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Les spectateurs associés à la programmation

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Gurval Réto

Certains lieux développent des projets innovants visant à transformer les spectateurs en véritables acteurs de la programmation.

Tout en demeurant responsables de la programmation qui constitue le cœur de leur projet, certains directeurs de structures souhaitent associer les publics au choix des spectacles. La démarche la plus ancienne est celle menée par le Théâtre Albarède à Ganges (34), où l’implication des spectateurs est intimement liée à l’histoire du lieu. Voici une trentaine d’années, les habitants de cette zone rurale ont entrepris d’être acteurs de la culture en organisant, au fil du temps, la venue de quelques spectacles puis une saison. Intéressés par cette initiative, les élus leur confient une ancienne usine, par la suite remise à neuf et rachetée par la communauté de communes ; laquelle, tout en embauchant une équipe de trois permanents, décide que celle-ci continuera de collaborer avec un comité de spectateurs. Depuis, la programmation est co-construite par le directeur et ce groupe composé d’une douzaine d’adultes qui se déplacent dans les salles et les festivals, se conseillent et débattent des propositions artistiques. L’expérience de ces publics aguerris (connaissance des budgets, des contraintes et enjeux d’une tournée) s’avère très précieuse pour l’actuel directeur du théâtre, Frédéric Stein, qui apprécie en outre la richesse de tels échanges. 

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Par Marie-Agnès Joubert

Légende photo : Gurval Réto, directeur du Théâtre de l’Hôtel de ville de Saint-Barthélemy-d’Anjou

Crédit photo : D. R.

Festivals : miser sur les espaces de convivialité

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Frédéric Rémy

Lieux de restauration et de détente à l’écart de l’agitation de la foule et des scènes, zones ombragées où se retrouver entre amis, les festivals multiplient les lieux de convivialité.

Dans un secteur toujours plus concurrentiel sur les territoires, les festivals estivaux tentent de se distinguer. Pour cela, l’aménagement d’espaces de convivialité est au coeur des préoccupations des organisateurs. Au Cabaret vert, à Charleville- Mézières (08), Jean Perrissin, le responsable développement durable, l’a bien compris : « C’est devenu une priorité, ce qui n’était pas le cas il y a une dizaine d’années où l’on se souciait essentiellement de la programmation musicale. Le secteur a évolué, il s’agit désormais d’accueillir le public autrement, en lui proposant plus de confort, et des à-côtés qui enrichissent son expérience de festivalier. » Au Cabaret Vert, les espaces sont multiples et thématisés afin de permettre à chacun de vivre une aventure singulière. à côté des grosses scènes, une zone nommée « Green Floor » propose une programmation électronique dans un univers club, décorée avec des cuves de 100 litres.

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Par Mégane Arnaud

Légende photo : Frédéric Rémy, directeur du festival d’Aurillac

Crédit photo : Darek Szuster

Digital : développer une web-série

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Fabian Chappuis

Ce nouveau mode de communication ravit autant les publics que l’équipe du lieu qui se prête volontiers au jeu. 

Durant trois ans, les internautes ont pu suivre les aventures de Kelly Gowry, responsable de l’accueil au Théâtre 13 (Paris), à raison de cinq épisodes par saison diffusés sur les réseaux sociaux et le site web de la salle. Outil original qui bouscule les codes de la communication en maniant l’humour et l’autodérision, la web-série « Kelly au 13 » constituait aussi un excellent support, selon le directeur adjoint du Théâtre 13, Fabian Chappuis, pour « transmettre les valeurs portées par le théâtre ». Depuis plusieurs années, en effet, celui-ci s’attache à rendre la programmation accessible à un large public et met en place des dispositifs en direction des personnes en situation de précarité ou de handicap. « À travers cette web-série, poursuit Fabian Chappuis, il s’agissait de raconter la vie du théâtre côté coulisses, en mettant chaque fois l’accent sur une action particulière. »

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Par Marie-Agnès Joubert

Légende photo : Fabian Chappuis, directeur adjoint du Théâtre 13

Crédit photo : Julien Pebrel

Publics : choyer ses abonnés

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Karim Courty

Les lieux rivalisent d’inventivité pour faire de leurs abonnés des spectateurs privilégiés.

En s’engageant sur plusieurs spectacles d’une programmation, les abonnés apportent aux lieux un socle de publics très précieux afin de mener à bien leur projet artistique. Si l’aspect financier (un gain de 30 à 40 % par rapport à l’achat de billets pris isolément), une priorité de réservation sur l’ensemble de la saison et l’assurance d’obtenir le meilleur placement constituent des arguments de poids, les établissements culturels ont compris que ceux-ci n’étaient pas suffisants ; par souci certes de fidéliser davantage de publics, mais aussi parce qu’ils estiment nécessaire de choyer ces spectateurs particuliers.

