Festival Opéra mon amour : « une programmation lyrique mais une ambiance de musiques actuelles »

    Charlotte Goupille-Lebret

    Charlotte Goupille-Lebret, régisseuse de production et créatrice du podcast « Opéra mon amour », lance un festival lyrique du même nom (du 7 au 9 août 2026) dans le petit village de Villeberny (Côte-d’Or), pour y présenter de nouveaux formats. 

    Pourquoi votre podcast « Opéra mon amour » devient-il un festival ?
    Il y a 4 ans j’ai commencé ce podcast, qui rassemble aujourd’hui une grande communauté de gens qui travaillent dans le milieu du spectacle vivant, des techniciens, des artistes… Et pas mal de jeunes animés de la même ambition de démocratiser la musique classique, l’art lyrique et de montrer que cela peut être drôle, détendu, surprenant. Avec ce festival, nous souhaitons donner un espace et une scène à tous ces gens et à cette vision.

    Pourquoi avez-vous choisi Villeberny ?
    Nous organisons ce festival avec Coline Infante, soprano et médiatrice culturelle (notamment à la Philharmonie de Paris), et Aristide Bordet, régisseur général de théâtre et de musique, qui lui est originaire de ce village de 90 habitants en pleine campagne, en Bourgogne. Le village est petit, mais il se situe dans une communauté de communes qui travaille la question de l’accès à la culture et finance de nombreux projets avec les jeunes. Dans ce festival, nous voulons que personne ne soit oublié, et qu’il y ait une grosse réflexion sur la médiation culturelle. Mais nous espérons attirer largement au-delà de ce territoire, car ça n’existe pas un festival lyrique axé sur des formats décalés comme nous le proposons. Ma communauté sur les réseaux sociaux est déjà prête à venir, à aider, à se produire…

    Quels sont vos ressources ?
    Nous avons commencé avec des dons de particuliers (helloasso.com/ associations/opera-mon-amour/), nous recherchons aussi du mécénat d’entreprises, nous sommes en lien avec la communauté de communes, le département et nous avons répondu plusieurs appels à projets de fondations. Par ailleurs, nous espérons être suivis par des partenaires comme Audiens, l’Afdas, Thalie Santé, car nous allons mettre en relation notre communauté, constituée de jeunes professionnels qui démarrent dans le spectacle vivant, avec des partenaires afin qu’ils s’informent davantage sur leurs carrières, les aides qu’ils peuvent avoir, etc. Ce sera aussi un rendez-vous professionnel.

    Quel sera votre budget pour cette première édition ?
    Opéra mon amour aura lieu sur trois jours, du 7 au 9 août 2026. Notre ambition est de finaliser un budget entre 30 000 et 40 000 euros, mais avec des paliers qui nous permettront, par exemple, d’assurer dès 5 000 euros, au moins une journée de festival. Notre idée est d’être très impliqués sur le territoire, de faire avec les gens qui sont là, de s’intégrer localement aussi avec les entreprises, et de faire des actions de médiation toute l’année. Notre équipe sera accompagnée par cinq étudiantes du master Management du tourisme et de la culture de l’université de Bourgogne à Dijon, qui vont travailler sur le mécénat. Et puis, les habitants de Villeberny sont déjà parmi les bénévoles. 

    Et la singularité de ce festival ?
    C’est une histoire de formats. J’ai envie que ce soit l’ambiance d’un festival de musiques actuelles, mais sur une programmation lyrique. On pourra boire une bière en regardant un opéra sur un écran géant, chanter un opéra en karaoké, il y a aura une programmation jeune public pour les familles, des programmations plus cools et modulables. Loin du concert lyrique où on écoute assis en rang. L’opéra a toujours été quelque chose de populaire, mais depuis une cinquantaine d’années nous avons un peu oublié ça. Et je trouve que cela doit se partager de manière plus informelle. Et c’est très chouette de réfléchir à des formats différents, plus détendus, de vivre quelque chose de plus immersif. C’est toute l’idée de mon podcast, qui est de montrer qu’il y a plein d’angles d’approche de l’opéra différents et singuliers, et notamment en mélangeant les arts les uns avec les autres, comme des reprises rock d’opéras classiques. 

    Propos recueillis par Jérôme Vallette

    En partenariat avec La Lettre du Spectacle n°591

    Crédit photo : D. R.