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Conseillers DRAC au bord de la crise de nerfs

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Stéphane Werchowski

Recrutement, statut, rémunération et considération... En DRAC, les conseillers sont en attente de réponses. Leur situation serait jugée insupportable.

Au téléphone, au bout de quelques minutes, l’émotion est trop forte. La conseillère sectorielle craque, les larmes surgissent. « C’est dur. On lutte pour garder une identité au sein des DRAC, pour défendre un service public de la culture. On peut suivre jusqu’à 50 compagnies, les lieux labellisés. On explose. » Touchée par la situation qu’elle traverse, elle témoigne : « On n’a plus de temps pour le repérage des initiatives qui auraient besoin de nos conseils, plus vraiment pour l’émergence non plus. On prend sur nous, on essaie de le dégager, ce temps… mais, on est comme tout le monde, on croule sous les appels à projets qui deviennent peu à peu la norme. On est en retard sur tout. Parfois, j’ai honte. Je sens que je ne suis pas au niveau des attentes des opérateurs sur le terrain, de ce qu’ils pourraient attendre de moi en matière d’accompagnement individuel aux porteurs de projets. » Comme beaucoup d’autres, elle a fait grève le 18 juin. Les inspecteurs, inspectrices, conseillers et conseillères de la création, des enseignements artistiques et de l’action culturelle (ICCEAAC) du ministère de la Culture étaient en grève, sur site, et des délégations ont été reçues par les directions. « Cette grève, c’était du jamais vu en DRAC, assure cette conseillère désabusée, à bout de force et de conviction. Honnêtement, au ministère et en DRAC, vous avez des agents experts, qualifiés, engagés, avec une haute considération de la défense du service public de la culture. Il n’y avait jamais eu de grève. »

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Par Cyrille Planson

Légende photo : Stéphane Werchowski, conseiller spécial au sein de la CFDT Culture

Crédit photo : Julien Pebrel

Avec les artistes en situation de handicap

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Malo Lopez

Même si la présence des comédiens et comédiennes en situation de handicap est encore très parcellaire, des artistes, des ESAT et de grandes écoles se mobilisent.

Il y a bien la tournée française du Hamlet de Chela de Ferrari qui fait escale dans de très nombreuses villes avec les huit comédiens porteurs du syndrome de Down, ou la récente adaptation de Milo Rau du Salo de Pasolini avec une troupe porteuse de trisomie 21, mais les artistes en situation de handicap se font encore rares sur nos scènes. Cependant, Malo Lopez le reconnaît : « Les choses sont enfin en train de bouger. » En 2021 est né le Centre national pour la création adaptée, issu de l’Atelier Catalyse des années 1980. Et la directrice artistique de la compagnie Insolite Fabriq (Lyon) de citer la récente journée au Sénat le 17 mai sur les « 20 ans de la loi 2005 dans l’art et la culture : inclusion, de l’accessibilité à la participation ». Puis les rencontres professionnelles nationales des compagnies inclusives au TNP en octobre prochain. Sur le terrain, elle entreprend un travail de fourmi auprès de travailleurs en ESAT et fonde en 2013 une compagnie sur le modèle de la Bulle Bleue, à Montpellier, ou la pionnière Oiseau Mouche, de Roubaix, à la différence près que ces dernières travaillent avec des artistes associés. La première pièce d’Insolite Fabriq fait justement écho à la loi de 2005 obligeant les entreprises à embaucher 6 % de personnes en situation de handicap. 

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Par Nadja Pobel

Légende photo : Malo Lopez, directrice artistique de Insolite Fabriq

Crédit photo : Julie Cherki

Basculer sur une saison hors les murs

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Alexandra Tobelaim et Ophélie Barat

En attendant la construction d’un théâtre, le Nest a dû se projeter dans un temps très court vers une première saison délocalisée.

