Antoine Mory, du TNS au groupe Dumontet

    Antoine Mory

    Carrière. Antoine Mory, administrateur général du Théâtre national de Strasbourg (TNS) jusqu’à l’été dernier, rejoint le groupe Jean-Marc Dumontet Production comme directeur d’exploitation et de projets.

    Après Sciences Po, un master de droit public des affaires à Paris XI, l’ENA (2007-2009), 4 ans à la Cour des comptes et un poste dans un théâtre national, le jeune Antoine Mory aurait pu choisir la voie royale de l’administration culturelle publique. Son passage au privé est-il signe d’une négligence du ministère de la Culture à l’égard d’un cadre prometteur ? «Pas du tout, sourit-il. Je suis très heureux d’être ici et je reste en très bons termes avec le ministère

    Un choix positif donc qu’il défend d’abord par sa passion du théâtre. Car Antoine Mory rappelle discrètement qu’il a aussi été intermittent du spectacle, comme comédien et metteur en scène en compagnie. «C’est ce qui explique d’abord le passage de la Cour des comptes [où il était responsable du secteur culture en 2012] au TNS où j’ai pu mettre en pratique les leçons théoriques que la Cour m’avait enseignées, et être en contact avec les artistes et les élèves qui font la singularité de ce lieu magnifique. j’ai énormément apprécié de participer à leurs projets

    Antoine Mory assure qu’il ne s’est pas posé le problème de l’opposition public-privé. «Beaucoup de choses bougent, fait-il observer. Des théâtres nouveaux s’implantent à Paris et ailleurs, certains théâtres de communes passent en délégation de service public, la programmation de théâtres privés s’ouvre à des esthétiques du public... Il faut faire exister des œuvres indépendamment de leur contexte de production originel et les présenter à un public le plus large possible

    Chez Dumontet, Antoine Mory va travailler à des “outils de méthode” pour faciliter le travail transversal. Au fil des rachats de théâtres et des arrivées d’artistes en production (9 à ce jour), le groupe a en effet connu une croissance rapide. L’autre volet de sa mission est le développement de projets artistique. Il recevra les propositions «avec grand plaisir», assure-t-il. Conscient de représenter une génération trentenaire qui refuse d’opposer public et privé, il précise sa pensée : «Les quatre années au TNS m’ont fait toucher du doigt la singularité de l’intervention publique. Il faut avancer en respectant les identités de chacun. La création financée par la subvention est un système vertueux. Et il y a aussi des créations dans le secteur privé

    YVES PERENNOU

    (En partenariat avec La Lettre du Spectacle du 1er décembre 2017)

    Légende photo : Antoine Mory. Crédit photo : D. R.