Théâtre des Déchargeurs

    Rémi Prin et Emmanuelle Jauffret

    Après la liquidation, les salariés reprogramment la saison hors les murs

    Passée la stupeur de la liquidation du Théâtre des Déchargeurs (Paris), le 5 septembre, les salariés ont lancé la reprogrammation des spectacles en Île-de-France. Portée par Rémi Prin (programmateur) et Emmanuelle Jauffret (communication,) cette composition spontanée devient «Les Déchargeurs hors les murs», une “saison” qui s’affiche désormais sur son site. «Nous avons déjà reprogrammé 17 compagnies sur les 40 prévues», détaille Rémi Prin qui ne désespère pas de réussir. Les théâtres privés répondent à l’appel mais aussi les lieux parisiens subventionnés, représentés par Adrien le Van, directeur du Théâtre Paris-Villette. «Pour le moment, ce n’est pas à la hauteur des dates qu’elles devaient avoir chez nous. Mais on actualise tous les jours. J’essaie de coller à la ligne artistique des théâtres à qui je propose une pièce». Un travail de dentelle. «Preuve que c’est un excellent programmateur», sourit Ariane Dumont-Lewi qui a créé ici Le temps d’une triple-croche. «Ce qui nous a valu d’être repérés par La Manufacture et de jouer à Avignon, cet été. » Et la metteuse en scène de pointer le rôle de ce lieu d’émergence et des salariés. Les difficultés du théâtre révélées fin juillet ont pris de cours. Avec un business plan à cinq ans, il restait pourtant de quoi consolider ce lieu identifié qui avait trouvé son public d’amateurs et de professionnels, et les faveurs médiatiques.

    Liquidation trouble
    C’est en ce sens que l’équipe a repris la salle en 2021 derrière Adrien Grassard. Très discret depuis sa chute, c’est par communiqué qu’il assurait avoir «investi sans compter ». Prévenus par la bande avant leurs congés, les salariés contestent son attitude et sa version. D’autant qu’elle intervient sur fond de vente du lieu (que ne possédait pas la Sarl) au promoteur Holfim. La CGT y voit une manœuvre au bénéfice de la holding et de l’ex-directeur «dont on ne peut que supposer qu’il n’a pas accepté sans contrepartie que son bail soit amputé de 2 années». Holfim assure qu’il fera «tout pour qu’y soit maintenue une entreprise de spectacle. » Mais un théâtre ? Les salariés cherchent désormais un lieu pour perpétuer l’esprit des Déchargeurs.

    Jérôme Vallette

    En partenariat avec La Lettre du Spectacle n°544

    Légende photo :  Rémi Prin, programmateur et Emmanuelle Jauffret, responsable de la communication et de l’administration des Déchargeurs

    Crédit photo : Mélie Néel