Lagardère cède le Bataclan à la Ville de Paris

    Le Bataclan

    La Ville de Paris investit dans les concerts du Bataclan. L’activité de cette salle de 1 700 places doit être absorbée début novembre par la Société anonyme d’exploitation du Palais omnisports de Paris-Bercy (SAE POPB). Cette société d’économie mixte, qui gère déjà l’Accor Arena, est majoritairement détenue par la Ville même si le géant américain AEG, concurrent de Live Nation, en contrôle un peu plus de 40 %. Le montant du rachat, 1,4 million d’euros, peut sembler dérisoire si on le compare aux millions investis dans la rénovation à l’identique de la salle meurtrie par les attentats du 13 novembre 2015. « Mais il ne s’agit pas du rachat des murs, ce n’est pas une préemption, il n’est question ici que du fonds de commerce, même Lagardère ne possédait pas les murs », précise l’adjointe à la Culture à la ville de Paris Carine Rolland. Ceux-ci restent la propriété de la famille Habrekorn.

    Le groupe Lagardère (Bernard Arnault venant de se désengager à hauteur de 27 % de Lagardère Capital) n’est de son côté pas parvenu à valoriser l’ensemble de son pôle spectacle incluant Bataclan, Casino de Paris, Folies Bergère, arenas de Bordeaux et d’Aix comme il le souhaitait puisqu’il en espérait 70 millions d’euros. Le voici donc contraint de procéder à une vente à la découpe. Le Bataclan ayant eu du mal à retrouver une fréquentation digne de ce nom depuis sa réouverture en novembre 2016, au delà même de sa fermeture du début de la pandémie. Mais c’est surtout son poids symbolique chargé en affects depuis les attentats qui place son avenir au cœur des préoccupations du spectacle vivant.

    Le SMA (Syndicat des musiques actuelles) se réjouit à ce titre de la présence de Frédéric Hocquard, maire adjoint de la ville de Paris en charge de la vie nocturne à son congrès des 14 et 15 septembre prochain à Marseille. « On pourra échanger à ce moment sur le Bataclan », remarque Aurélie Hannedouche, déléguée générale du SMA, syndicat présidé qui plus est par un parisien, le directeur de la salle de concerts « flottante » Petit bain, Laurent Decès. Quand à la ligne « 100 % rock » désormais mise en avant pour Le Bataclan, elle laisse sceptique un professionnel : « On ne fait pas 200 concerts par an avec du rock. Le nombre de groupes capables d’attirer 1 500 personnes est à peu près le même tous les ans. Si elle reste, sa directrice générale Florence Jeux devra composer avec les artistes Live Nation et ils finiront aussi par programmer de la pop ».

    Nicolas Mollé

    En partenariat avec La Lettre du spectacle n°499

    Légende photo : Le Bataclan, à Paris

    Crédit photo : D. R.