En juin dernier, pour clore la saison du Nest, scène nationale de Thionville, Alexandra Tobelaim a organisé une immense fête. Pour la directrice et son équipe, entourées d’artistes et d’anciens directeurs de la structure, il s’agissait de célébrer la fin du théâtre en bois et de matérialiser « le passage du Nest dans l’avenir du théâtre ». En effet, dans le cadre d’un vaste plan d’aménagement urbain, le site du théâtre en bois – une friche de 17 hectares – est destiné à accueillir un théâtre, en dur cette fois-ci, en 2028. En juillet dernier, le Nest a quitté provisoirement les berges de la Moselle pour trois années, le temps de la construction d’un nouveau théâtre, et commencera son itinérance sur le territoire mosellan. Créé en 1963 par Jacques Kraemer, ce qui allait devenir le Nest a commencé sa vie en itinérance, puis s’est « posé » au théâtre municipal de la ville de Thionville à la fin des années 1970. Depuis 2004, sur une idée de son ancien directeur, Laurent Gutmann, le théâtre en bois, qui avait vu le jour pendant les travaux de l’Odéon en 1996, était devenu le lieu du Nest. À vingt minutes de la Belgique et du Luxembourg, trente de l’Allemagne, ce territoire transfrontalier est en pleine expansion. Des 42 000 habitants actuels, les projections envisagent qu’ils seront plus de 50 000 dans vingt-cinq ans. 

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Par Cyrille Planson

Légende photo : Alexandra Tobelaim, directrice, et Ophélie Barat, responsable du développement territorial du Nest (Thionville)

Crédit photo : D. R.

Formuler des retours aux compagnies

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Hugo Frison

Dans un climat de fortes tensions sur la diffusion, la pratique des retours devient de plus en plus délicate et nécessite une bienveillance réciproque.

Lorsqu’une compagnie convie un directeur de lieu à découvrir sa création, elle espère légitimement que celui-ci exprimera des retours sur son travail. Un tel échange s’avère néanmoins complexe, le programmateur s’efforçant d’être juste, et le metteur en scène attendant fébrilement ses appréciations et surtout une décision quant à la diffusion du spectacle. Se pose tout d’abord une question de temporalité. S’il est de coutume de saluer l’équipe artistique à l’issue d’une représentation, ce moment n’est pas toujours propice à la formulation de premières impressions, encore trop empreintes d’émotions. « Quand je ne suis pas certain de ce que j’ai à dire, je propose à l’artiste de nous reparler par la suite », explique le directeur du Bateau Feu, scène nationale de Dunkerque, Ludovic Rogeau. Bien que cette démarche apparaisse chronophage, il sera judicieux d’adresser un e-mail (quelques lignes suffiront parfois) ou, mieux, d’opter pour un échange téléphonique, plus direct. Tout dépend cependant de l’état d’esprit qui vous anime : certitude sur le choix, ou non, d’accueillir la production, ou bien tergiversations. Lorsque son sentiment est positif, Hugo Frison, directeur du Théâtre de la Renaissance, à Oullins (Rhône), le communique et demande de plus amples informations. 

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Par Marie-Agnès Joubert

Légende photo : Hugo Frison, directeur du Théâtre de la Renaissance (Oullins)

Crédit photo : D. R.

Les Départements en alerte rouge

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Dominique Poirout

Les conseils départementaux voient leur capacité à investir dans les champs de compétences non obligatoires réduite du fait des baisses de leurs recettes et des hausses des dépenses de solidarités.

Si la situation diffère d’un conseil départemental à l’autre, les Départements sont confrontés actuellement à un effet ciseau qui inquiète les milieux associatifs agissant dans des domaines de compétences partagés entre les différents échelons de collectivité, comme le sport et la culture. Les conseils départementaux font les frais du ralentissement du marché immobilier après des années fastes du fait des faibles taux d’emprunt. Alors qu’il s’agit de l’une des principales recettes de ces collectivités, celles-ci doivent gérer les dépenses croissantes relevant de l’une de leurs principales compétences obligatoires : le domaine du social et des solidarités. « Cette année, le Département de Loire-Atlantique a enregistré une chute de 86 millions d’euros des droits de mutation. Il n’y avait pas de signes avant-coureurs et nous avons dû retravailler le budget plusieurs fois », remarque Dominique Poirout, vice-présidente culture de la collectivité, et membre du réseau Culture Co (réseau national pour la culture dans les départements).

