
Des parlementaires et maires de grandes villes viennent d’écrire aux ministres de la Santé, de la Transition écologique et de la Culture pour demander un moratoire sur le décret « son » qui vise à limiter les niveaux sonores des spectacles, notamment en plein air. « S’il est basé sur des ambitions vertueuses auxquelles nous souscrivons [ce décret] s’avère aller trop loin dans les restrictions sonores », assurent ces quinze grands élus. « Les valeurs limites stipulées rendent le décret inapplicable pour les spectacles et festivals en plein air ». Et les élus de reprendre les mots de la filière : « Cette réglementation fragilise donc gravement l’exercice même de certaines pratiques musicales, et menace plus largement la tenue de tout événement en extérieur sur l’ensemble du territoire que ce soit dans les grandes agglomérations ou les territoires ruraux. » Pour Ekhoscènes, ou encore le Syndicat de musiques actuelles, il devient d’autant plus urgent que la saison des festivals a débuté.
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Le moratoire, espèrent-ils, pourrait s’appliquer pour l’été, afin de trouver calmement des conditions d’amélioration du décret. Au Printemps de Bourges, Rachida Dati avait annoncé qu’« une nouvelle étape importante sera franchie à la fin du mois d’avril [avec la réunion] des ministères concernés pour s’accorder sur un assouplissement de la réglementation, en particulier sur les niveaux d’émergence ».
Dans leur courrier, les élus rappellent tout le travail de la filière déjà réalisé en vue de la future application de la loi en 2023. Ainsi, l’association Agi-Son a patiemment testé l’application technique du décret, sur le terrain, avec une expérimentation de grande ampleur lors du festival Marsatac (Marseille). Mais les résultats constatés montrent « l’inapplicabilité du décret et de son arrêté, malgré la mise en œuvre de nombreuses mesures préventives techniques ».
En réponse, le gouvernement vient d’annoncer la création d’un « groupe de travail technique avec les professionnels concernés », placé sous l’égide du ministère de la Culture, et chargé « d’identifier d’ici le 31 octobre prochain des propositions alternatives » afin de trouver des dispositions « techniquement plus facilement applicables. »
Jérôme Vallette
En partenariat avec La Lettre du spectacle n°584
Légende photo : Sleaford Mods au festival Levitation 2024 (Angers)
Crédit photo : Eric Deguin