
L’annonce de la nomination de Jann Gallois, Dominique Hervieu, Pierre Martinez et Hofesh Shechter à la direction de l’Agora - Cité internationale de la danse, le 10 avril n’a pas été une réelle surprise tant étaient convaincantes les personnalités de ce quadrige.
L’essentiel reste à faire tant la fusion du Centre chorégraphique national de Montpellier et du festival Montpellier Danse s’annonce complexe. Dès le choix du nom cela se corse, car nul ne sait encore comment appeler la nouvelle entité : le communiqué du ministère de la Culture désigne « l’Agora, Cité internationale de la danse dotée du label Centre chorégraphique national (CCN) », ce qui n’est pas le plus simple.
Quel montage ?
Pour y voir plus clair, il va falloir attendre le montage juridique puisque, seules certitudes, il doit s’agir d’une association loi 1901 reprenant les actifs et tous les contrats (et salariés) des deux associations préexistantes (CCN et festival. Depuis deux mois, Thierry Tordjman est chargé d’une mission de management de transition et des projets circulent, dont les nommés ne s’offusquent guère, comme l’explique Pierre Martinez : « Il vaut mieux maintenant que tout ne soit pas entièrement bouclé avant que l’on puisse prendre la mesure de la réalité. » Pour les futurs directeurs, les choses sont plutôt claires. Tous seront salariés, en CDI, y compris Hofesh Shechter bien que le chorégraphe, basé à Londres, garde son activité personnelle. Sur un modèle qui est emprunté au collectif FAIR-E – qui dirige le CCN de Rennes –, Hofesh Shechter disposera d’un CDI de droit français à temps partiel (20 %). Jann Gallois mettra sa compagnie BurnOut en sommeil et ses contrats commenceront dès le 1er janvier 2026. Dominique Hervieu comme Pierre Martinez souhaiteraient, eux, être en poste en septembre ou octobre. Mais le travail d’ingénierie juridique imposera ses délais et les tutelles n’ont pas vraiment progressé sur ce sujet au cœur des préoccupations depuis l’origine du projet. Les quatre codirecteurs souhaitent être sur place pour la prochaine édition du festival (21 juin au 5 juillet 2025).
4 millions de budget
Cette quadridirection ne se traduira pas par un alourdissement des coûts salariaux puisqu’il s’agit de remplacer Christian Rizzo (CCN), Jean-Paul Montanari (Montpellier danse), mais aussi Rostan Chentouf, directeur délégué du CCN et Gisèle Depuccio, directrice adjointe du festival. Les deux chorégraphes codirecteurs réaliseront une création en alternance par an, celle de 2028 devrait échoir à Hofesh Shechter pour sa compagnie Shechter II dont la présence à Montpellier va être importante. Ses 13 jeunes danseurs (contrats de deux ans) vont être souvent dans les murs de l’Agora. Ils représentent l’un des trois volets de la dimension pédagogique, avec Exerce la formation supérieure en recherche chorégraphique (créée en 2001 avec l’Université Paul-Valéry Montpellier 3) mais aussi la nouvelle classe préparatoire permettant – sur le modèle de L’Atlantique Ballet Contemporain animé par la compagnie Sine Qua Non Art à La Rochelle – à des danseurs n’ayant pas suivi les parcours reconnus d’intégrer le master.
Si le budget est important (près de 4 millions d’euros) et l’adresse prestigieuse, les missions et les enjeux, immenses, n’ont guère été clarifiés. En somme, tout reste à faire.
Philippe Verrièle
En partenariat avec La Lettre du Spectacle n°580
Légende photo : L’Agora - Cité internationale de la danse
Crédit photo : D. R.