« Cet effet ciseau impacte tous les conseils départementaux. Nous n’avons plus de leviers sur les recettes, car nous ne levons plus d’impôts, indique Catherine Brunaud-Rhyn, vice-présidente culture de la Manche et vice-présidente de Culture Co. Nous subissons donc une cristallisation des recettes et une hausse des dépenses qui n’est pas seulement liée au fait qu’il y aurait plus d’allocataires, mais au fait que l’État nous impose des modifications réglementaires ou législatives qui nous impactent. Dans la Manche, en 2023, nous étions à 79 millions d’euros, et nous sommes tombés entre 70 et 72 millions d’euros en 2024. Cela baisse, mais nous avons encore des recettes et notre vice-président aux finances nous avait fait jouer la prudence en travaillant sur un budget qui tablait sur une baisse des recettes. Nous avons travaillé sur les ressources humaines, sur le nombre de postes en fonction des départs à la retraite ».

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Par Tiphaine Le Roy

Légende photo : Dominique Poirout, vice-présidente culture du département de Loire-Atlantique

Crédit photo : Christiane Blanchard

Podcasts : comment se lancer

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Julien Villeneuve-Pasquier et Pauline Deboffles

Ce média plébiscité par les grandes chaînes de radio et de télé (Radio France et Arte notamment) est encore peu présent dans les théâtres et de façon très hétérogène. Rencontre avec celles et ceux qui les font et les imaginent.

La première fois que Marion Coutel y a pensé, c’était pendant le confinement du covid, quand les salles étaient fermées. Elle était alors (et est toujours) membre du service des relations avec les publics à la Maison de la danse de Lyon. Au retour à la normale, elle propose à sa direction, qui l’a soutenue « assez rapidement », une série hautement qualitative et ambitieuse : des entretiens avec des artistes pour qui la danse n’était pas une évidence. Les huit épisodes de « Demain, je danse » laissent tour à tour et durant environ trente minutes la parole à Aurélien Bory, Nacera Belaza, Pierre Rigal, Djino Alolo Sabin… Ils sont publiés en septembre 2021 sur le site de la salle, qui comporte déjà une autre référence : la plateforme d’archives Numéridanse. Au lendemain de la prise de poste de Tiago Guedes (qui succède à Dominique Hervieu), elle a le feu vert pour une nouvelle série documentaire sur la place des femmes dans la danse, « Non ma fille, vous n’irez pas danser », mise en ligne en mars dernier, six épisodes en duo d’interprètes, chorégraphes, directeurs d’institutions, chercheuses qui dialoguent sur la confiance, la danse de rue, la tendance ancestrale à faire danser les enfants filles plutôt que garçons, la transformation des imaginaires… 

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Par Nadja Pobel

Légende photo : Julien Villeneuve-Pasquier, chargé de relations avec le public étudiant, et Pauline Deboffles, chargée de communication numérique, au Quai, CDN d’Angers

Crédit photo : D. R.

Des scénographies plus durables

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Claire Hébert

Le Collectif de 17 h 25 et L’Augures Lab Scénogrrrraphie s’appuient sur la collaboration entre pairs pour explorer des solutions concrètes en matière d’écoscénographie.

Parce qu’elle soulève de nombreuses problématiques pas toujours simples à aborder, la transition écologique requiert plus que tout autre domaine des dynamiques de coopération. C’est pourquoi cinq maisons d’opéra (l’Opéra de Lyon, le Théâtre du Châtelet, le Festival d’Aix-en-Provence, l’Opéra national de Paris et le Théâtre royal de La Monnaie à Bruxelles), qui avaient l’habitude de collaborer via des coproductions, ont décidé en 2019 de se fédérer au sein du Collectif de 17 h 25. Après avoir échangé sur leurs avancées respectives, elles ont souhaité approfondir la question de l’écoconception des scénographies, considérée sous un angle particulier et à l’appui d’un projet concret : la standardisation d’éléments de décor. « Plusieurs directions avaient déjà amorcé un travail en ce sens, explique Claire Hébert, directrice générale adjointe de l’Opéra de Lyon. Notre ambition était désormais d’adopter une démarche commune. » Afin de mener à bien une recherche expérimentale appliquée, le Collectif de 17 h 25 a postulé au programme « Alternatives vertes » de France 2030, qui, outre l’obtention d’un soutien financier, a permis de fixer un cadre. Durant trois ans (2022-2025), les cinq lieux explorent la définition d’une norme commune pour la conception d’éléments invisibles d’un décor (escalier, châssis, fenêtre, etc.), utilisables par chacun sur ses productions. Les avantages de cette standardisation seraient multiples : ne plus être contraint de partir de zéro pour fabriquer un décor et puiser dans un stock de pièces détachées ; réduire le volume d’entreposage des décors, et de transport lors de tournées ; favoriser le réemploi et, au final, abaisser le coût des scénographies. 

