Perte d’activité : les musiciens premiers touchés

    Yonatan Gat

    La cérémonie des Victoires de la musique a offert une courte fenêtre médiatique à la fédération CGT-Spectacle pour attirer l’attention sur la situation des musiciennes et musiciens, première catégorie d’artistes impactée par la crise sanitaire. Le Syndicat national des artistes musiciens fait référence à une note interne de l’Unedic datée du 10 février. Elle établit que, de janvier à octobre 2020, leur activité a chuté de 40 % par rapport à la même période 2019. Dans le secteur dramatique, la baisse est de 30 %. Chez les intermittents techniciens, ce sont les métiers du plateau, machinerie et lumière qui pâtissent le plus de la situation, avec presque 50 % de baisse d’activité. La période concernée inclut les mois d’avant le confinement, ainsi que l’été au cours duquel des intermittents ont pu travailler.

    La situation n’a fait que s’aggraver depuis la fin octobre. « Notre souci, c’est l’inaction du ministère et du Centre national de la musique, s’insurge Philippe Gautier, secrétaire général du SNAM-CGT. Le ministère de la Culture s’occupe des équipes suivies par les DRAC et le CNM d’abord des entreprises. Personne ne s’intéresse aux musiciennes et musiciens. Rien ne bouge. Nous sommes toujours en contact avec le ministère où l’on nous dit qu’il y a toujours des arbitrages à attendre. » Tandis que les musiciens permanents des orchestres classiques multiplient les interventions dans les établissements scolaires, les musiciens isolés ne débénficient d’aucun dispositif financier pour financer des heures de travail. La CGT réclame un fonds de soutien à l’emploi.

    Un autre motif d’inquiétude concerne la mission confiée par le ministère à André Gauron sur l’année blanche des intermittents du spectacle. La ministre invite le conseiller maître à la Cour des comptes à différencier les situations des intermittents selon les secteurs d’activité (audiovisuel/spectacle vivant, artistes/techniciens par métier) « pour ajuster le dispositif actuel en fonction de cette analyse » et « dégager des pistes de réponses ciblées ». Philippe Gautier proteste : « Ce traitement au cas par cas, ce n’est pas possible, comme ce n’est pas supportable de lire ce mensonge à propos d’une année blanche qui aurait coûté 950 millions d’euros. » Au-delà de la prolongation générale des allocations chômage lors du confinement de printemps, une partie des intermittents du spectacle aurait de toute façon pu être indemnisée même sans le dispositif d’année blanche.

    Yves Perennou

    En partenariat avec La Lettre du Spectacle n°488

    Légende photo : Yonatan Gat

    Crédit photo : Eric Deguin