Budget 2026 : création et éducation à la culture sérieusement impactées

    assemblée nationale

    Si les débats sur le projet de loi de finances pour 2026 vont à leur terme, le ministère de la Culture connaîtra un budget nettement en baisse par rapport à 2024. Le programme 131 perdrait 34 millions d’euros. L’EAC chuterait de 13 %.

    Dans la copie du gouvernement, la Rue de Valois disposera de 3,75 milliards d’euros de crédits de paiement contre 3,92 milliards en 2024, soit une baisse de 4,3 %. C’est ce à quoi s’attendaient les organisations professionnelles, les plafonds de crédits ayant été révélés au cours de l’été.

    Fortunes diverses
    Au sein de la Rue de Valois, les fortunes sont diverses. Le secteur de la création (Programme 131) perd même 34 millions d’euros, soit -3,25 %. Dans les lignes de ce programme, -3,7 % pour le « soutien à la création, à la production et à la diffusion du spectacle vivant » et -7% pour le « soutien à l'emploi et structurations des professions. » Sur ce « 131 », si les dépenses de fonctionnement progressent de 3,25 %, celles d’investissement chutent de 15,6 %. Toutefois, « quand on voit ce que prennent les autres secteurs, 3,2 % de moins sur le programme 131 (Création), et 4,9 % sur le 361 (Transmission des savoirs et démocratisation de la culture), on se dit, fataliste, que ce n’est pas si mal », tempère gravement une experte des budgets. En effet, la seule mission Patrimoine perd 8,5 %. Et, mêmes réduits, les programmes de soutien se poursuivent. Mais la chute est dure pour le programme 361 « Transmission des savoirs et démocratisation de la culture » qui recule de 4,9 % en crédits de paiement. En son sein, la ligne « soutien à la démocratisation et à l'éducation artistique et culturelle » chute de 13 %. Une hécatombe ajoutée aux coupes des collectivités locales.

    Réformes douloureuses
    Dans ses objectifs, le ministère met en avant deux réformes. D’abord celle, épineuse, du Fonds national pour l’emploi dans le spectacle (Fonpeps) qui « est appelé à évoluer pour concilier les objectifs de soutien et d’insertion dans l’emploi avec les impératifs de soutenabilité financière ». Mais dans les comptes, le budget réserve seulement 35 millions d’euros à ce guichet d’aides à l’emploi, alors que, sous sa forme actuelle, il en consomme entre 55 millions et 60 millions d’euros. Le décret exposant ses nouveaux mécanismes n’est pas encore révélé, mais cette somme augure une réduction de la voilure redoutée par les professionnels. Dans le programme 361, nous vous l’avions annoncé (La Lettre du spectacle, le 17 octobre), la SAS Pass Culture devient un opérateur le 1er janvier. Du côté de ses moyens, la voilure est considérablement réduite : elle passe de 210 millions d’euros en 2025 à 127,5 millions pour la part individuelle. La part collective (ministère de l’Éducation nationale) passe à 61,8 millions d’euros contre 72 millions prévus en 2025, réduits à 65,2 millions en cours d’année. Reste « la consolidation » du plan Mieux produire, mieux diffuser (MPMD), qui se manifeste par 15 millions d’euros inscrits contre 9 millions en 2024 et 12 millions disponibles en 2025.

    Opérateurs à la diète
    Si le ministère assure qu’avec plus de 364,5 millions d’euros « les moyens des opérateurs nationaux de la création restent confortés en 2026, notamment pour assurer la préservation des marges artistiques », certains sont mis à contribution, comme le Centre national de la musique (lire page 2) qui perd 7 millions de subventions. Les dotations des opérateurs « sont en baisse de -2,08 millions d’euros » reconnaît cependant le ministère, qui les aussi réparties entre l’Opéra national de Paris (1 million d’euros), la Philharmonie de Paris (1 million d’euros), la Comédie-Française (750 000 euros), l’établissement public du Parc et de la Grande Halle de la Villette (500 000 euros) et le théâtre national de Chaillot  (150 000 euros). Deux hausses sont à observer, pour le Théâtre national de l’Odéon (600 000 euros) et celui de Strasbourg (220 000 euros). Au Parlement, les amendements sont déjà prêts à inverser la tendance particulièrement sur le Fonpeps et le CNM. Avant que la discussion ne se penche sur les dépenses afin de tenter de relever les fonds à la création.  

    Propos recueillis par Jérôme Vallette

    En partenariat avec La Lettre du Spectacle n°591

    Crédit photo : D. R.