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Par Marie-Agnès Joubert

Légende photo : Claire Hébert, directrice générale adjointe de l’Opéra de Lyon

Crédit photo : Blandine Soulage-Rocca

Diffusion de spectacles : la chute de 25 % se confirme cette saison

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Ecrire sa vie

LAPAS révèle de nouveaux chiffres catastrophiques. Un dossier urgent pour le futur gouvernement.

En mars dernier, une première enquête de LAPAS avait sonné le tocsin dans le monde du spectacle vivant. L’Association des professionnels de l’administration du spectacle publiait les résultats alarmants de son enquête flash annonçant un effondrement de la diffusion estimée alors à 54 % de représentations en moins que la précédente saison (2023-2024). Un coup de tonnerre observé, dans une moindre mesure, par d’autres organisations. « Cette enquête flash a proposé un endroit de bascule intéressant, résumait alors un responsable de bureau d’accompagnement anonyme. Cela marque une prise de conscience d’un problème sectoriel. » Cette enquête peu précise, a été relancée et élargie à 315 compagnies par LAPAS, en association avec le Synavi et le Syndeac, au cours du mois de juin, date à laquelle les saisons sont bien calées. Si les chiffres diffèrent, notamment du fait d’une assise plus représentative, et parce que des dates se sont rajoutées depuis, ils demeurent « catastrophiques », résume sa coprésidente, Véronique Felenbok. En moyenne, la diffusion chute de 25 % par rapport à 2023-2024, de 24 % si on se réfère à la saison de référence pré-Covid (2017/2018). « Cette réduction généralisée de la diffusion concerne toutes les équipes artistiques, complète Véronique Felenbok, quel que soit leur volume de diffusion, ce qui laisse présager des difficultés grandissantes à remplir les critères de diffusion demandés par les conventionnements, notamment ceux des DRAC ». En ligne de mire, pointe la coprésidente de l’association, « cela signe la disparition à moyen terme de nombreuses compagnies, et ça a déjà commencé ». 

Tout le monde est touché
Dans une tribune de l’ACDN (le 19 juin 2024), les directeurs de centres dramatiques nationaux, affirmaient que les coupes budgétaires de la Culture « mettent en péril la création et la production de centaines d’œuvres, la vie matérielle de milliers d’artistes et de compagnies ». Les équipes artistiques sont impactées de manière « uniforme », quels que soient les genres, la structuration, avec un écroulement de la diffusion plus important « pour les compagnies tout public » (-33 % par rapport à la saison pré-Covid). Des données que l’on retrouve aussi dans la structure du volume d’activité des compagnies : entre les saisons 2018-2019 et 2024-2025 « les compagnies qui diffusent plus de 100 dates par an passent de 7 % à 4 %, celles qui diffusent entre 50 et 100 dates de 22 % à 15 %, et celles qui diffusent entre 20 et 50 dates par an de 39 % à 29 % ». De facto, cette chute des équipes qui tournent beaucoup vient gonfler les rangs de celles qui ont une faible activité : « celles à moins de 20 dates par an passent de 33 % sur la saison 18-19 à 52 % sur la saison 2024-2025. » Ce phénomène, LAPAS le résume en un mot : « Ces données reflètent une précarisation globale de notre secteur, avec une précarisation accrue des compagnies les moins solides, celles qui sont dirigées par des artistes sous-représentés et/ou aux esthétiques plus singulières. » 

