La Comédie-Française et l’ONP défendent leur régime spécial

    Opéra Garnier

    Les contours de la réforme des retraites ne sont pas arrêtés mais, à quelques jours de la mobilisation du 5 décembre, une chose est sûre, le gouvernement veut en finir avec les régimes spéciaux. Sont concernés, à l’instar d’autres corps de métier, les salariés de l’Opéra national de Paris (ONP) et de la Comédie-Française. L’ONP compte 1 847 cotisants pour 1 796 retraités et le Français, 347 cotisants pour 421 bénéficiaires. Des régimes financés en partie par le ministère de la Culture qui attribue une subvention pour charge de service public à hauteur de 18 millions d’euros chaque année sur ses crédits à la création. Le projet de loi de finances 2020 prévoit ainsi 14,4 millions d’euros pour l’Opéra de Paris et 3,5 millions pour la Comédie-Française. Particularité de ces régimes, réformés à maintes reprises, en 2003, 2008 et 2010, pour les rapprocher du régime général ? La possibilité, notamment, d’anticiper le départ à la retraite.

    A l’Opéra, l’âge légal varie de 40 à 60 ans selon la catégorie socio-professionnelle. à la Comédie-Française, les personnels techniques peuvent ouvrir leur droit à partir de 57 ans. « Ces régimes ont été créés pour rendre attractive la fonction publique, aux salaires moindres que dans le privé. Ils sont une compensation différée qu’on veut retirer aux salariés en diminuant de manière importante les pensions », considère Frédéric Hebras, délégué CGT à l’ONP. Et si les danseurs, contrairement à ceux des autres maisons françaises, peuvent partir à 40 ans, c’est aussi, pour lui, un gage d’excellence. « Ces artistes représentent la France à l’étranger, c’est le meilleur ballet du monde, on ne peut pas les faire danser jusqu’à 65 ans, ça n’a pas de sens. »

    Alexandre Gigli, délégué CFDT, syndicat majoritaire de la Comédie-Française, réfute, lui aussi, l’idée d’un avantage. « Ce sont des mesures compensatrices liées aux spécificités de la Comédie-Française, soumise à l’alternance. à la salle Richelieu, on a fait 371 représentations en 2018. Je travaille une semaine 25h et une autre 45h, ça fait 20 ans que je n’ai pas passé un week-end chez moi et bénéficié d’un jour férié. Et nos salaires ne suivent pas. Cette année, la négociation des organisations syndicales a abouti à une augmentation de seulement 0,68 %. »

    David Prochasson 

    En partenariat avec La Lettre du Spectacle n°461

    Légende photo : la grande salle de l'Opéra Garnier

    Crédit photo : Jean-Pierre Delagarde