Danse : quelle diffusion après les séances professionnelles ?

    Feux, d’Elise Lerat

    Le 12 décembre, le Festival Faits d’hiver tirait le premier les conséquences des annonces gouvernementales : « Sortez les mouchoirs, les masques ne peuvent pas essuyer les larmes. » Le festival (du 14 janvier au 12 février) est annulé. Le Nantais Trajectoires (du 14 au 28 janvier), emboîte le pas, de même que Waterproof à Rennes (du 3 au 21 février), puis Pharenheit au Havre (26 janvier au 6 février). En vingt ans, ce véritable « mois de la danse » allant de Suresnes Cité jusqu’au Hivernales d'Avignon (du 10 au 27 février) en passant par Open Space à l’étoile du Nord à Paris ou Parallèle à Marseille, est devenu incontournable. On dénombrait, cette année, plus d’une trentaine de créations.

    Ces manifestations essentielles sur l’agenda professionnel vont le rester car la réponse commune a été de transformer les séances publiques en présentations aux professionnels. Mais pourquoi faire ? Ces créations auront-elle une vie ou bien – sachant que certaines premières ont déjà été retardées – ne risquent-elles pas d’être écartées par les programmateurs au profit de créations plus récentes ? « Créer en cette période est complexe, justifie Erika Hess, directrice déléguée du CCN de Nantes, qui coordonne Trajectoires. Les compagnies avaient besoin d’une date pour finaliser. Même s’il n’y a que de très faibles possibilités de dates de présentation, cela donne un objectif. D’autre part, programmer ces présentations permet de mobiliser une solidarité dont les équipes ont besoin ».

    L’argument est là : tous les festivals contactés paient la représentation. Les réorganisations et la mobilisation d’équipes techniques qui n’étaient pas prévues représentent un petit surcoût. La DGCA a fait clairement savoir aux DRAC que les critères d’évaluation pour l’attribution des aides ne devaient pas s’appuyer sur le nombre de dates. « Il a été demandé, pour toutes les aides, de prendre en compte la dynamique de la compagnie sur les deux ans passés », précise le ministère. Dès lors, ces présentations qui ne permettent qu’une hypothétique programmation n’ont guère d’enjeu sur les dossiers de subventions. Elles expriment une volonté d’exister « malgré tout », mais maintiennent le monde de la danse dans cette course à la création que certains espéraient voir remise en cause à l’occasion de la pandémie.

    Philippe Verrièle

    En partenariat avec La Lettre du spectacle n°486

    Légende photo : Feux, d’Elise Lerat, à Trajectoires

    Crédit photo : Collectif Allogène