
Comme l’épilogue un peu triste d’une saga qui a tenu en haleine la danse, Jean-Paul Montanari est décédé le 25 avril, alors que ses successeurs à la tête de l’Agora de la danse/Montpellier Danse viennent d’être nommés, mais avant qu’ils prennent leurs fonctions. Il ne verra donc pas l’aboutissement d’une action menée depuis plus de quarante ans et qui a fait de la métropole l’une des capitales mondiales de la danse.
Et ce n’était pas écrit d’avance. Il a fallu beaucoup de persistance et de volonté pour qu’un gamin en 1947 né à Boufarik (Algérie), devienne journaliste à Lyon, dans ce qui est alors un pôle essentiel de l’effervescence chorégraphique française des années 1970. Il y rencontre le chorégraphe Dominique Bagouet, qui lui-même vient de rencontrer un jeune maire d’une ville pas très en vue. George Frêche a lancé le centre chorégraphique national et va s’accorder à cette vision de la danse que Jean-Paul Montanari sert en prenant en charge à partir de 1983 le festival qui existe déjà. Vu comme une « statue du commandeur », volcanique et entier, le jeune homme donne à la manifestation une place non envisagée initialement. Tant et si bien qu’en 1992, à la mort de Bagouet, le festival prend son autonomie.
En 1994, il frappe un coup majeur en invitant Béjart pour une édition qui bouleverse la ville et les certitudes. À partir de cette édition, le festival tend à éclipser le CCN, ce qui ne va pas sans tension. La loyauté de Jean-Paul Montanari est rarement soulignée. Elle est pourtant absolue. Aux artistes, à la danse, à Georges Frèche et à la ville… Ainsi va-t-il suivre la réhabilitation du couvent des Ursulines en Agora internationale de la danse, où s’installent le CCN en 1997, puis le festival en 2001. Cette fidélité ombrageuse explique les attachements qu’il a suscités et le communiqué inhabituellement sensible de la part d’un maire au décès d’une figure de sa commune. Quand Michaël Delafosse, maire de Montpellier, en réponse à la phrase de Jean-Paul Montanari – « Ne faire confiance qu’aux artistes, les seuls à savoir transfigurer l’horreur en beauté » – écrit : « C’est cette promesse que je veux garder en moi alors que cette nouvelle me plonge dans une tristesse infinie », on peut le croire.
Philippe Verrièle
En partenariat avec La Lettre du Spectacle n°581
Légende photo : Jean-Paul Montanari
Crédit photo : D. R.