Ainsi La Villette (Paris) et le Théâtre du Beauvaisis (Beauvais) ont-ils choisi d’élargir au fil des saisons l’éventail des avantages consentis aux abonnés. La Grande Halle de La Villette profite de la tenue d’événements (hors spectacle vivant) dans ses murs et de sa situation géographique exceptionnelle dans un parc de 55 hectares pour négocier des tarifs préférentiels offerts à ses abonnés sur nombre de manifestations : des salons comme le Mondial du tatouage et Vivez nature, des expositions (telle celle consacrée récemment à Toutânkhamon) ou encore le Cinéma en plein air avec location gratuite d’un transat proposé normalement à 7 euros.

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Par Marie-Agnès Joubert

Légende photo : Karim Courty, responsable du service des relations avec les publics à La Villette

Crédit photo : Julien Pebrel

Des lunettes connectées pour tous

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lunettes connectées

Egalement utilisées par les publics en situation de handicap, elles permettent aux spectateurs étrangers d’avoir accès au surtitrage.

Le Festival d’Avignon et la start-up franco allemande Panthea ont proposé cet été un service de surtitrage individuel multilingue sur lunettes connectées. Les spectateurs ont pu lire les surtitres (en anglais, polonais ou chinois, selon les spectacles concernés) sans jamais quitter le spectacle des yeux. L’utilisateur pouvait notamment choisir la position et la taille du texte. Le dispositif était par ailleurs compatible avec les lunettes de vue. 50 paires de lunettes connectées étaient mises à disposition sur les représentations de cinq spectacles du In. Un millier de spectateurs pour 34 représentations, étrangers mais aussi en situation de handicap, ont ainsi pu en bénéficier.

Avec cet outil, qui intéresse de nombreux théâtres en Europe, et l’appui du logiciel Specticular également développé par Panthea, il a été possible de répondre aux demandes spécifiques des productions : types de police, effets de couleur, fondu-enchaîné… En 2015, Panthea avait imaginé le surtitrage sur lunettes de réalité augmentée, réalisant ainsi une première mondiale et recevant pour cette innovation le Prix European Living Lab 2015. « En réalité augmentée, les lunettes maintiendront toujours les surtitres dans le champ de vision des spectateurs, ce qui leur permettra de suivre facilement les performances des acteurs tout en lisant simultanément les surtitres, explique Marianne Eyraud, au sein de l’équipe de Panthea. L'écran haute définition et lumineux offre une image nette, ce qui permet de lire facilement les textes, tandis que la surface inutilisée de l’écran disparaît permettant aux surtitres de se fondre parfaitement dans le monde réel. »

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Par Cyrille Planson

Légende photo : Au Festival d’Avignon, 34 représentations étaient accessibles aux programmateurs non francophones avec ces lunettes.

Crédit photo : Ian Wallman

Vrai/Faux : les spectateurs achètent leurs places à la dernière minute

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Vrai / Faux

Vrai !

Depuis une bonne décennie, les habitudes de consommation des spectateurs changent. Les responsables de billetterie le confirment. « Il y a plus de spectateurs de dernière minute qu’il y a quinze ans, c’est certain. Désormais, les spectacles ne sont complets que quelques semaines, parfois quelques jours avant la représentation », affirme Cécile Trichet, chargée de billetterie au Lieu unique (LU), scène nationale de Nantes (44). Elle précise : « Aujourd’hui, nous avons davantage d’appels, de ventes web et au guichet la semaine précédent le spectacle. » Le Lieu Unique a donc adapté sa communication en publiant des posts sur les réseaux sociaux peu de temps avant chaque événement de sa saison. Selon Cécile Trichet, il est impossible de dresser un profil type de ce public de dernière minute, d’autant qu’au Lieu Unique la billetterie est en  vente à l’intérieur de ce qui est aussi un espace de bar. « C’est l’identité de cette salle : les gens viennent boire un verre et se laissent aussi tenter par le spectacle du soir. »  

L’ère Internet 
Au Théâtre Michel, à Paris, même constat pour l’administratrice Emmanuelle Tachoires : « De plus en plus de spectateurs prennent leur place au dernier moment. » Le phénomène s’explique « par l’omniprésence d’Internet, l’ère d’Internet qui a tout changé ». Hier, il fallait appeler ou se déplacer. Désormais, les ventes sur le web s’arrêtent une heure avant la représentation.

