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Entre transition écologique et inflation : le catering à l’épreuve de la crise

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Le catering de l’Été de Vaour

« De la dope, des chaussettes, des caleçons, des cigarettes, cent vingt litres de bière pour huit artistes, des quantités impressionnantes d’alcool fort, il y a vingt ans, les demandes sur les riders étaient parfois extravagantes », se souvient Jean-Michel Dupas, programmateur musique à Stereolux, scène de musiques actuelles de Nantes, et au festival du Printemps de Bourges. Le bio augmente la facture Si « le bon sens » reprenait le dessus et que « des petits bras de fer » étaient engagés pour refuser les dérives, vingt ans après, les demandes des artistes sont-elles toujours un casse-tête pour les organisateurs ? « Avec le 100 % végan, le sans gluten, le vin naturel, cela devient parfois l’enfer, surtout que certaines salles doivent faire des kilomètres pour répondre à ces exigences, ce qui ne limite pas l’empreinte carbone, bien au contraire ! », constate Jean-Michel Dupas. Il estime que l’augmentation des dépenses de catering se chiffre entre 10 % et 15 % depuis la conversion au bio. Mais, avec l’inflation des produits alimentaires et la flambée des factures énergétiques, ce budget est-il en train de devenir une variable d’ajustement ? Suppression de la viande rouge, diminution des portions de fromage, du choix de desserts, certains aliments ont totalement disparu des menus dans les cuisines des salles de spectacles.

Même constat pour les traiteurs dans l’événementiel : « Nous devons revoir notre choix de produits, car nous sommes passés en moyenne de 2,5 euros par repas à 4 euros pour les festivals », constate Thomas Paugam, chef cuisinier de La sourcellerie, à Varen (Tarn-et-Garonne). Il confirme que « la négociation sur des repas s’est considérablement tendue depuis le début de l’année ». Pour réduire les coûts, certains organisateurs expérimentent depuis quelques mois les menus standards (deux propositions de repas dont l’un végétarien). Une solution plus économique et moins contraignante qui pourrait se généraliser estime Jean-Michel Dupas. Mais, même si « les lignes commencent à bouger » et que cette alternative pourrait s’étendre à d’autres salles, les organisateurs de spectacles doivent également faire face à une pénurie de personnel. Avec le travail en heures décalées, les horaires de nuit et les conditions de travail parfois contraignantes, le spectacle vivant n’est pas épargné par les fortes tensions qui pèsent sur les métiers de la restauration.  

Arzelle Caron

En partenariat avec La Lettre du Spectacle n°545

Légende photo : Le catering de l’Été de Vaour (1er au 6 août 2023) dans le Tarn

Crédit photo : D. R.

La Main harmonique boucle sa tournée à bicyclette sur le thème de l’écologie

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La Main harmonique

Dans le cadre de son festival Musique en chemin, l’ensemble polyphonique gersois vient de terminer une tournée de six concerts, ponctuée d’actions culturelles dans des écoles et maisons de retraite. Avec un moyen de locomotion inédit : le vélo. Les cinq musiciens ont parcouru en dix jours une boucle de 400 km dans leur département, escortés par une camionnette (bagages, instruments et matériel). Ils ont dormi les trois quarts du temps chez l’habitant. Démarche écoresponsable L’idée du vélo répond à la démarche écoresponsable de La Main harmonique. La thématique de la tournée, l’écologie, est présente jusque dans le programme musical, alternant musique ancienne et pièces contemporaines, et se concluant par un arrangement de Bruno Fontaine sur la chanson d’Yves Montand à bicyclette. « Deux compositrices ont écrit pour nous, Violeta Cruz et Raphaèle Biston. L’œuvre plutôt contemplative de la première s’est inspirée d’un micro-trottoir publié dans Reporterre sur les représentations de la nature. La seconde est construite à partir d’un florilège de noms de métaux rares », détaille le directeur artistique et contre-ténor de l’ensemble Frédéric Bétous. « Nous souhaitions mettre en avant sur notre chemin des initiatives sur le territoire, comme des fermes en permaculture ».

