Off : des lieux en détresse économique

    avignon off

    L’annulation du Off d’Avignon, annoncée le 16 avril, fragilise de nombreux lieux de la cité des Papes. Le Théâtre Artéphile chiffre déjà ses pertes à 70 000 euros, celui des Lucioles à 100 000, sans les salaires de ses deux directeurs, Ghislaine et Patrick Journaut. Ce dernier confie : « Nous avons remboursé les acomptes des compagnies qui étaient programmées et gardé les avances de celles qui souhaitent jouer à l’été 2021. C’est une catastrophe économique pour nous, car nous louons notre théâtre 50 000 euros par an et nous remboursons des emprunts. Un prêt bancaire à 0 % ne ferait que reporter nos dettes, sans compter qu’il coûte 0,25 % plus une assurance et que le taux n’est pas fixé pour le années suivantes. » Le Théâtre Artéphile, lui, ne pourra pas solliciter de banques car il n’a pas dégagé de bénéfices. « Nous compenserons sur nos deniers personnels. Quant à une éventuelle annulation des charges et impôts directs, comme aucun contrat n’est signé, cela n’aurait aucune incidence pour nous », constate Alexandre Mange, son directeur.

    Parmi les 140 théâtres, beaucoup espèrent – sans trop y croire – la création du fonds d’urgence, réclamé par le Off. Au théâtre du Verbe fou, la directrice Fabienne Govaerts appelle aux dons via la plateforme Helloasso : « Le Verbe Fou ne peut malheureusement bénéficier d’aucune des aides proposées par l’état car il n’entre dans aucune des catégories visées par les décrets actuels », regrette-t-elle. Si la plupart des compagnies programmées en 2020 sont prioritaires dans les programmations 2021, y aura t-il besoin d’effectuer un travail de programmation ? « Cela va limiter les créneaux pour d’autres artistes. Il faudra sans doute innover pour répondre à toutes les demandes », analyse Charles Petit, administrateur du Théâtre du Train Bleu.

    Il ajoute : « Nous assumons seuls les remboursements des acomptes d’un tiers aux 25 compagnies programmées, elles avaient déjà vu leurs représentations supprimées au printemps. Quant à la trésorerie, l’avenir du Train Bleu dépendra surtout de l’attitude des banques. » Au-delà des compagnies, cette annulation touche les salariés en CDD de ces théâtres, près de 30 pour le Train Bleu, une quinzaine pour Artéphile. Les équipes de billetterie, de restauration, les ouvreurs et les attachés de presse ne seront pas engagés et ne toucheront donc aucun salaire.

    Nicolas Dambre

    En partenariat avec La Lettre du Spectacle n°470 bis

    Crédit photo : Eric Deguin