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Pour une histoire des metteuses en scène

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Couv metteuses en scène

Agathe Sanjuan et Joël Huthwohl (coordination)

Le rapport de Reine Prat, en 2006, a marqué une étape. Depuis, quelques avancées significatives dans le combat pour l’égalité entre les hommes et les femmes ont été constatées dans le champ du théâtre. Il faut reconnaître que, dans ce domaine, toute une profession, très marquée par une prédominance masculine, et patriarcale, partait de très loin. Dans ce numéro fort bien documenté, la Revue d’histoire du théâtre s’intéresse à la place des femmes dans la mise en scène en France du XVIIe siècle au début du XXIe siècle. L’ouvrage préfacé par Julie Deliquet, metteuse en scène, directrice du Théâtre Gérard Philipe de Saint-Denis, s’intéresse aussi aux comédiennes, à Mademoiselle Dumesnil, « proto-metteuse en scène », à Sarah Bernhardt, ou encore à Louise Lara, artiste de l’avant-garde. Elle met aussi en relief les portraits de ces « collaboratrices » oubliées des metteurs en scène, comme Simone Jollivet, la « femme-théâtre » éclipsée par Charles Dullin, Véra Korène, comédienne, metteuse en scène et directrice de théâtre, ou encore Catherine Dasté et Silvia Monfort, toutes deux femmes de théâtre, si importantes dans son histoire récente. En contrepoint à ces études universitaires, et à un article de Sophie Proust sur les femmes metteuses en scène des deux dernières décennies, des artistes apportent un éclairage intéressant sur les réflexions ici déployées. C’est le cas avec Ariane Mnouchkine et Hélène Cixous, si intelligentes dans leurs analyses. L’ensemble est loin d’être indigeste. Au contraire, il est vivant de toutes ces histoires individuelles, de ces engagements, d’actes et de paroles souvent à l’avant-garde d’une époque qui a tardé à les reconnaître à leur juste valeur.

Revue d’histoire du théâtre, numéro 299, tome 2, 354 pages, 22 euros.

Les Associations culturelles

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Les Associations culturelles

John Baude

La France compterait 289 000 associations culturelles (soit 23 % du secteur associatif dans son ensemble), dont 127 000 œuvrant dans le champ du spectacle vivant (44 % des associations culturelles). Ces associations culturelles « disposent de ressources courantes de 7,2 milliards d’euros, dont 79 % sont concentrés dans les associations employeuses ». Leur poids dans l’économie de la culture est donc loin d’être négligeable. L’étude du DEPS – ministère de la Culture actualise la connaissance que nous en avons en donnant des clés de lecture selon les territoires, les disciplines ou l’emploi. On y lit que si l’on compte « peu de salariés par association culturelle », celles-ci ont « un poids important dans l’emploi associatif ». On découvre aussi que seul un tiers des associations culturelles est subventionné, que les retraités sont surreprésentés dans les instances dirigeantes ou encore que si les adhérents y sont moins nombreux que dans d’autres secteurs, les bénévoles y sont aussi très sollicités.

DEPS - ministère de la Culture, coll. Culture chiffres, 30 pages, en téléchargement libre.

Guide du foncier culturel

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Guide du foncier culturel

Laura Aufrère, Joséphine Dresler, Mayeul Beaudet

Édité par La Main, une foncière culturelle, solidaire et citoyenne, c’est un document très précieux pour tous ceux qui ont l’ambition de doter les lieux d’art et de culture « nés d’initiatives collectives, citoyennes, indépendantes et ingénieuses, d’outils leur permettant de poursuivre leurs aventures singulières ». Ce guide décline les enjeux spécifiques de la maîtrise foncière pour les lieux du secteur artistique et culturel. Il s’adresse aux acteurs intermédiaires et aux tiers-lieux culturels qui s’engagent dans la pérennisation de leur bâtiment, ainsi qu’aux collectivités territoriales, détaillant le chemin menant à la maîtrise foncière.

La Main foncièrement culturel, 105 pages, en téléchargement libre.