Cette tournée n’aurait pu avoir lieu sans une organisation millimétrée pour l’itinéraire. Elle ne s’est pas déroulée sans anicroche, puisqu’une soprano est tombée de sa monture le deuxième jour. Malgré les économies réalisées grâce à ce transport, aux dates rapprochées et à la solidarité des habitants, la tournée représente un coût de 85 000 euros, subventionné aux deux tiers par la Drac Occitanie, le Département du Gers et la Région pour l’aide à la création en territoire. Sans compter la commune de La Romieu (Gers), la Sacem, la Spedidam, l’Adami et les partenaires techniques, au premier rang desquels l’association auscitaine l’Atelier du vélo pour tous, qui a formé les musiciens cyclistes. La Main harmonique compte renouveler l’expérience dès l’an prochain. « Dans l’effort, le temps est différent, des liens se créent et s’approfondissent. À L’arrivée, nous étions plus fatigués, mais aussi plus ouverts, et le courant passait mieux avec le public. Ils étaient surpris de notre démarche et épatés de nous voir repartir à vélo », affirme Frédéric Bétous.  

Armelle Parion

En partenariat avec La Lettre du Spectacle n°545

Légende photo :  L’ensemble polyphonique gersois La Main harmonique

Crédit photo : Thomas Millet

Grands projets - Cité du théâtre : l’État renonce

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Le projet

La ministre de la Culture a confirmé l’abandon du projet de Cité du Théâtre Paris-Berthier (lire la Lettre du Spectacle du 22 septembre). Face un coût prévisionnel deux fois plus élevé que le calibrage de 2017, aucune alternative n’a été jugée satisfaisante, a indiqué Rima Abdul Malak. Au Conservatoire national supérieur d’art dramatique (CNSAD), l’équipe est déçue de l’abandon d’une « belle utopie qui devait avoir trois institutions théâtrales dans un lieu, permettant aux étudiants de se mêler à des artistes de divers horizons ». Le CNSAD gardera ses locaux rue du Conservatoire et bénéficiera d’un lieu complémentaire en proche banlieue. Trois bâtiments sont en concurrence. La décision de la CNIP (Commission nationale de l’immobilier publique) est attendue mi-octobre pour une livraison début janvier.

Quelques travaux sont à prévoir. Les besoins supplémentaires exprimés par le CNSAD à la Cité du théâtre étaient de 4 000 m2 de surface utile. Autre partie prenante, la Comédie-Française fait une croix sur ses salles de 600 et 250 places imaginées à Berthier et reste en quête d’un plateau adapté à la création contemporaine. Quant à l’Odéon, il continue à utiliser sa salle sur le site, gardant ses besoins de lieux de répétition. Après l’abandon, les théâtres nationaux se font discrets, au contraire du maire du 17e arrondissement, Geoffroy Boulard (LR), qui s’exclame : « Quel gâchis ! Il aura fallu 7 ans, 5 ministres de la Culture et des millions d’euros en études, concours d’architecture, frais de fonctionnement d’un Groupe d’Intérêt Public, pour que ce projet d’État soit finalement abandonné. »

Yves Perennou

En partenariat avec La Lettre du Spectacle n°545

Légende photo : Le projet de Nieto Sobejano Arquitectos et Périphériques Marin+Trottin

Crédit photo : D. R.

Charleville-Mézières

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Les Allebrilles

La capitale mondiale de la marionnette
en attente de décisions sur son avenir

Le Festival mondial des théâtres de marionnettes,  Charleville-Mézières confirme son succès populaire : 50 000 places du In étaient vendues dès l’ouverture sur les 57 000 disponibles. En coulisses, l’avenir n’est pas encore décidé. Le rapprochement de l’Institut international de la marionnette (IIM), dont dépend l’École supérieure nationale des arts de la marionnette (Esnam), et de l’association Les Petits Comédiens de chiffons, qui organise le festival, pour créer un « pôle de référence », n’est pas encore acté. « L’Institut traverse des difficultés financières structurelles importantes, qui retardent ce rapprochement », admet Pierre-Yves Charlois, directeur des deux entités. Les difficultés organisationnelles sont en train de se résorber à l’IIM : le climat social s’est apaisé, un directeur adjoint a été recruté ainsi qu’une directrice pédagogique, même s’il manque un ou une responsable bâtiment. « On va se donner encore un peu de temps », précise le directeur à propos du choix de la forme juridique du futur pôle, « les travaux du comité de préfiguration vont reprendre dès la fin du festival. »