Casse sociale à venir
LAPAS observe le même type de crise sur les professionnels de l’administration des spectacles : « 36 % des bureaux annoncent des baisses d’activité et 42 % des personnes envisagent une baisse de leur volume d’emploi. » Témoin de cette précarisation, la part grandissante des auto-entrepreneurs. Et leur volonté de « se tourner vers des projets plus rémunérateurs, pour 38 %, et de prendre plus de compagnies à rémunération égale, pour 26 %, ce qui signifie une nette détérioration des conditions de travail. » Les intermittents sont secoués. « C’est le coup de la corde : à un bout on donne une petite secousse et, à l’autre bout, c’est un mouvement d’ampleur», se lamente Véronique Felenbok qui annonce une hécatombe : « Beaucoup d’intermittents ne vont pas pouvoir renouveler leurs statuts en 2025. C’est un problème qui n’est pas évalué à sa juste ampleur. La casse sociale arrive, avec un effet retard, comme nous l’avions annoncé en mars. »

Jérôme Vallette

En partenariat avec La Lettre du spectacle n°564

Légende photo : Ecrire sa vie, Pauline Bayle

Crédit photo : Eric Deguin

« Mon projet d’ouverture ne se fait pas au détriment des productions »

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Emmanuel Hondré

Nommé en 2021 à la direction de l’Opéra national de Bordeaux, Emmanuel Hondré vient de présenter  sa troisième saison, mais fait face à des problèmes de ressources humaines.

Quelle est la situation financière de l’Opéra national de Bordeaux ?
2023 signe un retour à l’équilibre avec un excédent symbolique de 350 000 euros. Notre budget est de 32,2 millions d’euros pour 2024, dont 16,7 millions de la Ville, qui a augmenté sa subvention de 400 000 euros depuis 2023 pour notamment accompagner la croissance de la masse salariale. L’augmentation de l’indice des fonctionnaires de 3,5 % à l’été 2022 représentait 500 000 euros. En ce qui concerne la fréquentation, nous comptabilisons 230 000 entrées sur cette saison, ce qui correspond aux chiffres de 2018. Mais le lancement des abonnements sur les trois premiers jours est excellent.

Les partenaires privés sont plus nombreux…
Mécénat et parrainage représentent 1,6 million d’euros cette année contre 650 000 en 2022, ce qui explique notre excédent. Nous avons développé des axes de mécénat, comme l’émergence, les talents féminins ou le « zéro achat » pour rendre plus lisible leur soutien. Notre première mécène est Madame Aline Foriel-Destezet laquelle s’est engagée pour trois ans à soutenir l’Académie, de jeunes artistes émergents de 25 à 30 ans. Ils sont accueillis en résidence durant un an pour revisiter — de façon autogérée mais accompagnée — une œuvre du répertoire, Le Barbier de Séville en 2025. J’ai mis en place des concerts pour bébés, des ateliers de pratique et d’éveil, des chœurs auxquels peuvent se joindre des amateurs et développé les concerts et bals participatifs. Les actions hors les murs permettent de dépasser une relation descendante ou de clientèle face à une offre de diffusion, en travaillant avec des associations ou collectivités.

Pourquoi votre établissement produit-il moins d’opéras que le Capitole de Toulouse ?
La prochaine saison accueillera 4 ballets et 8 opéras, 4 grandes formes, dont trois productions : Les Sentinelles, Norma et Fidelio, et 4 formes moyennes. Il y a moins de grandes formes que je ne le voudrais par manque de ressources. Dans un avenir proche, j’aspire à produire 4 grandes formes, idéalement 5 par saison. Et contrairement à ce que j’entends parfois, mon projet d’ouverture « Opéra citoyen » ne se fait pas au détriment des productions, toutes ces nouvelles formes sont financées par le mécénat. Mon autre grand souhait est de reconstituer le nombre de postes permanents de l’orchestre, qui était de 106 en 2009. Il y a 87 postes pourvus aujourd’hui, 78 si l’on tient compte des arrêts maladie, années sabbatiques ou mises en disponibilité. Nous engageons donc des musiciens intermittents, en attendant de pouvoir recruter une dizaine de permanents selon nos moyens.

Au printemps 2023, les personnels techniques ont dénoncé des « projets plus complexes à mettre en place dans des délais toujours plus courts ». Plusieurs départs ou arrêts maladie sont à déplorer...
Il y a effectivement eu des tensions à cause d’une activité importante et d’une attente dans le renouvellement de certains postes techniques et administratifs. Six postes techniques sont en cours de recrutement. Nous devons stabiliser voire un peu diminuer le niveau d’activité et moderniser nos outils informatiques. Nous attendions aussi les conclusions des trois audits publics, dont ceux de la chambre régionale des comptes. Une docteure en psychologie a été recrutée, sur la proposition du médecin du travail. Ses conclusions ont été restituées au personnel le 21 juin. À ce jour, 319 postes (soit 312 équivalents temps plein) sont pourvus, nous prévoyons d’ici la fin de l’année d’atteindre 333 postes (soit 330,5 ETP).

