« Moins de compagnies sous-entend une véritable casse sociale »

    Marion Gauvent et Véronique Felenbok

    Marion Gauvent et Véronique Felenbok, coprésidentes de Lapas reviennent sur l’étude révélée fin mars qui montre un effondrement de la diffusion à venir.

    Votre enquête fait état d’une baisse très significative  de la diffusion pour la saison prochaine et d’inquiétudes  des artistes et professionnels de l’administration des compagnies pour l’avenir de leurs métiers. Les faits sont-ils déjà très clairement à l’œuvre ? 
    Marion Gauvent : Nous ne sommes pas « inquiets d’une situation à venir ». Nous vivons déjà les deux pieds dedans. Nous sommes dans la situation.
    Véronique Felenbok : Les résultats de l’enquête sont assez significatifs puisqu’elle a été renseignée par près de 170 administrateurs et administratrices de compagnies, chargés et chargées de production et de diffusion, sur 270 adhérents et adhérentes. Comme la plupart travaillent pour plusieurs compagnies, au total, cette enquête permet de dresser des perspectives sur un échantillon de plus de 1 000 compagnies. Ce constat, nous le faisons nous-même dans notre métier. En tant qu’administratrice de compagnie, je suis contactée par énormément de compagnies, même de très importantes, dont la diffusion sera en berne la saison prochaine. Et je dois refuser car je ne suis pas en capacité de prendre de nouveaux accompagnements.
    Marion Gauvent : Nous avons besoin de nous parler car plus qu’une crise, c’est un nouveau paradigme qui s’annonce, vers lequel le gouvernement nous amène. Et s’il y a moins de compagnies, cela sous-entend une véritable casse sociale dans tous les métiers du spectacle vivant.

    Quels sont les retours ?
    Marion Gauvent :
    Nous avons envoyé un communiqué reprenant les principaux chiffres issus de l’enquête aux syndicats et associations de lieux labellisés, notamment, afin de poser un constat concret et d’échanger ensemble. Cette semaine (mi-avril) nous avons plusieurs réunions, comme avec le Syndeac et le Synavi. Nous avons aussi rendez-vous avec la Direction générale de la création artistique (DGCA), que nous avions déjà sollicitée l’an dernier suite à la lettre ouverte que Lapas avait réalisée. 

    Qu’en attendez-vous ?
    Marion Gauvent :
    Nous espérons un rapprochement entre acteurs du spectacle vivant. Nous sommes dépendants les uns des autres. Lorsqu’il y a des coupes à un niveau, cela se répercute ailleurs.
    Véronique Felenbok : Les acteurs du secteur ont parfois l’impression que leurs intérêts sont divergents, qu’ils soient créateurs, producteurs, diffuseurs… alors qu’ils sont convergents. Si un nombre important de compagnies disparaît, les structures de diffusion seront les premières à regretter de voir leurs capacités de choix s’amoindrir.  

    Propos recueillis par Tiphaine Le Roy

    En partenariat avec La Lettre du spectacle n°559

    Légende photo : Marion Gauvent (à dr.) et Véronique Felenbok (à g.)

    Crédit photo : D. R. / Julien Pebrel