« Nous voulons connecter davantage le festival à son territoire »

    Emmanuelle Durand et Vincent Anglade

    Les Nuits de Fourvière auront lieu du 30 mai au 25 juillet, principalement dans les amphithéâtres gallo-romains de la colline lyonnaise. Emmanuelle Durand et Vincent Anglade sont les nouveaux codirecteurs de ce festival pluridisciplinaire.

    Quels ont été les défis de cette passation entre Dominique Delorme, après vingt années de direction, et vous ?
    E. D. : C’est un festival particulier, avec ce marathon artistique de deux mois et un modèle économique assez unique. Sur un budget d’environ 12 millions d’euros, un quart provient d’une tutelle unique, la Métropole de Lyon, environ un quart vient des partenaires et mécènes et la moitié de la billetterie. Les marges dégagées par les concerts de musiques actuelles permettent de financer des créations en cirque, en danse ou en théâtre. Autre particularité : l’extérieur, nouveau pour nous, nous devons constamment tenir compte du risque météo.

    Quelles sont vos inflexions ?
    V. A. : Nous souhaitons connecter davantage le festival à son territoire en retrouvant le côté unique des propositions, mais en dehors des théâtres de Fourvière. La metteuse en scène québécoise Brigitte Poupart, qui n’était jamais venue en France, présentera un spectacle immersif au Pôle Pixel de Villeurbanne. Le skate, souvent présent devant l’Opéra de Lyon, y fera son entrée avec le spectacle Skatepark de la chorégraphe Mette Ingvartsen. La pré-ouverture du festival aura lieu à Vaulx-en-Velin avec la Compagnie XY, installée durant une semaine à la rencontre des habitants avant une représentation devant la mairie. Le musicien lyonnais Arandel s’y produira également, au Planétarium.
    E. D. : Nous voulons aller plus loin dans la transition écologique : nous finalisons le premier bilan carbone du festival, nous intégrons la convention des entreprises pour le climat et nous visons la certification ISO 20121.

    Et côté publics ?
    E. D. : Il est important d’ouvrir le plateau à des diversités de formes pour aller vers des spectateurs qui ne venaient pas aux Nuits de Fourvière. Nous proposons le Samedi des Nuits, une sorte de festival dans le festival, avec une soirée qui débutera dès 19 ou 20 heures. Avec, par exemple, le même soir, l’Impératrice, Kiddy Smile et Clara Ysé. Les Petites Nuits s’adressent au jeune public, en journée ou en début de soirée, avec Cheptel Aleïkoum ou la Compagnie Arcosm, avant les grandes formes du soir, et précédés d’ateliers. 
    Nous poursuivons le travail d’accessibilité aux personnes handicapée, avec, entre autres, deux spectacles estampillés Relax. L’hospitalité a aussi été repensée, avec une terrasse aménagée sur le site du théâtre de l’Odéon ou un partenariat avec deux chefs du Lyon Street Food.

    Les grands équilibres du festival sont-ils préservés ?
    V.A. : Tout à fait. Une soixantaine de propositions est programmée, dont une quinzaine de coproductions, créations ou premières. Près de 180 000 billets sont mis en vente pour 120 levers de rideau. 

    Propos recueillis par Nicolas Dambre

    En partenariat avec La Lettre du Spectacle n°556

    Légende photo : Emmanuelle Durand et Vincent Anglade

    Crédit photo : Ava du Parc