Du côté des collectivités territoriales, le projet de Cité des arts de la marionnette a été arrêté en attendant que le pôle de référence se précise. Nathalie Robcis, adjointe au maire de Charleville-Mézières en charge de la culture, précise que, dans ce projet d’organisation de l’espace et de réhabilitation du bâti, toutes les opérations sont interdépendantes : on ne peut toucher un bâtiment sans avoir d’abord trouvé une solution pour les activités qu’il accueille. Le point de départ devrait être la Villa d’Aubilly, rachetée à l’IIM en 2021 : « la Ville espère [y] réaliser les travaux avant la fin du mandat pour en faire le site administratif de la nouvelle structure », mais il faut d’abord que cette dernière puisse faire part de « ses desiderata », confie l’élue, et donc qu’elle existe. Les autres chantiers en découleront.

Même si les coûts se sont envolés depuis le lancement du projet en 2015, Nathalie Robcis affirme que tous les partenaires publics continuent de le soutenir. Les choses avancent, mais la période pose de nouveaux défis. Ainsi, la Ville va arrêter de prendre en charge les fluides pour Les Petits Comédiens de chiffons d’ici 2025, alors que le festival fait face à une inflation énorme du prix des prestations techniques. Des arbitrages devront nécessairement être faits, ce qui pourrait affecter la partie artistique du budget.

Mathieu Dochtermann

En partenariat avec La Lettre du Spectacle n°544

Légende photo : Les Allebrilles, de la Compagnie Les Grandes Personnes

Crédit photo : Hervé Dapremont

Théâtre des Déchargeurs

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Rémi Prin et Emmanuelle Jauffret

Après la liquidation, les salariés reprogramment la saison hors les murs

Passée la stupeur de la liquidation du Théâtre des Déchargeurs (Paris), le 5 septembre, les salariés ont lancé la reprogrammation des spectacles en Île-de-France. Portée par Rémi Prin (programmateur) et Emmanuelle Jauffret (communication,) cette composition spontanée devient «Les Déchargeurs hors les murs», une “saison” qui s’affiche désormais sur son site. «Nous avons déjà reprogrammé 17 compagnies sur les 40 prévues», détaille Rémi Prin qui ne désespère pas de réussir. Les théâtres privés répondent à l’appel mais aussi les lieux parisiens subventionnés, représentés par Adrien le Van, directeur du Théâtre Paris-Villette. «Pour le moment, ce n’est pas à la hauteur des dates qu’elles devaient avoir chez nous. Mais on actualise tous les jours. J’essaie de coller à la ligne artistique des théâtres à qui je propose une pièce». Un travail de dentelle. «Preuve que c’est un excellent programmateur», sourit Ariane Dumont-Lewi qui a créé ici Le temps d’une triple-croche. «Ce qui nous a valu d’être repérés par La Manufacture et de jouer à Avignon, cet été. » Et la metteuse en scène de pointer le rôle de ce lieu d’émergence et des salariés. Les difficultés du théâtre révélées fin juillet ont pris de cours. Avec un business plan à cinq ans, il restait pourtant de quoi consolider ce lieu identifié qui avait trouvé son public d’amateurs et de professionnels, et les faveurs médiatiques.

Liquidation trouble
C’est en ce sens que l’équipe a repris la salle en 2021 derrière Adrien Grassard. Très discret depuis sa chute, c’est par communiqué qu’il assurait avoir «investi sans compter ». Prévenus par la bande avant leurs congés, les salariés contestent son attitude et sa version. D’autant qu’elle intervient sur fond de vente du lieu (que ne possédait pas la Sarl) au promoteur Holfim. La CGT y voit une manœuvre au bénéfice de la holding et de l’ex-directeur «dont on ne peut que supposer qu’il n’a pas accepté sans contrepartie que son bail soit amputé de 2 années». Holfim assure qu’il fera «tout pour qu’y soit maintenue une entreprise de spectacle. » Mais un théâtre ? Les salariés cherchent désormais un lieu pour perpétuer l’esprit des Déchargeurs.

