Pass Culture : une reprise en main qui ne rassure pas

    Aurélie Hannedouche

    Critiqué avec un tact prudent par Rachida Dati dès son entrée en fonction au ministère de la Culture, éreinté par des rapports successifs, le pass Culture, ce « totem présidentiel », connaît d’importants soubresauts. Gel brutal de la part collective fin janvier, important coup de rabot sur la part individuelle et nomination d’une nouvelle directrice en février, transformation de la structure en opérateur d’État programmée pour janvier 2026… Le débat, lui, reste ouvert.

    « En l’état, le pass Culture n’est pas suffisamment démocratique. Sous certains aspects, il peut même alimenter la reproduction sociale. » Devant les sénateurs le 30 janvier dernier, Rachida Dati reprend à son compte certaines des critiques formulées dans le rapport de la Cour des comptes de décembre 2024 comme dans celui de l’Inspection générale des affaires culturelles (IGAC), rendu six mois plus tôt. La ministre de la Culture, tout en défendant le dispositif – « totem présidentiel », selon le mot de Laurent Lafon, président de la commission culture au Sénat –, s’est rapidement montrée critique à son égard et, au fond, ces deux enquêtes approfondies lui offrent des arguments pour le corriger. Pour mener à bien ce travail, elle a nommé le 14 février Laurence Tison-Vuillaume en lieu et place de Sébastien Cavalier à la présidence de la SAS Pass Culture.

    La haute fonctionnaire, ex-directrice de cabinet de Françoise Nyssen lors de son passage Rue de Valois, a supervisé le rapport sur le pass lorsqu’elle était directrice de l’IGAC. C’est dire si elle en connaît intimement les limites qu’elle a elle-même pointées du doigt. Sa nomination symbolise la reprise en main par le ministère, suivant une préconisation de la Cour des comptes. Au 1er janvier 2026, le pass Culture sera un opérateur du ministère de la Culture – ce qui n’exclut pas son maintien sous la forme d’une SAS. Sébastien Cavalier refusait totalement cette perspective. Cette « réintégration au sein des services du ministère ne lui permettrait plus d’accomplir ses missions avec succès et hypothéquerait l’avenir du dispositif », écrivait-il en réplique aux magistrats de la cour.

    La ministre a également repris la main sur le comité stratégique, l’organe qui décide des orientations du pass, dont elle a accusé les membres de « se faire plaisir » et de cultiver l’entre-soi. Quatre nominations ont déjà été actées, avec notamment un changement de président. Aymée Rogé, DRAC de Bourgogne-Franche-Comté prend la direction du comité. 

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    Par Bruno Walter

    Légende photo : Aurélie Hannedouche, directrice du SMA

    Crédit photo : Julien Pebrel