Chroniques d’une intranquillité 1965-2005

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Chroniques d’une intranquillité

Jean-François Marguerin

On connaît le haut fonctionnaire, en centrale comme en DRAC, qui a intégré le ministère de la Culture en 1983. Jean-François Marguerin s’est déjà raconté et projeté, également, avec Bernard Latarjet dans Pour une politique culturelle renouvelée (2022). Dans cet ouvrage, la plume est volontiers plus intime. Le récit d’une vie dédiée à l’art et à la culture s’ouvre ici sur le décès d’un père qui lui est resté étranger. De là, Jean-François Marguerin déroule la pelote de ses engagements multiples qui furent les siens. La vie politique croise une trajectoire intime et révèle les contours de ce que furent les grands idéaux de la démocratisation culturelle.

Au fil des pages, on s’interroge sur les « Mao » d’hier, la figure de Messine, on vit de l’intérieur les luttes indépendantistes en Nouvelle-Calédonie… Mais aussi l’aventure militante du théâtre d’improvisation au Théâtre-Tract qui fut le sien, les prémices de l’art en prison, la naissances des centres d’action culturelle – les futures scènes nationales – ou son expérience de directeur d’un centre culturel au Maroc au début des années 2000. On découvre alors par le menu la mécanique de l’état, ces moments de bascule, aussi, où le fonctionnaire risque gros pour provoquer une décision. Sous nos yeux se déploie une vie de militant, celle de la génération des pionniers de l’action culturelle, qui a posé les bases des politiques culturelles telles que nous les connaissons. On s’étonne de voir combien, en ces temps, « tout paraissait possible » et l’on s’amuse aussi du regard que porte un DRAC sur les acteurs culturels et les élus des régions dont il administre la culture. Un témoignage tout à la fois humain et politique.

Editions ArtsPo, coll. Le Temps qu’il fait, 400 pages, 19 euros.

Dans les coulisses de Réditec

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redites

Régis Vasseur, Jean-Jacques Monier et Joseph André

L’ouvrage retrace la trajectoire et les grandes actions mises en œuvre par Réditec, l’association professionnelle des responsables techniques du spectacle vivant, qui compte à ce jour quelque 400 adhérents. Pour cela, les trois coauteurs  ont à la fois fait appel à leurs propres souvenirs et aux témoignages de directrices et directeurs techniques. Ils ont aussi sollicité d’autres intervenants évoluant en marge de ces métiers, en observateurs attentifs ou en partenaires du quotidien : scénographes, architectes, ergonomes, sociologues, administrateurs, etc. Une mine d’informations sur le métier, son évolution et ses enjeux du moment.

Les Cahiers de Réditec, 296 pages, 15 euros. 

Les sorties culturelles des Français et leurs pratiques en ligne en 2023 : cinéma, concert et théâtre

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Couv Les sorties culturelles des Français

Léa Garcia, Anne Jonchery, Claire Thoumelin

Menée voici presque un an, à l’automne 2023, l’étude du ministère de la Culture révèle que, cette année-là, « plus de la moitié des Français sont allés au cinéma, près d’un quart ont assisté à un concert et un peu plus d’un sur dix à une représentation de théâtre ». On y apprend ou l’on y redécouvre que « les concerts attirent […] un jeune public, mais aussi les cadres et les plus diplômés. Les individus plus âgés, diplômés et urbains se rendent, plus que les autres, au théâtre. Près de quatre personnes sur dix n’ont quant à elles fréquenté ni cinéma, ni concert, ni théâtre en 2023 ». Dans ce document, on lit aussi que les principaux freins à ces pratiques culturelles sont « le prix des billets, le manque d’intérêt ou le fait de préférer consacrer son temps libre à autre chose », puis « la distance aux équipements, le fait d’éviter les lieux très fréquentés ou de ne pas s’y sentir à sa place ». On note aussi que d’autres freins affectent une partie des publics, comme « les difficultés à se déplacer, la dégradation de l’état de santé ou encore l’absence de personnes avec qui sortir ». Interrogées sur l’évolution récente de leurs pratiques culturelles in situ et en ligne, « quatre personnes sur dix ne constatent pas de changement, mais près de cinq sur dix déclarent sortir moins souvent qu’avant la crise sanitaire du Covid-19 ». Concernant le théâtre, les chercheurs du ministère de la Culture remarque que « 14 % de la population déclare être allée au théâtre au cours des douze derniers mois, la fréquence de sortie est moins soutenue que pour le cinéma et les concerts (6 % y sont allés une fois, 4 % deux fois et 4 % trois fois et plus) ».