Allez-vous changer de statut ?
La chambre régionale des comptes recommande le passage de régie personnalisée à EPCC [établissement public de coopération culturelle, NDLR]. Je constate que l’Opéra national de Bordeaux est le seul opéra français à ne pas être financé par sa métropole, alors qu’un tiers de notre public est issu de ce territoire et non de Bordeaux. 

Qu’est-ce que les productions « zéro achat » ?
Avec le Requiem, de Mozart, nous avons inauguré un opéra sans acheter ni décor, ni accessoires, ni costumes. Cela implique un grand travail de prospection et un principe de transversalité, sans pour autant brider la création qui doit partir de l’existant et s’affranchir de conceptions standardisées. Pour le Requiem puis La Bohème, cela a représenté 40 000 et 100 000 euros d’économies en matériel, mais davantage de dépenses salariales en temps de travail effectué. Nous adopterons ce programme pour la production des Sentinelles (mise en scène et livret Chloé Lechat).

Propos recueillis par Nicolas Dambre 

En partenariat avec La Lettre du spectacle n°564

Crédit photo : Julien Mignot

Toulouse : La Cabane, nouvelle salle de concerts, ouvrira en septembre

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Cabane

La scène de la Cabane vient tout juste d’être livrée pour une inauguration prévue les 7 et 8 septembre, pile un an après celle des Halles de la Cartoucherie. 

« Elle est enfin là. Dès le démarrage du projet, on souhaitait y intégrer une dimension culturelle », s’enthousiasme Gilles Jumaire, le fondateur de Bleu Citron à l’origine, avec six associés, du tiers lieu porté par la coopérative Cosmopolis. La scène de la Cabane vient tout juste d’être livrée et il ne manque que son aménagement intérieur, pour une inauguration prévue les 7 et 8 septembre, pile un an après celle des Halles de la Cartoucherie. 

7 millions d’euros d’investissement
Pilotée par Bertrand Caussé, son directeur d’exploitation, la Cabane sera la troisième salle réservée aux musiques actuelles dans la Ville Rose, avec sa jauge modulable de 444 places assises ou 758 places en assis-debout, située entre celles du Metronum et du Bikini. Une proposition unique, qui représente 7 millions d’euros d’investissement pour un bâtiment de 2 250 m². « Toulouse est sous dotée par rapport aux villes de même taille. En comblant ce trou dans la raquette, on pourra faire venir ici des artistes qui étaient obligés de faire deux salles, comme Pomme ou Clara Ysé », souligne Sophie Levy-Valensi, directrice associée du tourneur Bleu Citron, qui programmera la moitié des 90 dates annuelles prévues. Les autres seront assurées par des producteurs en majorité locaux, comme Noiser pour le metal ou la Pause musicale pour la chanson. La dominante musicale (à 80 %) sera complétée par des spectacles d’humour, de danse, de théâtre, mais aussi des conférences. Parmi la quarantaine de dates déjà connues de la première saison, on peut citer Aliocha Schneider, Emma Peters, Odelaf, Ministère AMER, Barbara Pravi, ou encore Constance et Nordine Ganso pour l’humour. Bleu citron aimerait aussi accueillir des artistes anglo-saxons « qu’on voit peu hors de Paris », comme Baxter Dury. Pour assurer son équilibre budgétaire, la salle sera louée pour des événements privatifs, grâce à ses espaces sur deux niveaux (un bar et une petite scène d’appoint sont situés en dessous de la salle de concerts) et sa terrasse privative. Le budget prévisionnel de fonctionnement d’un million d’euros reposera à moitié sur ces recettes. Un modèle privé, qui n’exclut pas l’apport complémentaire de quelques subventions, et des recettes issues d’actions culturelles.

Armelle Parion

En partenariat avec La Lettre du spectacle n°564

Crédit photo : D. R.