Jérôme Vallette

En partenariat avec La Lettre du Spectacle n°544

Légende photo :  Rémi Prin, programmateur et Emmanuelle Jauffret, responsable de la communication et de l’administration des Déchargeurs

Crédit photo : Mélie Néel 

Théâtre de la ville

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Théâtre de la Ville

Après 7 ans de travaux, le retour réussi
du Théâtre de la Ville-Sarah Bernhardt

Qui écoutait la maire de Paris, Anne Hidalgo, le directeur du Théâtre de la Ville, Emmanuel Demarcy-Mota et son président, Xavier Couture, le 9 septembre, ne pouvait que s’étonner d’entendre vanter le bienfait d’avoir eu à attendre si longtemps. Un gros surjeu avec la satisfaction d’être sorti de ce que certains ont qualifié de « cauchemar »… Mais le résultat dépasse les attentes. Dans la salle, 10 cm de plus aux genoux, des fauteuils qui ne claquent plus à en couvrir les acteurs. Et pourtant, l’atmosphère d’agora, propre à l’esprit des lieux, est parfaitement respectée. Même ce nom retrouvé, Théâtre Sarah-Bernhardt, avec la sculpture de la dame et la fausse loge reconstituée, se trouve bien en place.

Tout a été changé du sous-sol — le café des œillets, clins d’œil aux mânes de Pina Bausch — à la Coupole, sous les cintres, transformée en petite salle de spectacle (200 places), comme l’avait voulu Gérard Violette (1936-2014), emblématique directeur (1985-2008), qui en fit la Mecque de la jeune danse… Tout respecte les lieux, mais dans l’esprit du temps : pas de clim, un rafraîchissement par l’eau de la Seine, un hall connecté et accessible sans rupture depuis la ville, mais avec des trottoirs surélevés contre les voitures béliers, des cintres nouveaux informatisés et motorisés. Chaque changement a été pesé aux exigences du temps (le Covid, par exemple), ce qui explique aussi les 40 interruptions de travaux. Conséquences, « des enfants peuvent avoir sept ou dix ans, ils n’ont jamais connu le Théâtre de la Ville », est titillé le directeur qui admet que la moitié de l’équipe n’a jamais travaillé dans le navire amiral ! Autre conséquence de ces sept ans de réflexion, réfugiée à l’Espace Cardin, l’équipe a beaucoup inventé : du théâtre dans la ville, des rencontres, des débats, une autre façon, moins pompeuse, de s’inscrire dans la cité. Née dans la contrainte, l’expérience va se poursuivre. Le Théâtre de la Ville restera à Cardin au moins jusqu’aux Jeux olympiques. Les salariés n’ont pas encore déménagé, la salle permet des replis et assure des représentations qui peuvent être encore incertaines. Entre la petite salle des Abbesses, Cardin et Sarah-Bernhardt, le Théâtre promet également de pérenniser une expérience de lien social qui fait son actuelle originalité.

La maire de Paris peut rêver de la Place des théâtres, entre Châtelet et Sarah-Bernhardt, le président commun de ces lieux assurer de la communication des bâtiments, l’espace qui entoure le théâtre réhabilité va profiter de l’expérience acquise durant sept ans. Ce qui ne plaide pas pour une fusion ou une collaboration renforcée. Pas impossible qu’Emmanuel Demarcy-Mota ne surjoue pas la satisfaction face aux retards. Ces malheurs lui ont donné une avance sur ce qu’il faut faire pour faire théâtre aujourd’hui.

Philippe Verrièle

En partenariat avec La Lettre du Spectacle n°544

Légende photo : Le grand hall du Théâtre de la Ville, le 9 septembre

Crédit photo : Josephine Brueder

Strasbourg : Musica lance sa 40e édition

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Stéphane Roth

Jusqu’au 1er octobre, Strasbourg bat au rythme de la 40e édition de Musica. 134 œuvres, dont 17 créations mondiales et 19 françaises, mais aussi 200 Concerts pour soi (tête-à-tête au domicile d’un musicien, à l’aveugle) et plusieurs pièces programmées par les publics grâce à un budget de 2,19 millions d’euros. « Cette légère hausse est artificielle, nuance Stéphane Roth, bénéficiant de fonds dédiés par la DGCA, fléchés sur des projets CNCM à hauteur de 250 000 euros, que nous avons fait le choix de répartir sur trois éditions (2022 à 2024). » Elle masque, en fait, d’importances baisses de contributions de la Sacem (de 90 000 euros en 2019 à 39 000 euros en 2023), de la SACD et « la disparition intégrale de l’Adami ». Le directeur, qui a succédé en 2018 à Jean-Dominique Marco, arrive néanmoins à dégager un disponible artistique en production de 810 485 euros (37 % du budget). La part du mécénat et de l’auto-financement s’élève à 45 000 euros grâce aux apports de Siemens, du Fonds de dotation Demathieu Bard Initiatives et la Caisse des dépôts.

