Contrats aidés : les compagnies fragilisées

    Carine Kermin

    La suppression temporaire l’été dernier des contrats aidés a plongé les compagnies dans de nouvelles difficultés.

    A l’été 2017, le gouvernement annonçait la fin des contrats aidés de type CUI-CAE, contraignant ainsi nombre de compagnies à annuler le renouvellement de certaines missions ou à renoncer à des embauches. Si la mobilisation qui s’ensuivit permit la réapparition à compter de janvier 2018 des CUI-CAE, ceux-ci sont désormais inscrits dans un Parcours emploi compétences et surtout pâtissent d’une baisse de l’aide accordée par l’État. «Ils sont soutenus à 60% contre jusqu’à 90% auparavant, mais avec la même obligation de formation pour l’employeur», explique Sylvain Wallez, codirecteur artistique de la Compagnie Les 3 T (Angers). De juillet à la fin 2017, la disparition de ces contrats a eu des répercussions immédiates sur l’activité des compagnies. Au sein de PaQ’la lune (Nantes), où les CUI-CAE avaient autorisé la création d’emplois d’intervenants artistiques sur le temps périscolaire, leur diminution s’est avérée drastique : du jour au lendemain, la compagnie est passée de six animateurs à trois, alors qu’en vue de la rentrée scolaire de nouvelles embauches étaient nécessaires. «Nous avons dû refuser la mise en place d’ateliers de sensibilisation dans les écoles et supprimer une intervention sur les trois assurées chaque semaine dans les quartiers Politique de la ville», précise le directeur artistique de la compagnie, Christophe Chauvet. Le tout s’est soldé par une baisse de ressources et un surcroît de travail pour les permanents de l’association jusqu’à la réactivation des contrats début 2018. Pour des compagnies moins structurées, la situation est plus préoccupante, d’une part parce que les CUI-CAE concernent souvent des postes-clés (administration, production, diffusion) et, d’autre part, parce que la nouvelle réglementation préconise la présence d’un salarié en CDI pour recruter du personnel en contrats aidé. «Or, fait valoir Christophe Chauvet, les associations comptent très peu de salariés, et dans le spectacle 95% d’entre eux sont des intermittents, non en capacité d’exercer le tutorat requis, ce qui les exclut de facto du dispositif

    […] Lire La suite dans La Scène n°90 – Automne 2018.

    Marie-Agnès Joubert

    Légende photo : Carine Kermin, directrice artistique de la Compagnie Mastoc Production : «Si nous tournons moins, nous nous mettrons dans le rouge

    Crédit photo : Philippe Mèmeteau