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Par Mégane Arnaud

Crédit photo : D. R.

Les Eurockéennes contestent leurs frais de sécurité

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Le site du festival de Belfort

Le festival des Eurockéennes, à Belfort, a déposé un recours auprès de la Direction départementale des finances publiques pour contester la facture d’indemnisation des forces de l’ordre. En 2018, la préfète avait établi un premier devis à 254 000 euros (contre 30 000 en 2017), que le festival avait refusé de payer. La préfecture avait alors consenti à réduire le montant à 100 000 euros.

«Nous refusons toujours de payer, déclare le directeur de la manifestation, Jean-Paul Roland, car le bouclier tarifaire introduit par la circulaire n’est pas appliqué. La préfecture ne reconnaît plus le caractère non lucratif de notre association, Territoire de Musiques, car nous sommes assujettis à l’impôt. Pourtant, elle le reconnaissait dans nos conventions de 2015 et 2016. Cela montre la libre interprétation locale de la circulaire. Nous demandons l’application stricte de la loi. Nous déposerons s’il le faut un recours auprès du tribunal administratif

L’association a constaté des incohérences entre les heures comptabilisées et les sommes demandées ces dernières années. Pour l’édition 2019, les effectifs de gendarmerie devraient être divisés par deux, mais la facture augmenterait de 20 000 euros.

Nicolas Dambre

En partenariat avec La Lettre du Spectacle n°441

Légende photo : Le site du festival de Belfort
Crédit photo : D. R.

CDN : un tandem s’installe à Colmar

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Emilie Capliez et Matthieu Cruciani

Matthieu Cruciani et Emilie Capliez, comédiens et metteurs en scène, viennent de succéder à Guy-Pierre Couleau à la tête de la Comédie de l’Est-centre dramatique national de Colmar. Ils expliquent avoir pensé leur projet artistique en fonction du territoire et de l’histoire de la maison. Le duo a réuni un collectif : Alice Laloy et Catherine Umbdenstock seront artistes associées, et on y retrouvera également Pierre Maillet et de jeunes artistes : Paul Shirck, David Séchaud ainsi que l’écrivain François Bégaudeau. En premier lieu, les directeurs souhaitent mener «un travail autour du théâtre musical», et rappellent que dans les locaux de la Comédie se trouve l’Opéra Studio des jeunes chanteurs lyriques de l’Opéra du Rhin. Au-delà du lyrique, Emilie Capliez appelle de ses vœux des «musiques plurielles». Le tandem proposera la création d’une forme lyrique pour les jeunes publics.

L’adresse à la jeunesse constitue un axe fort du projet, qui prévoit de «rendre cette maison visible pour les plus jeunes, et de développer la programmation pour les publics familiaux», avec des projets ambitieux. Une synergie sera recherchée avec le festival Momix et le TJP-Strasbourg. Le duo porte une «réflexion sur le transfrontalier», dans une ville, Colmar, proche des frontières allemande et Suisse. Il prévoit un temps fort, «Europe Express», pour faire venir des compagnies des pays frontaliers et les «mettre en résonance avec des propositions émergentes d’autres pays européens». Ils expriment la volonté de rayonner en itinérance, en proposant des résidences hors les murs, ainsi qu’un travail «en direction des publics amateurs» avec la mise en place d’un projet «Encrages» qui donnera lieu à l’écriture d’une pièce de théâtre à partir de paroles recueillies.

Mathieu Dochtermann

En partenariat avec La Lettre du Spectacle n°441

Légende photo : Emilie Capliez et Matthieu Cruciani
Crédit photo : D. R.

Tentative de censure contre Les Deux Frères et les lions

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Au Théâtre Poche-Montparnasse, en janvier

La pièce Les Deux Frères et les lions, d’Hédi Tillette de Clermont Tonnerre, aurait pu rester un succès théâtral parmi d’autres. Elle va devenir emblématique de la résistance à une tentative de censure. David Barclay, homme d’affaires britannique qui, avec son frère jumeau, a inspiré l’histoire de la pièce, assigne en justice l’auteur, mais aussi la compagnie Théâtre irruptionnel, l’éditeur l’Avant-Seine, le Théâtre Poche- Montparnasse à Paris dirigé par Philippe Tesson, et le tourneur Atelier Théâtre actuel (ATA). Il réclame l’interdiction pure et simple de l’œuvre et 110 000 euros de dommages et intérêts pour atteinte au respect de la vie privée et diffamation. Le procès aura lieu le 13 mai à Caen. La pièce a été créée en 2012, à la suite d’une commande de la scène nationale de Cherbourg. Elle a vraiment commencé à tourner à partir d’Avignon 2015 et a connu un succès public et médiatique depuis sa série de la saison dernière, au théâtre Poche-Montparnasse. Elle y sera reprise à partir du 8 janvier, ce qui était prévu de longue date.

