du désir est un opéra inspiré du film éponyme de Wim Wenders, composé par Othman Louati pour 7 chanteurs et 13 instrumentistes. 
L’originalité de cette création tient aussi à sa production, assurée par 3 scènes nationales, Besançon, Dunkerque et Quimper, et par 3 établissements lyriques, le Théâtre impérial Opéra de Compiègne, l’Opéra de Rennes et l’Atelier lyrique de Tourcoing, tous réunis au sein de la Co[opéra]tive. Créé en 2015, ce collectif de production a permis de créer une œuvre par an, du baroque au contemporain, de Haendel à Philip Glass. Un modèle cité par la ministre de la Culture pour promouvoir son plan Mieux produire, mieux diffuser. Et une exception pour ces scènes plus habituées au théâtre et à la danse qu’aux œuvres lyriques.

Mutualisation  et unanimité
« Nous mutualisons nos moyens pour produire, mais nous mutualisons aussi nos compétences, détaille Anne Tanguy, directrice de la scène nationale de Besançon. Nous sommes six directions à choisir à l’unanimité chaque projet, qui bénéficiera au minimum de 12 à 18 dates, ce n’est pas rien pour un opéra ! » Dans les faits, les huit spectacles ont été diffusés bien plus et sur plusieurs saisons. Cela permet aussi de diffuser de l’opéra dans des territoires dépourvus d’établissements lyriques et à la télévision grâce à des captations systématiques. « Ces œuvres sont d’un format plus réduit que celui des maisons d’opéra, avec 15 à 30 personnes sur la route, adapté aux scènes nationales. Elles font souvent appel à des metteurs en scène peu familiers du lyrique. Nous portons une grande attention à leur durabilité et au décloisonnement des genres », précise Anne Tanguy.
Un bureau de production de 2 salariés accompagne le suivi des productions. Les Ailes du désir, est coproduit par Angers-Nantes Opéra, la scène nationale de Clermont-Ferrand et l’Opéra de Dijon. Son budget de 650 000 euros ne pourrait être financé par un seul établissement. La Co[opéra]tive vise désormais des tournées internationales, par exemple en Asie.

Nicolas Dambre

En partenariat avec La Lettre du Spectacle n°546

Légende photo : L’opéra Les Ailes du désir, composé par Othman Louati

Crédit photo : J. C. Polien