Le soutien aux autrices dramatiques : l’exemple des Francophonies

    Penda Diouf et Émilie Monnet

    Penda Diouf, et Émilie Monnet. Deux voix, deux parcours accompagnés par les Francophonies – de l’écriture à la scène, témoignent du soutien précieux de ce festival pour les dramaturges. 

    Depuis plus de dix ans, il balise le chemin de Penda Diouf qui y a trouvé « un accompagnement attentif sur le long terme […], une grande fidélité aux auteur.ices ». Et « sa première expérience professionnelle » : en 2012, suite à une commande de la compagnie La Fédération, elle écrit Le Symbole, une pièce portée à la scène à Limoges en 2013. L’autrice franco-sénégalaise a joué tous les rôles aux Francophonies : spectatrice, autrice en résidence et, depuis deux ans, conseillère dramaturgique, suite à une proposition de Corinne Loisel, directrice de la Maison des auteur.ices. 
    Elle a pu accompagner Alexandra Guénin, dont le texte Bois Diable était mis en voix aux Zébrures du Printemps (du 19 au 24 mars 2024). Une édition où sa propre pièce, Noire comme l’or (2022), a été lue dans le cadre du dispositif «Passe-moi le texte». Un tremplin vers la scène ? « Peut-être que cela donnera envie à certain.es metteur.es en scène présent.es de la porter au plateau », précise Penda Diouf. Fidèle à sa volonté de soutenir un texte par-delà son éclosion, le festival programmera aux Zébrures d’automne une mise en scène, par Anthony Thibault, de sa pièce La Grande Ourse (2019), finaliste du Prix Sony Labou Tansi en 2022.

    « Terminer un texte »
    Quant à Émilie Monnet, montréalaise d’origine française et anichinabée, elle a été accueillie fin 2022 en résidence «Terminer un texte». Un programme dédié à l’accompagnement d’autrices francophones ayant un texte dramatique en cours, afin de leur « offrir une meilleure visibilité sur les scènes internationales », selon Corinne Loisel. L’autrice a postulé à un appel du festival, lancé en partenariat avec le CEAD (Centre d’auteurs dramatiques) à Montréal, et son texte Polyglotte a été retenu. Une chance unique : « Être immergée dans l’écriture pendant quatre semaines est très précieux », dit-elle, un temps long pour se consacrer à la naissance d’un projet tous frais couverts. Cette résidence offre en plus des ouvertures sur le territoire limousin, « pensées sur mesure d’après les envies de l’autrice et son projet d’écriture », précise Corinne Loisel. Elle a proposé à Émilie Monnet de rencontrer les membres du Syndicat de la Montagne limousine en charge de la forêt et son exploitation, une opportunité de « nourrir sa réflexion », avant une première mise en voix de Polyglotte. Par ailleurs, une discussion croisée avec sa sœur, Caroline Monnet, plasticienne exposée au Centre d’art de Vassivières (Limousin), a été organisée autour de leurs thématiques communes.

    Quoique leurs parcours aux Francophonies diffèrent, Penda Diouf et Émilie Monnet disent leur « attachement particulier » et leur « amour » de cette « pierre angulaire dans le milieu théâtral francophone ». Et Émilie Monnet d’ajouter son plaisir de frotter son écriture à « d’autres voix d’auteur.ices de pays colonisés », comme le sien.

    Hanna Laborde

    En partenariat avec La Lettre du Spectacle n°557

    Légende photo : Penda Diouf et Émilie Monnet

    Crédit photo : Christophe Péan / Christian Blais