Théâtres privés : s’organiser et garder espoir

    Théâtre Mogador

    Après les « gilets jaunes » et les grèves, la fermeture des lieux publics place les théâtres privés dans une situation délicate. A la Huchette, théâtre de 90 places à Paris, le directeur, Franck Desmedt, prévoit une baisse de chiffre d’affaires de 100 000 euros avec il est vrai, moins de charges à payer. Début mars, déjà, les spectateurs avaient commencé à déserter les salles. Le Théâtre des Deux Ânes table sur une perte de 60 % à 70 % en mars. « On fait 1,2 million d’euros de chiffre d’affaires par an, on sera probablement à 400 000 cette année », estime son directeur Jacques Mailhot. Dans l’immédiat, les responsables de billetterie gèrent les nombreux appels et e-mails des spectateurs. « On rembourse mais on essaye surtout de reporter, prévient Franck Desmedt à la Huchette. On explique qu’on n’a pas une trésorerie énorme, les gens sont compréhensifs. »

    Le Mogador, l’un des plus grands théâtres privés avec 1 600 places, a annulé une dizaine de représentations de Ghost. Mais le travail continue jusqu’à nouvel ordre sur Le Roi Lion. « Assez incroyablement, on a une centaine de réservations par jour pour les représentations en septembre. Les gens gardent l’espoir. Et nos équipes techniques et artistiques continuent à travailler, en télétravail », assure Laurent Bentata, directeur général de Stage Entertainment. Pour autant, comme la plupart des théâtres, il sollicite des mesures de chômage partiel. Quid des intermittents ? « Selon nos juristes, l’intermittence serait prise en compte dans le chômage partiel », espère Laurent Bentata.

    Le Théâtre des Salinières à Bordeaux travaille, lui, avec 45 comédiens intermittents sur ses différents spectacles à l’année. Son directeur espère honorer ses contrats. « On va protéger au maximum nos personnels si les aides promises sont effectives », affirme le directeur Frédéric Bouchet. Au Mogador, on veut rester optimiste : « Dans les différentes crises qui ont marqué le monde, il y a eu un fort engouement ensuite, avec le besoin d’extérioriser et de sortir. Restons positif même si aujourd’hui, on fait le dos rond. » Même son de cloche à La Huchette qui depuis 62 ans joue La Cantatrice chauve et La Leçon d’Ionesco : « Ce théâtre a connu dix présidents, Mai-68. C’est l’un des derniers à avoir une troupe permanente : la Huchette n’est pas menacé ! » 

    David Prochasson

    En partenariat avec La Lettre du Spectacle n°468

    Légende photo : Le Théâtre Mogador, à Paris

    Crédit photo : D. R.