Musica tente de toucher, depuis la musique, une ligne proche de celle du Kunstenfestivaldesarts (Bruxelles). Ces dernières années ont ainsi vu le jour 100 cymbals (2019) de Ryoji Ikeda – artiste ne venant pas de la musique – avec Les Percussions de Strasbourg, et Music for percussion 2 (2020), ou encore Gay Guerilla, du compositeur noir et oublié Julius Eastman (2019). « Si nous n’avons pas vocation à être une boîte de prod’, nous portons en production déléguée des projets qui font sens, comme, cette année, Egal (avec le concours du Césaré, de l’ensemble We Spoke et du mécénat de Dematthieu Bard Initiatives), parcours sensoriel d’écoute globale en forme de concert-expérience. L’idée est de mêler publics sourds, malentendants et entendants autour de pièces musicales à dimension visuelle, corporelle ou vibratoire. »

Délocalisations
Après ses incursions à Mulhouse et Nancy, c’est à Bâle (Suisse) que se clôturera le festival, entre visite du musée Tinguely et pièces de Simon Steen-Andersen (l’une des têtes d’affiche de la 41e édition, avec Ted Hearne, qui crée notamment l’opéra Don Giovanni aux enfers, à Strasbourg) et Georges Aperghis. Au printemps 2024, Musica traversera la France, le temps d’un week-end, pour une carte blanche au Lieu Unique, à Nantes. « Cette délocalisation est l’occasion pour nous d’emmener des formations et des artistes ayant marqué nos dernières éditions afin de présenter un panorama de la création musicale d’aujourd’hui. Et, bien sûr, nous en profiterons pour proposer des rencontres et des expériences d’écoute s’affranchissant des frontières habituelles d’écoute, comme Egal.»

Thomas Flagel

En partenariat avec La Lettre du Spectacle n°543

Légende photo : Stéphane Roth, directeur général de Musica.

Crédit photo : Christophe Urbain

Festival d’Avignon : « Vers un budget qui ne sera pas à l’équilibre »

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Pierre Gendronneau

Pierre Gendronneau, directeur délégué du Festival d’Avignon, revient sur l’édition 2023 et ses nouveautés comme l’ouverture anticipée de la billetterie, mais aussi sur les contraintes économiques, inflation et réglementation obligent. Elles entraînent un léger déséquilibre financier cette année avant une édition 2024 singulière.

L’ouverture de la billetterie plus de 3 mois avant le festival d’Avignon a-t-elle été concluante ?

Tout à fait ! Cela a permis de faire coïncider la réservation de spectacles avec celle de billets de train ou d’hébergements. Le public a répondu très positivement à cette ouverture anticipée. Près de 12 000 places supplémentaires étaient en vente par rapport à 2022. Tout cela nous a permis d’écouler des billets au fil de l’eau et au public de trouver des billets, y compris pendant le festival. Au total, 115000 billets ont été vendus, soit un de taux de fréquentation de 94 %. À l’ouverture du festival, 75 à 80% des billets étaient vendus, il y a donc eu moins d’achats de dernière minute qu’en 2022, sans doute grâce à l’étalement des ventes.

Comme d’autres festivals, avez-vous constaté une inflation de certaines dépenses ?

Oui, notamment les matériaux de construction, par exemple, le bois, nécessaire à la fabrication de décors ou à l’équipement de lieux éphémères. Également les transports ou l’hébergement. Cela représente 150 000 à 200 000 euros. Mais surtout, des modifications législatives intervenues début 2023 nous ont obligé à prendre en charge les frais de sécurité incendie pour les trois spectacles qui se déroulaient en plein air dans des sites naturels. C’est la principale cause de déséquilibre financier du festival. Ce surcoût est de l’ordre de 300 000 à 600 000 euros, selon que l’on tient compte ou pas des aménagements ou des navettes. Jusqu’à une trentaine de personnes étaient mobilisées en extérieur, dont 12 à 18 personnes à la carrière de Boulbon. Nous allons vers un résultat qui ne sera pas à l’équilibre.

Comment abordez-vous l’édition 2024 avancée ?