«L’assignation nous a effrayés, raconte Hédi Tillette de Clermont Tonnerre. Les demandes sont disproportionnées, alors que ce n’est pas du tout une pièce à charge, ni contre le capitalisme, ni contre l’évasion fiscale. Elle pose plutôt la question de savoir ce qui se passe quand on oublie l’intérêt général et qu’on est guidé uniquement par l’intérêt personnel. Je me suis servi de ce qui était disponible dans les journaux et, quand il y avait des trous, j’ai fait œuvre de fiction. La pièce n’a rien d’un biopic, elle ne raconte pas leur histoire.» Son avocat parle d’une fable satirique et dénonce une atteinte délibérée à la liberté d’expression. Les faits relatés qui évoquent les frères Barclay relèvent du domaine public, même si les deux hommes ont le goût du secret, en raison de leur rayonnement dans la vie économique et parce qu’il y a eu des publications dans la presse. Dans le domaine du roman, il existe une abondante jurisprudence de condamnations pour atteinte à la vie privée. Le plus souvent, elles renvoient à la divulgation de faits liés à la vie intime d’une personne.

Yves Perennou

En partenariat avec La Lettre du Spectacle n°441

Légende photo : Au Théâtre Poche-Montparnasse, en janvier
Crédit photo : C. Waksmann

La programmation, point névralgique des scènes locales

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Une partie des participants à la rencontre de la Sorbonne

Une journée d’étude était organisée le 20 novembre sur la programmation artistique dans les scènes subventionnées, à l’initiative du SNSP, Syndicat des scènes publiques, et de l’Université Sorbonne nouvelle UFR Arts et cultures dirigé par Olivier Thévenin. La rencontre était axée sur l’ouvrage de Catherine Pessin et François Ribac, La fabrique de la programmation culturelle (éditions La Dispute). Y participaient plusieurs doctorants et étudiants. Pour le SNSP, rappelait son président Michel Lefeivre, c’était l’occasion de faire un point sur l’état de la liberté de programmation, deux ans après la loi LCAP d’août 2016, mais aussi d’engager la réflexion sur les relations entre élus et directeurs de lieux, à quinze mois d’élections municipales. Dans leur approche sociologique du “métier” de programmateur, Catherine Pessin et François Ribac ont observé les professionnels, leur agilité à gérer les éléments de cahiers des charges, leur maîtrise du compromis entre contraintes économiques ou politiques et le modèle des scènes nationales.

«Notre propos n’est pas de déconstruire, mais que l’on puisse discuter comment on produit de l’intérêt commun», explique François Ribac. Sa consœur Catherine Pessin met le doigt sur la notion de compétence, faisant observer que les groupes de travail professionnels ne parlent pas vraiment de qualité artistique. Qu’est-ce qui fonde l’expertise du programmateur ? L’expérience et l’effort de curiosité, ont répondu les membres du SNSP invités, Cécile Marie, directrice du Théâtre Paul Eluard à Choisy-le-Roi, Frédéric Maurin, directeur de l’Hectare, à Vendôme et Alexandre Krief, directeur du Théâtre Romain Rolland, à Villejuif. Ce dernier précisait que la programmaiton n’était qu’un des volets du travail de direction. La question du pouvoir lié à la programmation a cependant été survolée. Cécile Marie soulignait que la fonction est partagée à Choisy-le-Roi.

Les universitaires ont voulu les attirer sur le sujet délicat de la participation des publics à la programmation et, au-delà, à la quête d’une assise citoyenne qui consoliderait les projets artistiques. Car les remises en question de l’indépendance artistique par de nouveaux élus sont nombreuses «de la part d’une nouvelle génération d’élus qui a perdu les valeurs fondamentales d’une politique des arts et de la culture», pointe Frédéric Maurin. Or, en cas de conflit (exemples du Blanc-Mesnil ou plus récemment de Frouard), le soutien de la population n’est guère efficace. Michel Lefeivre, au nom du syndicat, demande un nouvel effort pour que la charte entre dans les mœurs, sur la base de quelques principes : formulation du projet culturel de la Ville, évaluation du travail mené et mise en œuvre progressive de la mutation du projet artistique si cela est nécessaire.

Yves Perennou

En partenariat avec La Lettre du Spectacle n°440

Légende photo : Une partie des participants à la rencontre de la Sorbonne

Crédit photo : D. R.