Jean-François Marguerin
On connaît le haut fonctionnaire, en centrale comme en DRAC, qui a intégré le ministère de la Culture en 1983. Jean-François Marguerin s’est déjà raconté et projeté, également, avec Bernard Latarjet dans Pour une politique culturelle renouvelée (2022). Dans cet ouvrage, la plume est volontiers plus intime. Le récit d’une vie dédiée à l’art et à la culture s’ouvre ici sur le décès d’un père qui lui est resté étranger. De là, Jean-François Marguerin déroule la pelote de ses engagements multiples qui furent les siens. La vie politique croise une trajectoire intime et révèle les contours de ce que furent les grands idéaux de la démocratisation culturelle.
Au fil des pages, on s’interroge sur les « Mao » d’hier, la figure de Messine, on vit de l’intérieur les luttes indépendantistes en Nouvelle-Calédonie… Mais aussi l’aventure militante du théâtre d’improvisation au Théâtre-Tract qui fut le sien, les prémices de l’art en prison, la naissances des centres d’action culturelle – les futures scènes nationales – ou son expérience de directeur d’un centre culturel au Maroc au début des années 2000. On découvre alors par le menu la mécanique de l’état, ces moments de bascule, aussi, où le fonctionnaire risque gros pour provoquer une décision. Sous nos yeux se déploie une vie de militant, celle de la génération des pionniers de l’action culturelle, qui a posé les bases des politiques culturelles telles que nous les connaissons. On s’étonne de voir combien, en ces temps, « tout paraissait possible » et l’on s’amuse aussi du regard que porte un DRAC sur les acteurs culturels et les élus des régions dont il administre la culture. Un témoignage tout à la fois humain et politique.
Editions ArtsPo, coll. Le Temps qu’il fait, 400 pages, 19 euros.