Le maître-mot sera l’anticipation. Le profil de cette édition sera très différent, puisque la première semaine se déroulera avant les vacances scolaires. Nous allons donc réfléchir à l’ossature et au rythme de cette première semaine. Le début sera très fort avec un peu moins de spectacles, mais plus de représentations et de séries longues, comme sur la prochaine édition. Le festival durera deux jours de plus, avec davantage de billets en vente. Savoir quel sera le comportement du public représente une inquiétude, mais c’est l’occasion de travailler davantage avec les spectateurs locaux (40 % de notre fréquentation), les groupes, les nouveaux venus et les scolaires.

Et le rapprochement avec le Off ?

Nous avons des préoccupations communes, notamment la mobilité des publics et l’encadrement du prix des logements. Un travail prospectif va être mené.

Propos recueillis par Nicolas Dambre

En partenariat avec La Lettre du Spectacle n°543

Légende photo : Pierre Gendronneau, directeur délégué du Festival d’Avignon

Crédit photo : D. R.
 

Limoges : 40 ans de combat pour les Francophonies

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Hassane Kassi Kouyaté

Les Francophonies, des écritures à la scène fêtent 40 ans d’un festival dédié à la création théâtrale francophone, à Limoges (Vienne). Un événement unique qui a résisté, sans lieu, et avec de maigres budgets (1,4 million d’euros annuel pour deux Zébrures et l’accueil des résidences), à l’épreuve du temps. Avec de grandes découvertes — tels Wajdi Mouawad, Robert Lepage ou encore Koffi Kwahulé —, ce festival est devenu une pierre angulaire de l’écriture théâtrale. « Nous faisons partie des pôles de référence de la création francophone, s’enorgueillit aujourd’hui son directeur, Hassane Kassi Kouyaté. Mais, au bout de 40 ans, on se rend compte du chemin qu’il y a encore à faire. Les théâtres en général ne sont pas ouverts à ce type d’écriture, par ignorance, par manque de connaissance ou d’intérêt aussi. Si on ne fait pas attention, notre création théâtrale confinée va être cloisonnée. Or on a besoin encore plus d’entendre dire le monde différemment. »

Malgré des partenaires constants, le petit budget alourdi par l’inflation oblige les Zébrures d’automne (du 20 au 30 septembre) à se recentrer sur la création, en délaissant des « convergences » avec d’autres pratiques. Toutefois, Hassane Kouyaté se félicite de recevoir « 11 créations dont 5 premières en France, avec une trentaine de nationalités ». Cette année, le projecteur sera braqué sur « les francophonies du Nord : Luxembourg, Suisse, Wallonie, Québec, Canada francophone et France hexagonale, aussi. » Près de 200 artistes seront présents, 110 intermittents (« pas de bénévolat chez nous » assureront la tenue des spectacles, répartis dans la ville, et alentour.

Jérôme Vallette

En partenariat avec La Lettre du Spectacle n°543

Légende photo : Hassane Kassi Kouyaté, directeur des Francophonies

Crédit photo : Christophe Péan

Transformer ses abonnés en adhérents

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Christine Malard

Moins formelle que l’abonnement, l’adhésion permet néanmoins de susciter un attachement égal sinon plus profond au projet d’un lieu.    

Afin d’être en phase avec l’évolution des comportements des publics, moins enclins à s’engager, plusieurs lieux ont renoncé à l’abonnement au profit de formules mieux adaptées. Il peut s’agir de cartes assorties d’un nombre défini de places ou bien d’une adhésion à la structure qui offre les mêmes avantages tarifaires et de réservation, au gré des envies. Bien que la motivation financière prime pour la plupart des adhérents et détenteurs de cartes, les directeurs de lieux ne perdent pas de vue leur principal objectif : susciter chez eux un attachement au projet similaire à celui qu’exprimaient les abonnés. Pour ce faire, il apparaît indispensable de les impliquer dans la vie de la structure. Lorsqu’une scène nationale est régie par un statut associatif, les adhérents ont la possibilité de prendre part à son assemblée générale et d’élire des représentants au conseil d’administration. « Même si leur intervention demeure limitée, ils sont associés à des modalités organisationnelles intéressantes », estime Catherine Rossi-Batôt, directrice de Lux, scène nationale de Valence. 

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Lire la suite dans La Scène n°110 - Septembre 2023

Par Marie-Agnès Joubert

Légende photo : Christine Malard, directrice du Théâtre Jean-Lurçat, scène nationale d’Aubusson

Crédit photo : Philippe Esterellas