Budgets culturels : la Fnadac craint l’onde de choc

    Christophe Bennet

    De bonnes intentions qui peinent à se traduire en crédits. Tel est l’enseignement de l’enquête flash que publie la Fédération nationale des directeurs d’affaires culturelles (Fnadac). 150 DAC ont répondu à 7 questions. 14 % des collectivités seulement ont voté une hausse des budgets culturels cette année. Or, les Régions et Départements qui sont en période préélectorale occupent une bonne place dans cette minorité. « La tendance est à la baisse du côté des villes », confirme Christophe Bennet, président de la Fnadac et directeur de la culture et du patrimoine de Cergy. Il souligne des risques de décalage entre l’affichage et la réalité, « entre le budget prévisionnel et le budget qui sera réalisé à l’aune d’une situation en 2021 comparable à celle de l’an passé. » Or la non consommation des crédits est une incitation à la baisse des budgets futurs. L’inquiétude porte donc à ses yeux sur 2022, quand les collectivités feront face à la crise sociale, tout en ayant perdu la bienveillance de l’état sur la limitation de leurs dépenses.

    L’étude confirme qu’une majorité de collectivités n’a pas fait jouer le principe de solidarité en payant les cessions annulées et les subventions. 55 % des DAC interrogés estiment que le soutien au secteur culturel par leur collectivité a été minimal voire insuffisant. « Peut-être qu’il y avait des besoins ailleurs, et qu’il y avait un manque à gagner de recettes fiscales, convient Christophe Bennet. 80% des maires se disent solidaires. Mais certains ont choisi d’indemniser totalement, d’autres à 50 %, d’autres non. Certains se sont engagés à donner à travailler aux artistes et techniciens du spectacle, autrement que sur les actions annulées. » Pour y remédier, Christophe Bennet ne voit guère d’autres solutions qu’une concertation dynamique entre collectivités sur les questions culturelles : « Parfois les élus, même militants, vont préférer privilégier les structures de proximité plus que soutenir des opérateurs culturels nationaux dont ils considèrent qu’eux sont aidés par l’état. Pire, parfois, comme ils voient que l’état, la Région ou le Département donnent davantage à cause de la crise, ils se disent qu’ils peuvent utiliser ces fonds pour d’autres choses. »

    Yves Perennou  

    En partenariat avec La Lettre du Spectacle n°491

    Légende photo : Christophe Bennet

    Crédit photo : D. R.