Ministère de la Culture, coll. Culture Études, 48 pages, en téléchargement libre.

Les intermittents du spectacle, 35 ans de lutte

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Couv Les intermittents du spectacle

Serge Proust

Avec cet ouvrage, Serge Proust, maître de conférences émérite à l’université Jean-Monnet (Saint-Étienne), s’efforce « d’analyser les raisons pour lesquelles cette lutte connaît une telle pérennité, mobilise une diversité d’agents sociaux et recueille l’attention soutenue de nombreux médias ». De conflits en conquêtes, de remise en cause en affirmation d’un rôle pilier de la culture, l’auteur parcourt le régime de l’intermittence, « combinaison floue de rationalité instrumentale et d’engagement vocationnel total », qui implique « une lutte permanente » pour se maintenir. Pour cela, il a mené un long et patient travail d’enquête, commencé dans les années 1990, pour évoquer ces métiers, le capital culturel des intéressés, leur engagement dans la culture, mais aussi le déclassement social dont ils sont aujourd’hui l’objet.

Presse universitaires de Lyon, 288 pages, 22 euros.

Vers un nouveau référentiel du métier de DAC

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Couv Vers un nouveau référentiel du métier de DAC

Collectif

Après avoir amorcé une réflexion collective autour d’un « référentiel métier », la Fédération nationale des associations de directeurs et directrices des affaires culturelles (Fnadac) poursuit un long travail. Celui-ci a abouti à un ouvrage qui permet de faire le point sur un métier qui a profondément changé au cours de la dernière décennie. Entre transformations de la société, incidence des outils numériques, enjeux environnementaux, droits culturels et conséquences de la crise sanitaire, le périmètre de réflexion et d’action d’un DAC s’est considérablement élargi. La loi de modernisation de l’action publique territoriale et d’affirmation des métropoles (MAPTAM) et la loi portant sur la nouvelle organisation territoriale de la République (NOTRe), qui a maintenu la compétence partagée entre les différentes collectivités en matière culturelle, ont aussi façonné un nouvel environnement juridique. L’ouvrage ainsi réalisé présente donc le métier de DAC, en pose les enjeux, précise la relation aux élus, définit le cadre de l’action.

Éditions Weka, 78 pages, en téléchargement libre.

1982-2022, la Fête de la musique a 40 ans !

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Couv 1982-2022, la Fête de la musique a 40 ans

Agathe de Legge et Michel Kneubühler (coord.)

Ce document publié par le Comité d’histoire du ministère de la Culture rassemble les Actes des Rencontres du 16 juin 2022, à l’Opéra-Comique, à Paris, qui ont permis d’interroger les singularités d’un événement qui rayonne aujourd’hui sur les cinq continents et dans une centaine de pays. Trois chapitres structurent l’ouvrage : « Genèse et évolution de la Fête de la musique » ; « La Fête de la musique aujourd’hui, ici et ailleurs » ; « La Fête de la musique au miroir des pratiques musicales à l’ère numérique ». Des contributions de chercheurs (Jean-Pierre Saez, Maryvonne de Saint-Pulgent…) et d’acteurs culturels (Béatrice Macé, Jean-Philippe Thiellay), ainsi que de Jack Lang, viennent porter un regard sur quarante ans d’histoire. Ce livre offre également une riche iconographie, dont toutes les affiches officielles de la Fête de la musique.

Comité d’histoire du ministère de la Culture, La rumeur libre éditions, coll. Politiques culturelles et territoires, 200 pages, 15 euros.

Loisirs des villes, loisirs des champs

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Couv Loisirs des villes, loisirs des champs

Edwige Millery et Léa Garcia

En croisant l’enquête Pratiques culturelles, du DEPS avec la grille communale de densité, les autrices ont enquêté sur « une quinzaine de pratiques relevant des loisirs culturels (sorties au musée, au spectacle, en festival, à la bibliothèque ou encore au cinéma), médiatiques (écouter la radio, des podcasts ou regarder la télévision) et ordinaires (activités d’autoproduction comme bricoler, tricoter, jardiner ou cuisiner) ». On y apprend notamment que « la sortie au spectacle est un loisir urbain déterminé par le capital culturel plutôt que par un effet territorial ». À lire, donc.

DEPS – ministère de la Culture, coll. Culture études, 33 pages, en téléchargement libre.